Une grande partie des échanges de la soirée a porté sur l’avenir du passage du Nord-Ouest, dont plusieurs pays se disputent la souveraineté. Jusqu’à présent, en effet, les Américains ne reconnaissent pas qu’il s’agit d’eaux intérieures comme le soutient le Canada. Pourtant, a rappelé le biologiste Louis Fortier, il est essentiel de protéger la sécurité environnementale de cet écosystème fragile. Il faut s’assurer que les porte-conteneurs ou autres navires qui l’emprunteront à l’année dans quelques décennies prendront toutes les précautions d’usage avant de s'engager sur cette nouvelle route maritime. Le directeur scientifique d’ArticNet ose à peine imaginer les dommages potentiels d’un naufrage semblable à celui du pétrolier Exxon Valdez en Alaska ou simplement de déversements de matières dangereuses.
De son côté, le géographe Frédéric Lasserre a souligné que la polémique sur la souveraineté de ce passage se réglera sans doute par un compromis, car les Américains ne seraient pas opposés à une réglementation concernant le passage des navires marchands mais davantage à des restrictions de circulation de bateaux militaires. Il a également mis en lumière l’importance accrue du partage des fonds marins de l’Arctique, convoités par les cinq pays limitrophes. Le Danemark, la Russie, le Canada, les États-Unis et la Norvège s’intéressent bien sûr au potentiel d’exploitation des sous-sols recelant des réserves de gaz et de pétrole. Les Russes revendiquent un territoire se prolongeant au-delà du pôle Nord, en s’appuyant sur de nombreux relevés géologiques. Leur argument: la chaîne sous-marine Lomonosov constitue une extension du plateau continental russe. Un comité d’experts devra bientôt trancher cette litigieuse question.