
Le recteur Denis Brière était présent à chacune des sept cérémonies de remise de diplômes
— Marc Robitaille
La cérémonie dont parle Sonia Rouabah, une étudiante d’origine algérienne finissante à la maîtrise en sciences et technologies des aliments, est sa collation de grades. En ce dimanche avant-midi du 8 juin, elle faisait partie de 207 finissantes et finissants en foresterie, géomatique, sciences de l’agriculture et sciences de l’alimentation rassemblés dans le Stade couvert du PEPS pour recevoir leur diplôme des mains du recteur Denis Brière.
Sonia Rouabah figure parmi les 2 535 étudiantes et étudiants à avoir participé cette année aux 7 cérémonies de collation des grades. La collation des grades est un événement majeur par lequel l’Université souligne avec faste la fin d’un cycle d’études chez ses étudiantes et étudiants. La célébration de cette année couvrait l’été et l’automne 2007 ainsi que l’hiver 2008. Au cours de cette période, 9 295 étudiantes et étudiants ont complété leurs études. La répartition par cycle d’enseignement va comme suit: 6 446 baccalauréats, 2 552 maîtrises et 297 doctorats. On estime par ailleurs que plus de 15 000 personnes, diplômés, invités et dignitaires, ont assisté aux cérémonies des 7, 8, 14 et 15 juin.
Des moments émouvants et solennels
En cette matinée du 8 juin, les diplômés ont fait leur entrée dans le Stade couvert au son du fameux et solennel Pomp and Circumstance Marches, de Sir Edward Elgar. Ensuite, le défilé des dignitaires s’est mis en branle avec l’ouverture de Music for the Royal Fireworks de Georg Friedrich Haendel. Marie-Ève Paradis, finissante au doctorat en nutrition et porteuse de la masse de l’Université, a eu l’honneur d’ouvrir le défilé.
«Votre parcours professionnel sera ponctué de nombreux défis, a mentionné le recteur Brière dans son allocution aux diplômés. Vos décisions aideront à traiter les grandes questions qui touchent toute la société, notamment les nutraceutiques qui font tant parler ici et ailleurs dans le monde et le développement durable des forêts, mais aussi l’insécurité alimentaire. Vous aurez à vous pencher sur des questions d’ordre éthique, à participer à de nombreux débats. Mais vous êtes bien outillés pour cela, car vous avez acquis des connaissances, un sens critique, un souci de la qualité de l’information et une rigueur dans l’analyse des problèmes.»
Le recteur a ensuite procédé à la remise d’un doctorat en sciences de l’administration honoris causa à Maurice Tanguay, président d’Ameublements Tanguay et fondateur de la Fondation Maurice Tanguay. Le récipiendaire a revêtu l’épitoge et signé le Livre d’or de l’Université. Puis, il s’est adressé aux diplômés. «J’accepte ce doctorat avec beaucoup d’humilité et avec beaucoup de reconnaissance envers tous ceux qui m’ont appuyé dans mes différents projets au fil des années, a-t-il déclaré. On dit que l’avenir n’est pas rose pour les jeunes. Je pense qu’il est prometteur quand je vois les diplômés universitaires. C’est sur vous que la société fonde ses espoirs.» Selon Maurice Tanguay, la réussite professionnelle vient avec le travail et le respect d’autrui. «Et n’oubliez pas de remercier vos professeurs qui vous ont énormément aidé, ainsi que vos parents qui ont fait beaucoup de sacrifices pour vous, a-t-il ajouté. N’oubliez pas de dire à vos parents que vous les aimez. Il n’y a rien de plus important pour un père ou une mère quand sa fille ou son garçon le prend par le cou et lui dit: je t’aime.»
Les finissantes et les finissants des deuxième et troisième cycles des deux facultés se sont ensuite dirigés vers la scène pour recevoir leur diplôme. Après les remises, Jean-Paul Laforest, doyen de la Faculté des sciences de l’agriculture et de l’alimentation, s’est adressé aux diplômés en son nom et en celui du doyen de la Faculté de foresterie et de géomatique. «Bien sûr, votre passage à l’Université vous a préparés à une carrière professionnelle et scientifique, a-t-il dit. Toutefois, n’oubliez pas qu’il a aussi et surtout façonné vos vies personnelles. Sans trop vous en rendre compte, vous avez changé, et sûrement pour le mieux. Les défis que vous avez relevés durant ces années, tout comme vos échecs et vos succès, les amitiés que vous avez tissées, les passions qui ont su s’épanouir contribueront, tout autant que vos apprentissages dans les cours, à faire de vous les leaders de demain dans votre milieu.»
