«Je ne suis pas deux heures en science et deux heures en art, c'est un continuum», explique celle qui se définit comme une passionnée de mots. «C'est vraiment le yin et le yang, poursuit-elle. Mes deux hémisphères sont en symbiose, ce qui me permet d'être équilibrée.»
Virginie Francoeur se perçoit comme une musicienne maîtrisant différents styles. Pour elle, un texte scientifique ressemble à une symphonie classique avec sa structure et sa rigueur. Un poème, «ce flash d'émotions», se rapproche d'une pièce de jazz avec son écriture beaucoup plus libertaire, éclatée, improvisée. «Il y a toujours une poésie du langage dans mon écriture plus scientifique, indique-t-elle. La poétesse en moi me permet d'être plus sensible aux autres, de percevoir les enjeux organisationnels différemment, de remettre en question des idées en gestion.»
Son amour des lettres, l'étudiante le tient de ses parents, le poète rock Lucien Francoeur et la poétesse Claudine Bertrand. «J'ai grandi entourée de livres dans un milieu très artistique, raconte Virginie Francoeur. J'ai commencé à étudier en gestion pour m'éloigner du milieu littéraire. J'avais besoin de trouver ma voie. Aux HEC, j'ai d'abord étudié en finance, puis en ressources humaines. Ensuite, je suis comme revenue aux sources. En fait, je n'ai jamais cessé de lire et d'écrire. L'écriture a toujours coulé dans mes veines. Remettre en question, dénoncer, revendiquer: je suis une rebelle dans l'âme. En ce sens, je suis la digne fille de Lucien Francoeur!»
Dans Leadership machiavélique, les coauteurs repensent la manière d'envisager notre modèle de leadership. Ce livre découle de deux constats. D'une part, les étudiants en gestion démontrent un intérêt grandissant pour les programmes d'enseignement centrés sur la responsabilité sociale des entreprises et sur la gestion éthique valorisant la qualité des relations interpersonnelles. D'autre part, les enseignants continuent de reproduire, dans leur enseignement, les principes de domination classiques axés sur le produire plus, mieux et à moindre coût. Le livre de 55 pages compare deux ouvrages: Alpha Leadership: les 3 A: anticiper, aligner, agir, de Deering, Dilts et Russell, et Le Prince, de Machiavel. «Les rapprochements sont frappants, dit-elle. Mais le livre ne fait pas que critiquer. Il propose et explique de nouveaux modèles de gestion plus humanistes.»
Dans le recueil Inde mémoire, la doctorante fait entendre la voix de personnes marginalisées qu'elle a connues lors de son séjour en Inde, en 2015. Nous sommes loin ici des panoramas de cartes postales. Ce récit d'un voyage poétique est vu sous l'angle du dépaysement intérieur. La même année, la jeune auteure faisait paraître chez le même éditeur un recueil de poèmes inspiré d'un séjour en Chine intitulé Encres de Chine.
Il y a quelques semaines, Virginie Francoeur a signé un contrat avec les PUL pour la production d'un ouvrage sur l'exposition pour le moins originale qu'elle a mise sur pied en 2017. Des étudiants en création littéraire et en design graphique avaient été mis à contribution. Ils devaient écrire un texte et créer une affiche à partir d'articles scientifiques écrits par des chercheurs de FSA ULaval. «Avec l'exposition, souligne-t-elle, je voulais démontrer qu'on peut être en administration et avoir un imaginaire. Je voulais démontrer qu'il y a une complémentarité entre la science et l'art. Avec le livre, je vais montrer que certains professeurs ont des pratiques pédagogiques réellement créatives.»
En juin, Virginie Francoeur sera à Paris pour présenter Inde mémoire au Marché de la poésie. En septembre, elle lancera Jelly Bean, son premier roman, chez Druide. «Dans Jelly Bean, explique-t-elle, je suis les questionnements de trois jeunes femmes. Je joue beaucoup avec le langage parce que je trouve que nous sommes une génération qui se cherche à travers le langage.»