«Le projet PULSAR est novateur, complexe, audacieux et emballant, affirme le professeur Benoît Lamarche, de l'École de nutrition. Nous sommes à l'aube d'une révolution, nous sommes en train d'assister à un changement de paradigme quant à la manière d'approcher la santé de la population.»
Selon l'approche classique, le médecin aborde son patient «dans sa simplicité», le professionnel de la santé travaillant habituellement avec quelques facteurs de risque avant de prescrire un ou deux médicaments.
«Or, poursuit le professeur, la recherche scientifique démontre de plus en plus que les facteurs comme les habitudes de vie et l'environnement de la personne, ainsi que des facteurs sociaux comme la situation économique, sont, eux aussi, des déterminants incontournables de la santé. PULSAR veut aller plus loin que la médecine personnalisée et qu'une approche principalement curative. Nous voulons voir la santé de l'individu dans son contexte, dans sa globalité, pour ensuite adapter les interventions. Nous voulons observer, comprendre et agir. Nous voulons fournir des outils d'aide à la décision aux décideurs publics, des outils qui vont influencer l'ensemble des variables ayant une incidence à long terme sur la santé.»
La vision qui guide le projet PULSAR est née des travaux d'Alliance santé Québec, une initiative de l'Université Laval vouée à la santé durable. Cet automne, PULSAR a mobilisé une soixantaine de chercheurs de l'Université dans des ateliers où ils ont réfléchi aux meilleures pratiques à appliquer dans la mise en œuvre du projet, que ce soit en matière de gouvernance, d'éthique, de sécurité des données ou d'acceptabilité sociale. Parallèlement à ces travaux, la Direction des technologies de l'information a entrepris la mise en place de l'infrastructure technologique qui soutiendra PULSAR.
«Les chercheurs du Centre de recherche en données massives de l'Université, par exemple, apporteront à PULSAR leur expertise de recherche et leurs techniques d'analyse, souligne Benoît Lamarche. On pourra interroger des données générées par les chercheurs de l'Université dans le cadre de leurs travaux. On pourra aussi interroger des données stockées ailleurs que sur le campus, comme celles de la Ville de Québec sur la qualité des milieux de vie, des environnements, du transport actif et de bien d'autres facteurs.»
Deux autres chercheurs ont participé à l'entrevue accordée au Fil. Il y avait, d'une part, André Potvin, professeur à l'École d'architecture et directeur de l'Institut Hydro-Québec en environnement, développement et société (EDS), et, d'autre part, Sébastien Tremblay, professeur à l'École de psychologie et directeur de l'Unité mixte de recherche en sciences urbaines de l'Université Laval (UMRsu). «L'Institut EDS regroupe plus de 100 chercheurs et fait la promotion du développement durable par des activités d'animation et de recherche interdisciplinaire, indique André Potvin. Or, la santé durable constitue un axe transversal absolument emballant qui interpelle nos cinq domaines de recherche: gouvernance, villes et territoires, eau, biodiversité et changements climatiques.» Selon lui, les chercheurs participant à PULSAR ont un défi commun à relever. «Un chercheur en architecture qui parle à un chercheur en nutrition, ce n'est pas d'emblée naturel, dit-il. Nous avons tous des outils très spécifiques compréhensibles seulement dans notre discipline, avec un langage disciplinaire. Nous devons collectivement développer un langage commun.»
Le professeur Tremblay dirige l'UMRsu depuis près de trois ans. «Nos travaux, explique-t-il, touchent notamment à la mobilité, à la sécurité, à l'environnement et aux infrastructures urbaines. Nous voyons beaucoup de potentiel à l'exploitation des banques de données accessibles grâce à PULSAR. Nous devrons non seulement les croiser, mais faire les analyses appropriées. Plein de projets de recherche vont pouvoir émerger de cette plateforme qui sera l'une des forces de l'Université, une force d'autant plus grande que les données du monde réel positionneront avantageusement notre établissement relativement à l'effervescence de l'intelligence artificielle.»
Benoît Lamarche abonde dans le même sens. La plateforme en santé durable offrira à l'Université Laval une occasion unique de se démarquer, tant au Québec et au Canada qu'à l'international. «Nous pouvons être très originaux dans notre façon de réfléchir à la santé, soutient-il. Nous allons nous distinguer dans la variété des angles d'approche, dans la diversité des expertises associées au projet. Cette nouvelle façon de voir offre de nouvelles possibilités de recherche qui permettront de répondre à des questions qu'on ne pense même pas encore poser.»
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