La remise des diplômes du premier cycle a suivi l’allocution du doyen. La cérémonie a pris fin par le défilé de clôture au son d’une version instrumentale de l’hymne de l’Université Laval, Savoir et beauté. Ensuite vinrent des retrouvailles empreintes d’émotions entre les diplômés et leurs invités.
Des défis énormes à relever
En après-midi, ce fut au tour des finissants de la Faculté des sciences et de génie de se rassembler dans le Stade couvert. Ils ont été 304 à recevoir leur diplôme. Le recteur Brière a d’abord décerné un doctorat d’université honoris causa à Mike Lazaridis, ingénieur, innovateur et président-directeur général de la firme canadienne Research in Motion qui commercialise le téléphone multimédia BlackBerry. «Le monde fait face à d’énormes défis dans tous les domaines, a-t-il indiqué, mais les connaissances que vous avez acquises et les technologies que vous maîtrisez aideront la société à les relever.» Selon lui, il faut poursuivre l’augmentation du financement de la recherche universitaire. Pour Mike Lazaridis, ce thème doit faire l’objet d’un débat public national. Et il faut sensibiliser les politiciens à ce sujet. Comment? «En votant, a-t-il dit. Si 95 % des étudiants universitaires à l’échelle du pays votaient, cela modifierait le paysage de la recherche et de l’éducation.»
Le recteur a ensuite remis la médaille d’argent de la Gouverneure générale à Jean-Daniel Doucet, finissant au baccalauréat en biochimie. Cette distinction récompense les meilleurs résultats dans un programme d’études conduisant au baccalauréat.
Le samedi précédent, en après-midi, 514 étudiantes et étudiants des facultés de Médecine, de Médecine dentaire, de Pharmacie et des Sciences infirmières ont reçu leur diplôme. Mais avant, le recteur avait décerné un doctorat ès sciences honoris causa à Ginette Lemire Rodger, première vice-présidente de la pratique professionnelle et chef de direction des soins infirmiers à l’Hôpital d’Ottawa. Dans son discours, elle a insisté sur les nombreux défis qui attendent les diplômés. L’un d’eux est l’amélioration de la collaboration interdisciplinaire et de la collaboration interprofessionnelle. «Dans un monde de plus en plus complexe, où les connaissances se multiplient de façon vertigineuse, nous devons trouver des moyens pour faciliter la trajectoire et l’expérience des patients et de leur famille dans le système, a expliqué Ginette Lemire Rodger. À l’Hôpital d’Ottawa par exemple, nous sommes dans un processus de transformation de 85 équipes interprofessionnelles. Ce qui a amené des professionnels à développer tous ensemble un modèle avec la collaboration de groupes de patients et de leur famille.»
Voir grand, voir loin
La seconde fin de semaine de collation des grades a pris son envol, le samedi 14 juin, en matinée. Trois cent quarante-deux finissantes et finissants de la Faculté des sciences de l’administration ont reçu leur diplôme à cette occasion. En après-midi, ce fut au tour de 377 finissantes et finissants de la Faculté de droit, de la Faculté des sciences sociales et de l’Institut québécois des hautes études internationales à être honorés. Avant la remise des diplômes, le recteur Brière a décerné un doctorat en études internationales honoris causa à l’avocat Yves Fortier, président et associé principal chez Ogilvy Renault. «Avec tout le talent qui est le vôtre et les ressources à votre portée, le monde vous appartient, a affirmé celui qui a touché au droit, à la diplomatie et à l’administration durant sa carrière. N’hésitez pas à voir grand, voyez loin. Vous êtes citoyens d’un monde toujours plus petit, plus informé et plus interrelié. Allez là où les plus grands défis vous appellent. Vos seules limites seront celles de votre ardeur à vous réaliser. La planète entière compte sur vos talents, votre énergie et votre générosité.»
Le recteur a ensuite remis trois distinctions scolaires. Daniel Lafond, diplômé d’un doctorat en psychologie, et Mathieu Langelier, diplômé d’une maîtrise sans mémoire en relations industrielles, ont chacun reçu la médaille d’or de la Gouverneure générale. Cette récompense honore ceux et celles qui obtiennent les meilleurs résultats aux études de maîtrise ou de doctorat. Marie-Hélène Deshaies, finissante au baccalauréat en sociologie, a pour sa part reçu la médaille d’argent de la Gouverneure générale.
Le théologien du métissage
Dans la matinée du 15 juin, 376 finissantes et finissants ont envahi le Stade couvert à l’occasion d’une cérémonie consacrée aux facultés de Philosophie, des Sciences de l’éducation, de Théologie et de Sciences religieuses, ainsi qu’à la Direction du baccalauréat multidisciplinaire.
