
Le système d'oxygénothérapie automatisé ajuste en temps réel la quantité d'oxygène administrée à un patient en fonction de valeurs cibles d'oxygénation prescrites par un médecin. Ce système vise à remplacer le débitmètre à bille, une technologie inventée il y a plus d'un siècle, qui nécessite l'intervention régulière du personnel soignant.
— Maxime Dorman
Commercialisé sous le nom de FreeO2, ce système d'oxygénothérapie ajuste automatiquement et en temps réel la quantité d'oxygène administrée à un patient en fonction de valeurs cibles d'oxygénation prescrites par un médecin. Ce système vise à remplacer le débitmètre à bille, une technologie inventée il y a plus d'un siècle, qui nécessite l'intervention régulière du personnel soignant.
Les chercheurs de l'IUCPQ et leurs collaborateurs du Département d'économique de l'Université de Sherbrooke ont comparé l'efficacité et les coûts des deux méthodes chez 47 personnes hospitalisées en raison d'une exacerbation de leur maladie pulmonaire obstructive chronique (MPOC). La moitié des patients a été suivie à l'aide du débitmètre à bille et l'autre moitié avec le système FreeO2. Les données recueillies par les chercheurs montrent que, pendant le séjour à l'hôpital, les concentrations d'oxygène sont demeurées à l'intérieur de valeurs cibles 84% du temps chez les patients du groupe FreeO2 contre 48% du temps dans l'autre groupe. «Il est facile de comprendre qu'un manque d'oxygène est dangereux pour les patients, mais il existe maintenant de nombreuses études sur la toxicité de l'oxygène qui montrent que l'hyperoxie a des conséquences sérieuses allant jusqu'à une augmentation de la mortalité, souligne le professeur Lellouche. Il faut donc essayer de rester dans une zone cible d'oxygénation pour éviter l'hypoxémie et l'hyperoxie, ce qui est difficile à réaliser avec le réglage manuel, comme l'ont démontré de nombreuses études.»
Les coûts totaux pendant le séjour à l'hôpital et les 180 jours qui ont suivi, incluant les réhospitalisations, sont 21% plus bas dans le groupe FreeO2, soit une économie d'environ 3 000$ par patient, et ce, en tenant compte du coût d'achat du système d'oxygénothérapie automatisé. Environ 56% de ces économies sont attribuables au fait que la durée moyenne du séjour à l'hôpital passe de 8,4 à 5,8 jours chez les patients du groupe FreeO2. Le séjour plus long chez les patients suivis à l'aide d'un débitmètre est dû au fait que le sevrage de l'oxygène n'est pas réalisé de façon adéquate, explique François Lellouche. «Avec un débitmètre, les soignants préfèrent garder un peu plus d'oxygène pour éviter l'hypoxémie. Ce risque est moins présent avec le FreeO2 parce que l'appareil ajuste les débits toutes les secondes et «surveille» le patient en continu. Nos études montrent que, en plus du sevrage plus rapide, la fréquence des hypoxémies est grandement réduite avec l'ajustement continu par FreeO2.»
Le recours à l'oxygénothérapie automatisée ne vise pas uniquement les patients atteints de MPOC, précise le professeur Lellouche. «Les nouveau-nés prématurés et les patients ayant des atteintes vasculaires coronaires ou cérébrales peuvent aussi connaître des complications liées à l'hyperoxie. Dans un hôpital comme l'IUCPQ, de très nombreux patients, probablement une majorité, reçoivent de l'oxygène à un moment ou à un autre de leur hospitalisation.»
FreeO2 est commercialisé par OxyNov, une entreprise créée en 2009 par François Lellouche et son collègue Erwan L'Her, en partenariat avec l'Université Laval et l'IUCPQ. Grâce à des investisseurs qui ont engagé plus de 2 M$, la compagnie a entrepris la commercialisation de son produit sur le marché européen.
L'étude présentée à Washington a été réalisée par Thomas G. Poder et Christian R. C. Kouakou, de l'Université de Sherbrooke, et par Pierre‐Alexandre Bouchard, Véronique Tremblay, Sébastien Blais et François Lellouche, du Centre de recherche de l'IUCPQ.