
Les problèmes de santé dont sont souvent victimes les grands prématurés nuisent à leur alimentation, ce qui accroît les risques de malnutrition, notamment de carence en DHA.
La professeure Marc et ses collègues Mélanie Plourde, Michel Lucas, Anca Sterescu, Bruno Piedbœuf, Anne Monique Nuyt, Émile Lévy et Sylvie Dodin ont invité les mères de 12 enfants nés avant la 30e semaine de grossesse à consommer quotidiennement, dès la naissance de leur enfant, des gélules contenant 1,2 g de DHA. Sept semaines après l'accouchement, la concentration de DHA dans le lait de ces mères était 12 fois plus élevée que celle mesurée dans le lait d'un groupe témoin constitué de mères de 24 grands prématurés qui ne consommaient pas de suppléments d'oméga-3. Les enfants nourris avec ce lait enrichi affichent des concentrations sanguines en DHA deux fois plus élevées que les enfants du groupe témoin. Signalons que l'alimentation des femmes des deux groupes était faible en poissons gras contenant beaucoup d'oméga-3.
Les prématurés qui naissent avant la 30e semaine de gestation sont sujets aux carences alimentaires. Lors d'une grossesse normale, c'est à ce stade que la croissance de l'embryon est maximale. Or, le système digestif des grands prématurés n'est pas encore complètement formé lorsqu'ils viennent au monde. De plus, comme ils sont encore incapables de téter, il faut les nourrir à l'aide d'une sonde insérée dans leur estomac. Enfin, les problèmes de santé dont ils sont souvent victimes nuisent à leur alimentation, ce qui accroît les risques de malnutrition, notamment de carence en DHA.
La consommation de suppléments de DHA par les mères constitue un moyen simple et efficace pour accroître la quantité de cet oméga-3 qui parvient dans le sang des grands prématurés, et ce, même si leur consommation de lait n'est pas encore très élevée, observent les chercheurs. «Nos résultats mettent en évidence le besoin urgent de recommandations nutritionnelles concernant l'apport en DHA aux grands prématurés parce que le lait de leur mère n'en contient probablement pas en quantité suffisante si elles consomment peu de poissons gras», conclut Isabelle Marc.