Coprésidé par Prudence Hannis, directrice générale du collège Kiuna, et Robert Beauregard, vice-recteur aux études et aux affaires étudiantes, ce groupe réunit plusieurs professeurs et autant de membres des Premières Nations. «Le comité est né d'une volonté très ferme de la direction de l'Université de s'inscrire dans le processus de réconciliation avec les communautés autochtones, qui lui-même dérive de la Commission de vérité et réconciliation mise en place par le gouvernement fédéral, explique Michel De Waele, adjoint au vice-recteur aux études et aux affaires étudiantes. Ce qui était fondamental, c'était de travailler main dans la main avec les communautés autochtones pour savoir quelles sont les connaissances et quels sont les besoins.»
En plus de ses nombreux partenariats de recherche, l'Université Laval est l'une des universités québécoises qui accueillent le plus grand nombre d'étudiants autochtones. À l'automne 2015, 193 étudiants autochtones étaient inscrits dans un programme de baccalauréat et 51 dans un programme de deuxième ou de troisième cycle. Ces chiffres incluent seulement ceux qui ont bénéficié du programme d'aide aux études postsecondaires du gouvernement fédéral. «L'Université Laval accueille plusieurs étudiants autochtones, mais nous ne les connaissons pas bien, admet Michel De Waele. C'est pourquoi nous voulons mieux répondre à leurs besoins. Nous avons aussi la volonté, entre autres avec l'Institut nordique du Québec, de mieux comprendre les nouvelles réalités des milieux dans lesquels ils vivent.»
À court terme, le comité entend accroître la visibilité de l'Association étudiante autochtone. Plusieurs autres initiatives seront lancées, notamment pour favoriser la réussite de cette clientèle sur les bancs d'école et pour sensibiliser la communauté universitaire aux réalités autochtones. Pour chacun des enjeux qui seront soulevés lors des discussions, le comité discernera des obstacles et proposera des solutions pour les surmonter.
Pour Prudence Hannis, qui dirige le seul cégep autochtone au Québec, ces échanges permettent de faire le pont entre les milieux collégial et universitaire. «L'initiative est bien reçue parmi mes collègues de travail, mais un sentiment de méfiance demeure pour certaines personnes dans la communauté, note-t-elle. L'histoire coloniale a laissé des traces. Il n'empêche que je participe à ce comité avec beaucoup de fierté. Après avoir été des objets d'étude pendant longtemps, nous sommes rendus à l'étape de l'affirmation: il faut témoigner de notre présence, de notre savoir-faire, de nos expertises. Ce comité est une occasion de le faire dans un esprit de co-construction.»