
— Collège Frontière
C'est justement pour valoriser la lecture chez les enfants de 5 à 12 ans et leur faire développer leurs habiletés à lire que des étudiants de l'Université ont mis sur pied le projet Cercles de lecture HLM. L'objectif: sortir la lecture du cadre scolaire en allant à la rencontre d'une clientèle plus à risque directement dans son milieu de vie. Au 18e Gala Forces AVENIR universitaire, présenté par Desjardins, qui s'est tenu récemment au théâtre Le Capitole de Québec, le projet Cercles de lecture HLM a été lauréat dans la catégorie AVENIR Société, communication et éducation. Le projet faisait partie des 33 personnalités et projets finalistes issus de tout le Québec. Soulignons que les Cercles de lecture HLM sont l'une des activités chapeautées par le comité Collège Frontière de l'Université, un organisme d'alphabétisation qui offre un soutien aux personnes souhaitant améliorer leurs compétences en lecture.
Étudiante à la Faculté de médecine, Lauréanne Dussault-Desrochers fait partie de la dizaine de bénévoles oeuvrant aux Cercles de lecture HLM, qui comme le nom l'indique, se trouvent dans des quartiers considérés défavorisés que sont Vanier, Saint-Sauveur et Duberger. Une fois par semaine, pendant 90 minutes, la jeune femme se rend dans un local communautaire prêté par une habitation à loyer modique pour faire la lecture à des enfants, dont l'âge varie entre 5 et 12 ans. «Nous accueillons les jeunes qui reviennent de l'école et ils s'installent en petits groupes de lectures semi-dirigées, explique Lauréanne Dussault-Desrochers. On tient toujours compte de leurs intérêts dans le choix des livres: contes ou bandes dessinées, l'important est qu'ils trouvent que la lecture, c'est quelque chose de plaisant!»
Il n'est cependant pas toujours facile de contenir l'énergie débordante de ce petit monde. Ainsi, pour certains enfants, s'asseoir pour lire représente tout un défi. D'autres, parmi les plus jeunes, n'ont jamais tenu un livre dans leurs mains. «Mais une fois qu'ils ont la piqûre, les jeunes ne se font pas prier pour lire ou pour écouter, même s'il faut parfois insérer des activités de bricolage entre les séances de lecture», fait remarquer avec humour Lauréanne Dussault-Desrochers.
Même son de cloche pour Camille Gosselin, étudiante à l'École de psychologie. «C'est vrai qu'il y a des enfants – parmi les plus jeunes et dont les parents immigrants de première génération ne parlent pas bien ou pas du tout le français – qui ignorent comment tenir un livre dans le bon sens, par exemple, raconte l'étudiante. À ces enfants, qui partent avec un gros handicap, on va proposer des livres contenant beaucoup d'images. C'est important que cela soit attrayant pour eux.» Dans cet esprit, la mission des bénévoles des Cercles de lecture HLM ne consiste pas à apprendre à lire aux enfants, ce dont se charge l'école, mais à les intéresser à la lecture. Car un enfant qui lit est potentiellement un enfant «sauvé» du décrochage scolaire: tel est le credo des bénévoles des Cercles de lecture HLM, qui s'engagent pour une année scolaire complète afin de tisser des liens solides avec les enfants. Une expérience gratifiante, s'il en est une. «On sait qu'un enfant qui s'intéresse à la lecture est un enfant qui va mieux», souligne ainsi Camille Gosselin. Enfin, les bénévoles sont épaulés dans leurs tâches par des intervenants en travail social, qui leur donnent un peu le pouls de ces milieux souvent difficiles.
Quand on demande à Lauréanne Dussault-Desrochers et à Camille Gosselin d'expliquer la raison de leur engagement auprès des jeunes, l'une et l'autre affirment avoir eu la chance de grandir dans un milieu où la lecture était valorisée. Alors, pour ces jeunes femmes, qui ont connu la douce musique de l'histoire racontée tous les soirs au lit, ce n'est qu'un juste retour des choses, qui s'effectue dans l'esprit de «donner au suivant».