
Exemple d'un système aquaponique en circuit fermé. Les effluents du bassin d'élevage des poissons servent à arroser le milieu de culture des plantes. Les racines retiennent les éléments nutritifs et l'eau est retournée au bassin.
— Ryan Somma
Valérie Gravel, du Département des sols et de génie agroalimentaire, Grant Vandenberg, du Département des sciences animales, et leurs collègues du Centre de recherche en horticulture et d'Agriculture et Agroalimentaire Canada, Martine Dorais et Dipa Dey, ont mesuré la réponse de tomates cultivées en serre à un arrosage bihebdomadaire effectué avec des eaux usées d'un élevage de truites arc-en-ciel. Fait à signaler, cet élevage était installé sur le campus, au Laboratoire de recherche en sciences aquatiques du pavillon Charles-Eugène-Marchand.
Les tests ont révélé que, grâce à cette eau riche en éléments nutritifs, la surface du feuillage, la biomasse des racines et la hauteur des plants de tomates augmentent respectivement de 31%, de 19% et de 6%. Plus encore, les microorganismes, qui pullulent dans ces eaux usées, semblent en mesure de contrer certains champignons pathogènes qui attaquent les tomates. La croissance des champignons P. ultimum et F. oxysporum a diminué de 100% et de 32% respectivement lors de tests in vitro effectués en présence d'effluents de pisciculture. L'établissement de ces champignons sur les racines des tomates a également diminué d'un facteur 6 pour P. ultimum et d'un facteur 2 pour F. oxysporum. «Les effluents de pisciculture stimulent la croissance des tomates et entravent la croissance de certains organismes pathogènes, résume Grant Vandenberg. Il s'agit donc d'une façon très intéressante de valoriser ces rejets et de régler un problème environnemental qui freine le développement de la pisciculture au Québec.»
Un système aquaponique bien conçu est un petit écosystème où l'eau, les nutriments et le dioxyde de carbone passent du bassin d'élevage aux serres plutôt que d'être rejetés dans la nature. «On peut intégrer les productions de poissons et de légumes sous un même toit ou les installer dans des bâtiments adjacents, explique le chercheur. Dans un système en circuit fermé, l'eau est recyclée et il devient alors très intéressant de la chauffer. La croissance des poissons est deux fois plus rapide lorsque l'eau est à 15 degrés plutôt qu'à 5 degrés Celsius.»