La passion de la musique a toujours habité Rémi Boucher. «Enfant, raconte-t-il, je ressentais fortement le besoin de jouer d’un instrument de musique. J’écoutais ma mère jouer de la guitare et je la trouvais privilégiée d’avoir cette magie au bout des doigts.» À 12 ans, il entreprend l’étude de la guitare classique. «J’avais dans la tête de jouer de la guitare électrique, dit-il. Comme je voulais faire un peu de composition, je me suis orienté vers la guitare classique pour connaître les bases de l’instrument. Lorsque j’ai découvert le répertoire qui s’étend sur environ 500 ans, lorsque j’ai vu sa complexité, j’ai laissé tomber la guitare électrique.»
Après des études au Québec, Rémi Boucher complète sa formation musicale auprès de maîtres en Espagne, en Belgique et en Suisse. La brillante carrière qui s’ensuit commence au début des années 1990. En solo ou avec orchestre, sur scène, à la radio ou à la télévision, le jeune musicien se construit peu à peu une renommée internationale. Sa carte de visite? Un tempérament musical très fougueux, une grande virtuosité, ainsi qu’un jeu flamboyant et émotif. Très demandé, il donne, à une certaine époque, plus de 70 concerts par année. Son répertoire, qu’il a interprété en Europe, en Asie et dans les Amériques, comprend les concertos pour guitare les plus connus et les œuvres les plus intéressantes pour guitare seule du répertoire. Son œuvre préférée? La Partita pour violon seul nº 2 en ré mineur de Jean-Sébastien Bach, qu’il a transcrite pour la guitare. «La Partita est une écriture scientifique en même temps que très émotionnelle, indique-t-il. C’est une œuvre grandiose que l’on étudie toute une vie.»
Rémi Boucher a endisqué à une dizaine de reprises. Il a également composé une dizaine de pièces pour la guitare. «Je fais de la composition pour explorer les techniques que j’ai créées pour la guitare, explique-t-il. Je crois que cet instrument n’est pas exploité à sa pleine capacité. Mes recherches m’ont permis de repousser les limites de l’instrument tout en définissant une identité artistique, un son à moi.» Ce dernier a créé de nouvelles possibilités pour la guitare, notamment en ce qui concerne la polyphonie et les traits virtuoses. Par exemple, lorsqu’il interprète des œuvres de style impressionniste, il peut faire sonner la guitare comme une harpe.
Une des compositions de Rémi Boucher s’intitule Le papillon chinois. Il a écrit cette étude pour vérifier la pertinence d’une invention de son cru, un «ongle» assez rigide qu’il colle sur l’ongle du pouce. «Il m’avait toujours manqué un peu de définition, je n’étais pas entièrement satisfait de la sonorité, souligne-t-il. Parce que la guitare classique se joue avec les doigts, ça me prenait quelque chose de plus égal qu’un ongle limé.» Selon lui, cet «ongle» permet d’utiliser le pouce en aller-retour sur une corde, ce qui favorise la souplesse dans les mouvements rapides. Si Rémi Boucher aime tant la guitare classique, c’est entre autres parce qu’elle peut, comme la voix humaine, faire du vibrato, des portamento, du contrepoint et de l’harmonie.