
— Jessy Bernier / Icône
«L'émergence des nanosciences a permis aux scientifiques d'observer des systèmes mesurant aussi peu qu'un milliardième de mètre. Maintenant, nous pouvons étudier, contrôler et même créer des matériaux qui existent dans ces dimensions invisibles», précise Normand Voyer, professeur au Département de chimie, qui a collaboré à l'exposition avec trois autres professeurs du campus: Mario Leclerc et Jean-François Morin, également du Département de chimie, et Marc-André Fortin, du Département de génie des mines, de la métallurgie et des matériaux.
Le Québec se positionne comme chef de file de cette technologie récente, née au tournant des années 2000, et l'Université Laval est un acteur clé dans le domaine, affirme Normand Voyer. «Les recherches menées ici sont très variées. Elles touchent autant aux secteurs biomédical et optique qu'à celui des matériaux.»
Nouvellement observables pour les chercheurs, les nanostructures n'en sont pas moins à la base de plusieurs phénomènes naturels. Par exemple, ce sont des textures nanométriques sous les pattes des geckos qui permettent à ces lézards de marcher au plafond.
Dans ses travaux, le professeur Voyer s'intéresse à une molécule de taille nanométrique, qui existe à l'état naturel, et dont les propriétés permettent de transpercer la membrane d'une cellule. «Notre raisonnement, c'est qu'en mimant son mécanisme d'action, on arriverait à cibler et à détruire des cellules cancéreuses», explique le chercheur.
Parmi les membres de son équipe, Jean-Daniel Savoie a contribué, dans le cadre de sa maîtrise en chimie, à mieux comprendre le fonctionnement de la molécule en question. L'étudiant, qui s'intéresse particulièrement à la portée thérapeutique des nanotechnologies, est agréablement surpris de voir ses résultats de recherche exposés au Musée de la civilisation. «Je n'imaginais pas que c'était possible», avoue candidement celui qui apprécie que la population puisse accéder à de l'information bien vulgarisée sur ces découvertes de pointe.
D'autant plus que ces découvertes n'en sont qu'à leurs balbutiements. Dans un futur pas si lointain, emballages alimentaires intelligents, fibre optique ultra performante et nanorobots dirigés dans nos corps à des fins diagnostiques pourraient voir le jour. «C'est la pointe de l'iceberg, s'enthousiasme Normand Voyer. Énergie, communication, environnement, santé, on ne peut imaginer toutes les applications à venir des nanotechnologies, dont certaines semblent à la limite de la fiction.»
Le «nanomonde» a ceci de fascinant: à son échelle, la matière ne répond plus aux lois de la physique et de la chimie qui régissent notre réalité macroscopique. Elle réagit différemment. Par exemple, dans l'infiniment petit, la gravité terrestre est négligeable. Bref, les nanotechnologies convoquent une part d'inconnu. Pas étonnant qu'elles soulèvent tant les passions que les inquiétudes. Au cours de l'exposition, le visiteur est appelé à s'interroger grâce à un habile parcours qui défie les idées préconçues. «Bien sûr, les chercheurs aussi sont vigilants à ce sujet», assure Normand Voyer. D'ailleurs, ajoute-t-il, il existe sur le campus une juriste qui se penche sur ces questions. Membre associée de l'Institut d'éthique appliquée et professeure émérite à la Faculté de droit, Édith Deleury est aussi présidente de la Commission de l'éthique en science et en technologie. «Autrement dit, souligne le professeur Voyer, même sur le plan des pratiques qui entourent l'utilisation des nanotechnologies, l'Université Laval est à l'avant-garde.»
L'exposition Nanotechnologies: l'invisible révolution est présentée au Musée de la civilisation jusqu'au 2 avril 2017, grâce à la participation de PRIMA Québec et de ses partenaires. Des tarifs préférentiels sont offerts aux étudiants. Pour plus de renseignements: mcq.org.