
La doctorante en droit administratif Stéphanie Roy croit qu'assurer un équilibre entre les intérêts économique et citoyen en matière d'environnement fait partie du rôle de l'État.
— Sylvain Légaré / Fondation Pierre-Elliott Trudeau
Ce que lui vaut d'être lauréate? D'abord, une somme 40 000$ par année pendant trois ans, à laquelle s'ajoute une allocation de recherche et de déplacement de 20 000$, couvrant la même période. Justement, au moment d'écrire ces lignes, l'avocate était sur le point de se prévaloir de cette forme de soutien. En partance pour Copenhague, elle s'apprêtait à assister à une conférence présentée dans un congrès international. «Le sujet, qui porte sur les rôles des tribunaux par rapport à l'environnement, est directement en lien avec mes études», explique-t-elle.
En plus de l'aide financière à laquelle elle donne accès, la bourse Pierre Elliott Trudeau ouvre les portes de tout un réseau de soutien formé d'autres boursiers, de lauréats, de mentors et de 350 leaders oeuvrant dans tous les secteurs des sciences humaines et sociales. En mai, Stéphanie plongeait dans ce bain de réseautage intense à l'occasion du 11e Institut d'été de la Fondation, tenu à Winnipeg. En plus de faire le plein de connaissances à la faveur de conférences, d'ateliers et de tables rondes, la boursière a pu échanger avec des représentants influents de multiples disciplines. «C'était très stimulant, raconte-t-elle. Discuter avec des professionnels de secteurs très différents du mien m'a permis d'examiner mes idées sous de nouveaux angles et de les faire cheminer. J'en ai tiré plusieurs pistes de réflexion qui nourriront mes recherches.»
Amatrice de nature et de plein air, Stéphanie Roy a toujours été sensible aux questions environnementales. Au cours de sa formation, elle a parallèlement développé un intérêt marqué pour le droit public. Son mémoire de maîtrise portait sur la responsabilité civile en cas de déversement d'hydrocarbures. Son doctorat se situe dans la même lignée. «Je m'interroge sur le rôle de l'État et sur ses obligations dans la défense de l'intérêt des citoyens. La gestion de l'environnement a ceci de particulier que les connaissances dans le domaine ont beaucoup évolué. Les plus récentes études scientifiques nous donnent accès à des données planétaires, entre autres sur les changements climatiques, dont on ne disposait pas avant. Pourtant, la juridiction canadienne n'en tient toujours pas compte. Sa base est encore très sectorielle et les décisions sont souvent rendues au cas par cas.»
Le modèle sur lequel travaille Stéphanie Roy propose de revoir les responsabilités de l'État en matière de protection environnementale sur le fondement de principes éthiques qui intègrent ces nouvelles connaissances. Il s'appuie également sur une théorie qui reconnaît à l'État l'obligation d'agir dans l'intérêt public des citoyens et des générations futures. «Il en résulterait une application des lois plus globale, ce qui permettrait d'apporter des changements plus rapides pour une meilleure protection de l'environnement.»
Pour mener ses recherches doctorales, Stéphanie Roy est membre de la Chaire de recherche du Canada en droit de l'environnement de l'Université Laval. En outre, elle agit comme bénévole dans diverses organisations, dont le Centre québécois du droit de l'environnement, qui a pour mission de rendre la justice environnementale accessible aux citoyens. L'étudiante consacre aussi du temps au programme d'accompagnement parascolaire du Pignon Bleu qui s'adresse à des enfants de 6 à 12 ans. «L'aide financière apportée par la bourse Pierre Elliott Trudeau me permettra de poursuivre mes implications hors campus. C'est un autre privilège et j'en suis bien heureuse», conclu-t-elle.