Le théologien américain Virgil P. Elizondo, fondateur du Mexican American Cultural Center de San Antonio au Texas, a reçu un doctorat en théologie honoris causa des mains du recteur. Le récipiendaire est réputé pour son travail de rapprochement linguistique et culturel entre les populations latino-américaines et états-uniennes. Dans son allocution, Virgil P. Elizondo a insisté sur la nouvelle humanité qui prend forme peu à peu dans le sillage de la mondialisation, un processus qui peut, selon lui, créer «une nouvelle joie de vivre». «Des gens qui autrefois vivaient divisés par les océans et les continents se retrouvent maintenant à vivre dans le même quartier, a-t-il souligné. Que deviendront ces villes à l’avenir? Seront-elles constituées par des groupes ethniques rivaux, toujours en lutte les uns contre les autres? J’espère que non.» Selon Virgil P. Elizondo, d’autres possibilités sont en train de naître. «Il y a aujourd’hui de plus en plus d’enfants métis qui sont le fruit des amitiés et des mariages de parents qui s’aiment et se respectent dans leurs différences», a-t-il indiqué.
Le recteur Brière a par la suite décerné un doctorat en philosophie honoris causa au philosophe belge Philippe Van Parijs, titulaire de la Chaire Hoover d’éthique économique et sociale à l’Université catholique de Louvain. Ce dernier est reconnu aujourd’hui comme l’un des penseurs les plus importants et les plus influents de la philosophie politique et sociale. Le récipiendaire a énuméré quatre raisons pour lesquelles il se joint avec grand plaisir à la grande famille de l’Université Laval. «Il y a d’abord le lien de connivence entre deux universités de la francophonie périphérique, a expliqué Philippe Van Parijs. Il y a ensuite le lien de fraternité entre deux universités qui sont nées et ont grandi profondément enracinées dans le terreau de l’Église catholique. Il y troisièmement le lien de familiarité entre deux parties du monde où la place du français fait l’objet d’un conflit chronique parfois intense. Enfin et surtout, ce doctorat honore une manière de pratiquer la philosophie politique que je partage avec un nombre croissant de philosophes politiques québécois.»
Du grec ancien à la musique de chambre
En après-midi, le recteur a encore une fois décerné deux doctorats honoris causa au cours de la même cérémonie. Cette ultime séance de collation des grades réunissait 415 finissantes et finissants des facultés d’Aménagement, d’Architecture et des Arts visuels, des Lettres et de Musique.
L’helléniste français Michel Casevitz, spécialiste de linguistique grecque, a reçu un doctorat d’université honoris causa. L’essentiel de son allocution a porté sur la place que tient l’Université Laval dans son cœur et dans ses souvenirs. «Ce doctorat honorifique m’est particulièrement cher, a-t-il indiqué, parce qu’il m’est conféré par une université qui est célèbre par la tradition humaniste qui s’y est épanouie.» En 27 années, Michel Casevitz est revenu à maintes reprises à Laval. Au point où l’Université est devenue «aussi chère et familière» que les trois universités françaises où s’est déroulée sa carrière. «J’ai toujours eu l’impression ici d’être utile, car l’ardeur aux études m’est apparue plus intense qu’en France, a-t-il poursuivi. C’est ici que j’ai eu le sentiment que les études classiques et l’hellénisme gardent toute leur utilité et ont pour principal avantage de donner à la vie saveur et profondeur.»
Le recteur Brière a ensuite décerné un doctorat en musique honoris causa à Bernard Labadie, directeur musical de l’orchestre de chambre les Violons du Roy et l’une des figures les plus en vue des scènes musicales québécoise et canadienne. Musicien polyvalent, chef d’orchestre et chef de chœur, le récipiendaire (voir autre texte en ces pages) a souligné l’importance du hasard dans sa carrière. «J’ai souvent été au bon endroit au bon moment, a-t-il dit. J’ai eu la chance de naître dans une famille qui m’a toujours soutenu de façon extraordinaire. À l’Université Laval, j’ai trouvé ma vocation de chef d’orchestre et j’ai eu la chance d’avoir des mentors, des professeurs qui ont presque réussi à m’inventer de toutes pièces un programme de direction d’orchestre.» C’est pendant ses études universitaires que Bernard Labadie a fondé les Violons du Roy et l’ensemble vocal qui porte son nom. «C’est ici que j’ai pu apprendre à ne pas mettre de limites à mes rêves», a-t-il ajouté.
Après cette allocution, le recteur a remis la médaille d’or de la Gouverneure générale à Catherine Charron, finissante à la maîtrise en histoire. Par la suite, il a effectué la remise des diplômes.