De nombreuses personnes s’invitent à la table des connaisseurs de la nature. Quelles sont celles qui savent observer ces phénomènes complexes qui soutiennent la vie?
Malgré un siècle de grandes découvertes, nous ne savons pas encore comment maintenir et protéger la longue transformation des atomes, des microorganismes, des végétaux et des animaux qui a finalement abouti, en quelques millions d’années, à l’espèce humaine. Nous entendons de toutes parts des messages qui prédisent la fin de la vie sur Terre. Les médias mettent en couverture le réchauffement climatique, le drame de la pollution et le besoin de végétaux afin de nourrir plus de 10 milliards d’humains et d’innombrables animaux.
L’agriculteur, ce gardien moderne des terres les plus fertiles, est invité à lire dans la nature les recettes qui assureront encore longtemps ce besoin de sécurité primaire qu’est celui de nourrir l’humain. Une panoplie de spécialistes tente de discerner les équilibres qui sauront permettre à la terre nourricière d’assurer ce mandat. Cet exercice, autrefois partagé entre les paysans du village, est devenu celui de tous les humains de la planète.
Cette génération d’observateurs de la nature devra mettre au point une bioéthique permettant d’assurer la protection des bienfaits de la nature. Il faudra bien aussi lutter contre ce gaspillage de nourriture et cette mise en marché désordonnée qui mettent en péril les précieux équilibres biologiques et chimiques du milieu. La traditionnelle sagesse des agriculteurs, celle qui leur enseigne à bien gérer la nature, devra être confortée par un arbitre à qui on devra confier la gestion scientifique de l’environnement. Certains affirment: «Il est déjà trop tard!» La recherche de nouveaux équilibres entre l’humain et son milieu tarde à venir. La pression économique ne sait pas toujours reconnaitre cette urgence.
Nous avons récemment discuté de cette problématique avec des jeunes. Il est étonnant de constater à quel point ils s’en préoccupent. En particulier, les étudiants rencontrés au Salon de l’agriculture, de l’alimentation et de la consommation, en janvier dernier, qui désirent bien se former. Les agriculteurs, devenus minoritaires dans leur milieu, doivent inviter les politiciens à partager leur lecture de la vie sur Terre.
Claude André St-Pierre, agronome et professeur émérite