
Ce système d'échange intéresse particulièrement le Laboratoire interdisciplinaire de la responsabilité sociale des entreprises (LIRSE). L'organisme se penche en effet sur les infrastructures de marché favorisant les meilleures pratiques des entreprises en matière de bénéfices sociaux et environnementaux. Eric Bauce, vice-recteur exécutif et au développement, ainsi que Michel Gendron et Jacques Renaud, respectivement doyen et vice-doyen à la recherche de la Faculté des sciences de l'administration, profiteront d'ailleurs de la table ronde pour lancer officiellement les activités du LIRSE.
«Cela va être très intéressant d'observer dans l'avenir les modèles économiques qui vont se développer au Canada autour de la taxe et du marché du carbone, remarque Luc Brès, professeur au Département de management et codirecteur du LIRSE. Dans le cas des marchés, on vise – en Europe, dans de grandes villes chinoises et ici – des réglementations sur la limitation des gaz à effet de serre (GES) tout en misant sur les innovations technologiques.» Cette vision d'un système où l'entreprise lutte pour faire plafonner ses émissions et investit en même temps dans la technologie correspond en grande partie à celle de Frédéric Krikorian, le directeur du développement durable chez Gaz Métro, l'un des participants à la table ronde.
Selon le conférencier, cette entreprise favorise des mesures d'efficacité énergétique auprès de ses clients. Comment? En les incitant notamment à acquérir des appareils consommant moins de gaz. Limitée à l'émission d'une certaine quantité de GES par année, Gaz Métro achète aussi des crédits compensatoires sur le marché du carbone lorsqu'elle dépasse la quantité permise. Ces achats auprès d'entreprises, agréées par le gouvernement du Québec, favorisent l'émergence de technologies innovantes. «Gaz Métro a des ententes avec certains sites d'enfouissement qui captent des biogaz, puis les détruisent, comme ceux gérés par WSP, explique le directeur du développement durable. Nos crédits compensatoires financent donc des projets contribuant à réduire les GES au Québec.»
L'entreprise énergétique favorise l'utilisation de gaz naturel liquéfié dans le transport lourd de marchandises. Elle installe des stations de ravitaillement pour les camions le long de l'autoroute 20 et sur l'autoroute 401, qui relie Montréal à Toronto. Le secteur du transport constitue d'ailleurs une cible d'importance pour lutter contre la pollution. Si les industries au Québec ont réussi à diminuer de 25% leurs émissions de gaz à effet de serre depuis 1990, celles liées au transport ne cessent d'augmenter. Désormais, ce secteur génère plus de 40% des émissions québécoises de GES.
«Cela va être très difficile pour la province de respecter sa cible de réduction des GES fixée à 37% pour 2030, fait valoir Karel Mayrand, directeur pour le Québec de la Fondation David-Suzuki. Le marché du carbone est un bon outil, mais très insuffisant quand on sait que le nombre de nouvelles voitures sur les routes augmente deux fois plus vite que la population québécoise.» Lors de la table ronde, l'environnementaliste parlera donc des avantages indéniables de la tarification du carbone, mais il plaidera aussi pour un plus grand engagement public à la lutte contre les changements climatiques.
La table ronde «Marché du carbone: débats et perspectives» aura lieu le jeudi 26 janvier, de 11h15 à 14h, à la salle Power Corporation du Canada (local 3452) du pavillon La Laurentienne. Suivez l'événement à distance