
Cet été, Rachel Hussherr a séjourné dans la mer de Beaufort. Dans le cadre d’un contrat avec Pêches et Océans Canada, elle a fait de la prise de données pour une scientifique qui ne pouvait se rendre sur place. Dans ses travaux, Philippe Therrien explore la littérature apocryphe chrétienne.
— Valérie Cypihot et Sarah Therrien
«J'ai pris un très grand plaisir à participer à ce concours, raconte Philippe Therrien. Parler des Clémentines a été comme parler de mon livre préféré. Cela m'a plu de m'adresser au grand public. Ce fut un bon exercice intellectuel, qui force à choisir ce qui est le plus important.»
Dans son texte gagnant, ce passionné de l'époque gréco-romaine résume les travaux de recherche qu'il a menés à la maîtrise sur deux très anciens romans écrits dans les premiers siècles de notre ère. Appelées Clémentines, ces œuvres romanesques chrétiennes, rédigées en grec ancien, racontent un récit similaire, soit l'histoire d'un jeune Romain en proie à des questionnements existentiels. Ses réponses, il les trouve auprès de l'apôtre Pierre, qui en fait son disciple.
«Les deux romans mettent en scène des personnages du Nouveau Testament, mais le christianisme qui y est décrit est loin de ressembler à celui d'un écrit chrétien canonique, écrit Philippe Therrien dans le texte qui lui a mérité un prix. Jésus n'est pas un être divin. Moïse et Jésus ont la même importance et leurs enseignements ont une valeur équivalente dans le salut.» Selon lui, il est possible de rapprocher les Clémentines du gnosticisme. Ce courant religieux vise à recouvrer la condition divine perdue de l'être humain au moyen de la connaissance révélée par Jésus.
«Les Clémentines reflètent l'incroyable vitalité intellectuelle des premiers siècles chrétiens, affirme-t-il. Elles témoignent de l'existence, au 4e siècle, d'une diversité dans les croyances et les réflexions.»
Le nom de Rachel Hussherr est probablement familier aux lecteurs du Fil. Entre novembre 2015 et mai 2016, à l'occasion d'un stage en communication scientifique, cette étudiante à la maîtrise en biologie marine / océanographie a publié cinq articles dans les pages du journal de la communauté universitaire.
«Je sais depuis toujours que j'aime beaucoup écrire, indique-t-elle. Pour moi, cela restait plus un passe-temps et un plaisir. Mais un cours de communication scientifique à l'Université Laval, à la fin de mon baccalauréat, m'a fait prendre conscience que je pourrais peut-être en faire une partie de mon métier.»
Le texte que Rachel Hussherr a soumis au concours de l'Association francophone pour le savoir constitue une synthèse de ses travaux de recherche à la maîtrise. Ces travaux avaient pour toile de fond un gaz peu connu produit par le phytoplancton dans tous les océans, le diméthylsulfure (DMS). Le phytoplancton comprend l'ensemble des végétaux microscopiques vivant en suspension dans l'eau. Le DMS, lui, contribue à la formation des nuages. Il permet indirectement de diminuer la température de la Terre, les nuages ayant la capacité de renvoyer les rayons solaires vers l'espace.
Durant ses études de maîtrise, l'étudiante faisait partie du Laboratoire de biochimie océanique du professeur Maurice Levasseur, du Département de biologie de l'Université Laval. À l'été 2015, dans l'océan Arctique, des membres de ce laboratoire, dont Rachel Hussherr, ont conduit une expérience de 10 jours à bord du brise-glace scientifique NGCC Amundsen.
«Nous avons cherché à savoir si les changements de lumière dans l'eau, induits par le réchauffement planétaire, se combinent à l'acidification océanique pour influencer le développement du phytoplancton et celui du gaz DMS qu'il produit, écrit-elle dans son texte. De façon inattendue, cette étude a montré que les changements de lumière n'ont eu aucun effet sur le phytoplancton. Pourtant, la lumière est un élément essentiel de son développement. En revanche, l'acidification océanique a provoqué une diminution de DMS.»