
La MRC des Etchemins présente le pourcentage le plus élevé de résidents ayant une longue distance à parcourir pour atteindre un commerce qui correspond aux critères d'une offre alimentaire de qualité.
— David Noreau (cartographie)
«Dans notre étude, nous avons évalué l'offre alimentaire dans chacune des MRC afin de circonscrire les déserts alimentaires potentiels», indique David Noreau, l'un des auteurs de la recherche et finissant à la maîtrise en aménagement du territoire et développement régional (ATDR). Selon lui, l'étude a permis d'identifier des groupes de résidences qui se situent à plus de 16 kilomètres d'un point de vente offrant des aliments de qualité. Par aliments de qualité, on entend, entre autres choses, une abondance de fruits et de légumes frais. «Non seulement y a-t-il des endroits caractérisés par une faible accessibilité à une offre alimentaire de qualité, poursuit-il, mais ces résidences sont aussi localisées dans des communautés où une grande proportion de citoyens sont parmi les moins avantagés en matière d'emploi, de scolarisation et de revenus. Plusieurs résidents vivent donc une situation problématique.»
Il y a un an, David Noreau ainsi que Mathieu Duguay, Maurie Girard-Gadreau et Céline Oberlé terminaient leur essai-laboratoire en ATDR, un projet de recherche appliquée de niveau maîtrise mené durant deux sessions au sud de Québec, sur le bassin versant de la rivière Chaudière. L'automne dernier, tous les quatre recevaient le mandat de la Direction de santé publique de la région de la Chaudière-Appalaches d'approfondir leur recherche et de l'étendre à deux MRC voisines. Ils ont effectué leur travail sous la supervision du professeur Alexandre Lebel, de l'École supérieure d'aménagement du territoire et de développement régional.
Les quatre chercheurs ont évalué l'offre alimentaire dans les 156 points de vente en approvisionnement alimentaire du territoire, dont les épiceries et les dépanneurs. Ils ont vérifié la fraîcheur de dix aliments représentatifs d'une saine alimentation ainsi que leur prix. Un autre critère était la diversité à l'intérieur de chaque groupe alimentaire. On a également établi le rapport entre l'abondance des fruits et légumes et l'abondance des croustilles et boissons gazeuses. Les chercheurs ont ensuite cartographié les données relatives à l'offre alimentaire de chaque point de vente. À celles-ci, ils ont ajouté la localisation des résidences des quatre MRC, ainsi que le niveau de défavorisation des communautés locales.
Une situation particulière prévaut dans la MRC des Etchemins. Sur quelque 7 000 résidences, 40% sont situées à plus de 16 kilomètres de l'offre alimentaire de qualité. En outre, plus de 68% des résidences sont situées en milieu défavorisé. Selon David Noreau, le potentiel de déserts alimentaires est très élevé dans ce secteur. «Il s'agit d'un désert alimentaire typique, affirme-t-il. C'est une des MRC qui a soulevé le plus de questionnements et qui a été jugée la plus sensible.»
La MRC de Beauce-Sartigan comprend plus de 16 000 résidences et un pôle régional, Saint-Georges-de-Beauce, où l'offre alimentaire de qualité est abondante. Il reste que 19% des résidences de la MRC sont situées à plus de 16 kilomètres de tout commerce offrant des aliments de qualité. Près du tiers des résidences sont en milieu défavorisé. Des déserts alimentaires potentiels ont été identifiés. «On trouve, dans cette MRC, deux types de populations: celle autour de Saint-Georges et celle en milieu rural», souligne David Noreau.
Au cours de la recherche, certaines pistes d'intervention ont été avancées. L'une d'elles consiste à sensibiliser tous les citoyens à acheter leurs aliments de qualité dans les petites épiceries et dépanneurs de village. Une autre à impliquer des entreprises d'économie sociale ou collective. La livraison à des points de chute de produits alimentaires à prix modique a été évoquée. Ainsi que le développement de commerces ambulants.