
Mélanie (à droite) et sa consoeur Josiane Allard en compagnie d'enfants du village.
L'été dernier, ils étaient 14, dont Mélanie. «J'avais été coopérante au Burkina Faso durant mes études collégiales et j'avais très envie d'une expérience semblable en contexte de soins infirmiers», explique celle qui se destine à une carrière en santé depuis qu'elle est toute petite. Cette fois, c'est au Cameroun que l'a menée son projet, plus particulièrement dans la commune de Nanga-Eboko comptant 38 000 habitants. La future infirmière y partageait son temps entre le dispensaire et l'hôpital de district, prodiguant soins et conseils à des gens de tous les âges. «Il m'est arrivé de faire jusqu'à 72 consultations en une journée», relate-t-elle. Il s'agissait d'un énorme travail, mais source de précieux apprentissages. «J'ai acquis tellement d'outils et d'autonomie, par exemple en réalisant de nombreuses évaluations physiques. On apprend cette pratique durant nos études, mais on l'utilise peu, car ce sont surtout les médecins qui l'appliquent ici.»
Si Mélanie a dû ajuster son approche et apprendre à doser les contacts physiques avec «des gens peu habitués à recevoir des soins», elle garde un souvenir très ému de l'accueil reçu. «Un vrai coup de coeur», assure-t-elle. Celle qui obtiendra son diplôme ce printemps envisage de poursuivre son perfectionnement grâce à une maîtrise. Surtout, elle souhaite soigner de nouveau ailleurs dans le monde, en Inde ou en Amérique du Sud.
Tout comme chez Mélanie, le désir d'embrasser une carrière en soins infirmiers s'est manifesté très tôt chez Philippe De Montigny, lui aussi étudiant de 3e année et participant à SIAM 2016. Dans son cas, son séjour au Bénin représentait une première expérience internationale d'études. «Je suis curieux de nature et je voulais relever un défi dans un contexte d'ouverture à l'autre», précise-t-il. C'est à Sô Tchanhoué, un village sur pilotis de 9 000 habitants, que Philippe a utilisé ses compétences dans un centre de santé dont la seule source d'électricité provenait de l'énergie solaire. «Il y avait des suivis de grossesse et des accouchements, de la vaccination, de la consultation médicale de première ligne et un laboratoire d'analyses», relate le futur infirmier, qui a également mené des consultations sur le terrain visant le dépistage du paludisme, du VIH et de la malnutrition. Celui que les enfants appelaient affectueusement «Yovo» (le Blanc) estime avoir acquis beaucoup de leadership et de confiance sur le plan professionnel. Il a été particulièrement impressionné par le respect que se vouaient entre eux les villageois, malgré leurs appartenances religieuses très diverses. «Musulmans, catholiques, chrétiens célestes et pratiquants du vaudou se côtoyaient dans une tolérance exemplaire, de laquelle nous aurions tous à apprendre.»
S'il songe également à poursuivre des études de maîtrise, Philippe n'envisage pas pour autant de retourner pratiquer dans d'autres pays. «J'ai adoré mon expérience, précise-t-il. Toutefois, les connaissances que j'ai acquises, je choisis de les mettre à profit ici. On ne le réalise pas toujours, mais il y a aussi de grands besoins en matière de mieux-être et de santé chez nous.»
Le 24 novembre, au pavillon Ferdinand-Vandry, Mélanie, Philippe et leurs collègues de SIAM 2016 ont partagé leurs expériences à l'occasion de présentations orales tenues devant public. Les auditeurs, parents et amis venus les entendre de même que les participants aux prochains stages de SIAM, ont été captivés par leurs propos. «Cet événement touchant représentait non seulement une belle façon de boucler la boucle, mais aussi une manière de passer le flambeau aux nouveaux "SIAMois"», conclut Mélanie.

L'un des objectifs du stage de Philippe consistait à enseigner les bonnes pratiques pour combattre les maladies parasitaires.