
Au mois de mai dernier, Damase Khasa a accompagné, comme professeur responsable, un groupe de six étudiants et étudiantes de la Faculté de foresterie et de géomatique dans une mission d’étude de trois semaines en Chine. Ce stage pratique et crédité était organisé par le Département des sciences du bois et de la forêt. Son financement était assuré par les étudiants, la Faculté et des partenaires privés. Le doctorant en sciences forestières Martin Seto et le professionnel forestier Martin Fung assistaient le professeur Khasa. La plupart des étudiants étaient inscrits au baccalauréat en aménagement et environnement forestiers.
«La conservation des plantes et des écosystèmes forestiers est très encouragée en Chine, explique le professeur Khasa. Les Chinois valorisent beaucoup les plantes, notamment pour leurs propriétés médicinales. Ils croient également important de préserver la forêt puisqu’elle constitue une richesse patrimoniale pour un pays qui fait partie des douze pays les plus riches en biodiversité au monde. Le problème est que depuis 1998 les Chinois vont chercher la plus grande partie de leur bois en Indonésie, en Afrique et en Russie asiatique. Ils veulent protéger la forêt chez eux, mais ils la détruisent ailleurs.»
Priorité à la transformation
Durant leur séjour, les étudiants et leurs accompagnateurs ont visité plusieurs institutions parmi lesquelles une université forestière et technique, une faculté de foresterie et un institut de recherche forestière. Ils ont constaté partout un manque d’équipements scientifiques. Selon Damase Khasa, la priorité des chercheurs chinois porte sur la transformation de la matière première. «Ils font et feront certainement beaucoup d’efforts pour transformer le plus possible la matière ligneuse, affirme-t-il. Ils utilisent toute la matière jusqu’à la dernière quantité et ils travaillent à la recycler, à la valoriser.»
Le programme des activités prévoyait la visite de deux usines de pâtes et papiers. Mais elles étaient fermées à cause de leur pollution excessive. Une visite industrielle s’est déroulée à Yiyang, dans la province du Hunan, au nord du pays, dans des manufactures de produits de bambou. Une autre visite a eu lieu à Zhaoquin dans la province de Guangdong, au sud-est du pays, dans les installations de la filiale chinoise de la compagnie canadienne Sino-Forest. Cette filiale possède une usine de panneaux de particules et fait de la plantation d’eucalyptus.
Matelas, planchers, œuvres d’art, placages, le bambou sert à de multiples usages. Selon Damase Khasa, les usines visitées étaient pour la plupart très artisanales. «Les produits de bambou sont pratiquement faits au complet à la main, souligne-t-il, et la récolte du bambou se fait sans machinerie.» Ce caractère artisanal n’a pas empêché la manufacture de planchers de bambou de Yiyang d’obtenir sa certification de l’Organisation internationale de normalisation (ISO). «Si cette entreprise possède une certification ISO, poursuit le professeur, c’est entre autres pour faciliter l’exportation vers l’Europe et l’Amérique du Nord de ses produits qui sont, par ailleurs, de qualité assez exceptionnelle.»
Comme le bambou, l’eucalyptus est coupé à la scie mécanique. En plus des panneaux de particules, la matière ligneuse sert à fabriquer des placages et du papier. L’eucalyptus est une espèce originaire d’Australie. Des améliorations génétiques, puis le clonage des individus les plus productifs ont précédé son implantation en sol chinois. La densité est d’environ 1 600 tiges à l’hectare. Chaque année, les accroissements peuvent atteindre 26 mètres cubes à l’hectare. «Les plantations de Sino-Forest sont certifiées FSC, indique Damase Khasa. Cela veut dire que des règles strictes protègent les écosystèmes en place.»