![<p>Les répondants ont exprimé plusieurs points positifs liés à leur retour en emploi.</p>](https://assets.ulaval.omerloclients.com/31f226b458c64a335cb3f7c644dc7edfddce54b68e241a33d7900a06b3e833ad.gif??width=1024)
Les répondants ont exprimé plusieurs points positifs liés à leur retour en emploi.
«Après avoir subi le choc du suicide de leur enfant, la vie a dû continuer pour ces hommes, explique le travailleur social qui s’est intéressé au rôle de la reprise du travail dans le processus de deuil. Tous les répondants m’ont affirmé que le travail leur avait permis de reprendre contact avec la vraie vie, de se changer les idées, en somme de se connecter avec le vrai monde.»
Respecter le deuil
Par exemple, un homme a raconté que, s’il était difficile de parler de la mort de son fils à la maison en raison de la très grande émotivité de sa femme, il avait du moins l’occasion de le faire au bureau avec des personnes au travail. Des participants ont également affirmé qu’il existait au bureau deux catégories d’individus: ceux qui se sentaient à l’aise face à la personne endeuillée et les autres que la situation semblait embarrasser.
«Les participants estimaient que la personne idéale était celle qui faisait preuve d’ouverture tout en les respectant dans leur deuil, souligne Michel Drouin. D’autres rapportaient que le seul fait de savoir que des gens étaient disponibles pour les écouter leur faisait du bien.» Un des répondants a rapporté que, dans les jours ayant suivi le suicide de son beau-fils, ses collègues ont déposé une enveloppe à l’entrée des bureaux afin de recueillir des fonds pour la prévention du suicide. Une délicate attention interprétée comme une preuve de sympathie de la part de son milieu de travail.
Malgré le soutien des uns et des autres, le retour au travail n’a pas été facile pour les pères interrogés qui racontent avoir vécu toutes sortes de manifestations psychologiques et physiques comme une grande tristesse, de l’épuisement, de la fatigue, des maux de tête, des pertes de mémoire et des difficultés de concentration. Peu importe le métier exercé, tous ont remarqué une baisse de rendement et d’efficacité dans leurs tâches. Généralement, les six hommes n’ont pas ressenti de pression de la part de l’employeur sur le plan de la productivité, du moins pas au début. Toutefois, certains d’entre eux estiment que le deuil a influencé négativement le cours de leur carrière, parce qu’on les considérait comme «plus fragiles» ou «moins fiables».
«Ce qui peut s’avérer aidant pour une personne ne le sera pas nécessairement pour une autre, signale Michel Drouin. Cela dit, il faut continuer à explorer avec les endeuillés les coûts et les bénéfices potentiels liés à la reprise du travail et considérer que, contrairement à ce qui est beaucoup véhiculé dans les écrits scientifiques, les répondants ont exprimé plusieurs points positifs reliés à leur retour en emploi. On doit aussi combattre les tabous qui entourent la question du suicide et les deuils qui y sont associés, car ces malaises collectifs peuvent parfois compliquer le cheminement des endeuillés.»