
Jean-Marie Lebel parsème la visite du Vieux-Québec d'anecdotes et de faits surprenants sur la vie de Philippe Aubert de Gaspé.
Initiative de la journaliste et écrivaine Marie-Ève Sévigny, cette activité estivale fait redécouvrir différents quartiers sous l'angle d'auteurs qui y ont vécu. Jean-Marie Lebel ayant conçu un cours sur Aubert de Gaspé à l'Université du 3e âge de Québec, elle a fait appel à lui pour animer le circuit Le nostalgique Vieux-Québec de Philippe Aubert de Gaspé. Avec son talent de conteur, l'historien parsème la visite de faits surprenants et d'anecdotes parfois croustillantes.
La vie de Philippe Aubert de Gaspé, il faut le dire, est pleine de rebondissements. Issu d'une famille seigneuriale, il a été notamment avocat et shérif du district de Québec. Croulant sous les dettes, il a été démis de ses fonctions et emprisonné de 1838 à 1841. Comme écrivain, on ne lui doit que deux livres: Les anciens Canadiens, un roman qui se déroule durant la Conquête, et ses mémoires, dans lesquels il évoque ses souvenirs de jeunesse.
À la Maison de la littérature, où débute la promenade, Jean-Marie Lebel rappelle l'importance de ces deux œuvres dans l'histoire littéraire. «Même si Aubert de Gaspé est disparu il y a presque 150 ans, ses écrits résonnent encore aujourd'hui. Lui qui est devenu écrivain sur le tard – il a commencé à écrire à l'âge de 75 ans – a eu un succès immédiat. Les anciens Canadiens a été tiré à 1 000 exemplaires en 1863 et a été réimprimé à 5 000 copies l'année suivante», a-t-il expliqué à la vingtaine de participants réunis dimanche dernier.
Premier arrêt: l'église presbytérienne Saint Andrew, où Jean-Marie Lebel a rappelé que Philippe Aubert de Gaspé s'est marié avec une Écossaise, avec qui il a eu 13 enfants. Par la suite, direction l'hôtel Clarendon, le bâtiment qui logeait autrefois l'imprimerie Desbarats. «Aubert de Gaspé avait écrit Les anciens Canadiens à la main. Quand monsieur Desbarats a lu son manuscrit, il a su que ce serait un succès. Il lui a donné immédiatement 100$, ce qui était très rare à l'époque, et a payé la totalité des coûts d'impression», a raconté l'historien.

Jean-Marie Lebel montre l'emplacement du collège des Jésuites. Ce bâtiment, qui n'existe plus, est lié au récit Les anciens Canadiens.
Au fil de la promenade, le groupe s'est arrêté à plusieurs autres endroits emblématiques, comme le Petit Séminaire, où le jeune Aubert de Gaspé, «indiscipliné et fanfaron», a étudié avec un certain Louis-Joseph Papineau. Font également partie du programme, les maisons où il a vécu à différentes époques de sa vie, ainsi que la librairie d'Octave Crémazie, qu'il a fréquentée à de nombreuses reprises.
D'une durée de deux heures, la visite se termine au Morrin Center, jadis la prison où l'écrivain a séjourné. «Philippe Aubert de Gaspé a été marqué par son emprisonnement. Pour lui, c'était une honte. Sa résilience, l'amour de ses enfants et ses amis lui ont permis de s'en remettre. À la fin de sa vie, lorsqu'il a écrit ses romans, il a vécu une rédemption. Lui qui avait été mis au ban de la société pouvait enfin redevenir quelqu'un. Quand on connaît cette histoire, on lit différemment Les anciens Canadiens et ses mémoires», a conclu Jean-Marie Lebel.

Les visites Le nostalgique Vieux-Québec de Philippe Aubert de Gaspé sont offertes chaque dimanche jusqu'au 25 août. Le départ a lieu à 10h30 à la Maison de la littérature (40, rue Saint-Stanislas).
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