
L'enquête sur la violence dans les écoles québécoises a été réalisée auprès de 60 000 élèves du primaire et du secondaire, de 4 500 membres du personnel scolaire et de 310 directions d'établissement. Plus de 8 750 parents ont également été sondés.
Tels sont les premiers résultats d'une vaste enquête sur la violence dans les écoles québécoises réalisée auprès de 60 000 élèves du primaire et du secondaire, de 4 500 membres du personnel scolaire et de 310 directions d'établissement. Plus de 8 750 parents ont également été sondés. Claire Beaumont, titulaire de la Chaire de recherche sur la sécurité et la violence en milieu éducatif, et son équipe de recherche ont dévoilé ces conclusions lors du 5e Congrès biennal du Comité québécois pour les jeunes en difficulté de comportement (CQJDC) qui a eu lieu le 24 avril à Québec.
«Parmi les comportements à risque les plus fréquemment observés par les élèves et le personnel scolaire au primaire, il y a le vandalisme, indique Claire Beaumont. On a vu aussi des groupes d'élèves tenter d'imposer leurs règles aux autres et des parents causer des problèmes à l'école, une à deux fois par année. Au secondaire, le tiers des élèves et du personnel affirmait avoir aperçu une fois et plus par semaine des élèves se présenter à l'école après avoir consommé de l'alcool ou de la drogue.
Les élèves du primaire, plus souvent que ceux du secondaire, disaient avoir subi de façon occasionnelle (1 à 2 fois par année) différents types d'agression tels des insultes et des menaces, des coups, des vols, des messages humiliants sur Internet, etc. Par ailleurs, 20,6% des élèves au primaire et 16,5% au secondaire ont dit avoir subi des insultes et été traités de noms; 7% d'élèves au primaire et 6,4% d'élèves au secondaire ont reçu des surnoms à connotation sexuelle (ex.: fif, tapette, lesbienne, gouine, etc.) au moins deux à trois fois par mois et parfois plus d'une fois par semaine. Certains disaient avoir été bousculés intentionnellement (8% au primaire, 7% au secondaire) tandis que d'autres avaient été la cible de commérages visant à éloigner d'eux leurs amis (10,4% au primaire et 8,6% au secondaire). Enfin, 1,4% des élèves du primaire et 2, 3% de ceux du secondaire se disaient victimes à répétition de cyberintimidation.
«De 8% à 15% des élèves au primaire et de 8 à 20% au secondaire rapportent avoir été au moins une fois au cours de l'année la cible de sacres de la part d'un adulte de l'école, de regards méprisants, de propos humiliants ou encore ignorés par un adulte alors qu'ils se faisaient ridiculiser ou insulter», souligne Claire Beaumont. Les membres du personnel ne sont pas non plus à l'abri de comportements agressifs. Au primaire comme au secondaire, il leur arrive parfois d'être la cible d'insultes et de menaces de la part de parents d'élèves. L'enquête démontre également qu'une proportion importante des membres du personnel n'a reçu aucune formation universitaire ni de formation continue pour les aider à prévenir ou à gérer des situations de violence à l'école.
Si les statistiques de son étude illustrent un degré de violence certain, le phénomène n'est pas aussi présent que les médias le laissent parfois entendre, croit Claire Beaumont. «On ne doit pas oublier que la violence n'est pas spécifique à l'école, dit-elle. Beaucoup de choses sont mises sur le dos de l'école quand on parle de violence. Mais de la violence, il en existe aussi dans la famille de l'enfant et dans le quartier où il habite. Tout le monde a ses responsabilités là-dedans. L'école est située dans une communauté et ne peut pas, à elle seule, contribuer à diminuer la violence entre les élèves. Individuellement, comme adulte, il est aussi de notre devoir d'agir comme des guides et des modèles, et d'insister sur l'importance du respect.»
La Chaire de recherche sur la sécurité et la violence en milieu éducatif compte décortiquer encore davantage les données recueillies au cours des prochains mois afin de dresser un tableau encore plus précis de la violence dans les écoles primaires et secondaires du Québec.