
L’étudiante Geneviève Treyvaud est inscrite au doctorat en archéo-métallurgie. Du 29 juin au 2 août, elle a supervisé quatre étudiants au baccalauréat dans le cadre du chantier-école en archéologie de l’Université Laval sur le site de l’ancien fort Saint-Jean. L’endroit est situé sur le campus du Collège militaire royal de Saint-Jean-sur-Richelieu, au sud de Montréal. Cet important projet de fouilles d’une durée de cinq ans a démarré cet été avec le soutien du ministère de la Défense nationale, qui gère le Musée du fort Saint-Jean, et de Parcs Canada. Il est placé sous la direction du professeur Réginald Auger.
L’objectif consiste à enrichir les connaissances sur les systèmes défensifs successifs du fort Saint-Jean. Du temps de la Nouvelle-France, son rôle consistait à protéger l’accès au fleuve Saint-Laurent, donc à Montréal, Trois-Rivières et Québec, en contrant les expéditions iroquoises et britanniques en provenance des colonies américaines.
L’équipe de fouilleurs a trouvé beaucoup de morceaux de céramique ainsi que de petits morceaux de faïence de fabrication française. Plusieurs jetons d’échange ainsi que des pièces de monnaie ont aussi été découverts. Les autres artéfacts ont tous un lien avec la vie militaire. Ce sont une cinquantaine de plombs à mousquet, des pierres à fusil qui servaient de détonateur et beaucoup de pièces d’uniforme, notamment des boutons. On a aussi mis au jour un manche de poignard, deux boulets de canon ainsi que plusieurs morceaux provenant de la palissade en bois. «Le manche de poignard, de fabrication méditerranéenne, est attribuable à l’artillerie française, indique Geneviève Treyvaud. Les boulets ont un diamètre variant entre 15 et 20 cm, ce qui les fait remonter au 18e siècle. Quant aux morceaux de palissade, on pense qu’ils appartiendraient au fort de 1666.»
L’ensemble des artéfacts découverts subira un examen approfondi à compter du mois de septembre dans les laboratoires d’archéologie de l’Université. «Par l’analyse en dendrochronologie, on saura de façon définitive si les morceaux de palissade proviennent du fort de 1666 ou du fort de 1748», précise-t-elle.
À plus grande échelle, les fouilles ont permis de découvrir des parties des parois sud et nord du fort de 1748, ainsi qu’une structure de maçonnerie sèche, c’est-à-dire sans mortier entre les pierres. «Il s’agit probablement d’une partie d’un mur d’un bâtiment du chantier naval», avance Geneviève Treyvaud. Deux chantiers navals militaires ont été aménagés devant le fort Saint-Jean, le premier en 1757 par les Français, l’autre en 1776 par les Britanniques. «On sait qu’en 1757, 84 charpentiers travaillaient au fonctionnement du chantier, explique-t-elle. Les Français y construisaient des embarcations militaires pour des opérations guerrières dans la région du lac Champlain.»