7 décembre 2020
L’enseignement et la recherche au PEPS, d’hier à aujourd’hui
Le PEPS souffle 50 bougies. Voilà l’occasion de revenir sur les personnalités et les événements qui ont marqué ce complexe sportif. Ce deuxième article d’une série porte sur l’évolution des infrastructures d’enseignement et de recherche du pavillon.
L’Université Laval rayonne aujourd’hui notamment pour ses réalisations en enseignement et en recherche sur l’activité physique. Les origines lointaines de cette réussite internationale remontent au milieu des années 1960 alors qu’allait prendre forme le futur Pavillon de l’activité physique et des sports, le PEPS.
«Le projet était prêt à construire lorsque mes collègues et moi avons eu accès aux plans, raconte l’un des jeunes professeurs du Département d’éducation physique de l’époque, Claude Bouchard. Nous avons réalisé que nous nous retrouvions avec un gros centre de loisirs. Les personnes qui pilotaient ce dossier œuvraient surtout en service social. Nous, nous pensions en termes d’éducation physique scolaire, de prévention de la maladie et de performance sportive. C’était l’époque où la réforme scolaire prônée par le rapport Parent recommandait l’éducation physique à l’école primaire.»
Tel qu'il était conçu à l’origine, le pavillon ne répondait ni aux besoins de participation aux activités sportives de la communauté universitaire, ni aux besoins des étudiants-athlètes du Rouge et Or, ni aux besoins d’enseignement et de recherche du corps professoral du Département.
«Dans l’opinion publique, dit-il, il n’était pas question d’autre chose que d’éducation physique au futur PEPS. Mes collègues ne pouvaient pas ignorer le développement de la recherche à l’étranger sur les plans de la performance athlétique, des applications thérapeutiques de l’activité physique et de la recherche.»
En 1965, le Département comptait cinq professeurs détenant un diplôme de premier cycle en éducation physique de l’Université Laval et de quatre professeurs ayant fait des études supérieures dans le domaine aux États-Unis et en Europe. L’effectif étudiant s’élevait à 110 personnes. L’Université Laval comptait alors quelque 6000 étudiants.
«Mes collègues et moi avons contesté ce premier projet de PEPS, que nous trouvions totalement inacceptable, poursuit Claude Bouchard. Nous avons rencontré la direction de l’Université à ce sujet. Il y a eu beaucoup de réticences au début. Après des discussions qui se sont étalées sur quelques mois, la direction a convenu que nos objections avaient du mérite et nous a demandé de mettre sur papier les améliorations proposées. À partir de là, les plans ont été refaits et incluaient, notamment, un gymnase, une piscine, des espaces de recherche et des bureaux. L’ancien projet fut mis de côté en 1968. Ce fut une époque excitante, je dois dire.»
Durant cette période, et à plusieurs reprises, le professeur Bouchard fut invité à exposer les développements de la recherche à l'échelle canadienne, américaine et européenne dans le domaine de l’activité physique et du sport. Ce domaine connaissait alors une évolution considérable. L’éducation physique se définissait comme un champ d’application d’un secteur interdisciplinaire en voie de développement dans les milieux universitaires de l’époque, soit la science de l’homme en mouvement. Cette appellation deviendra éventuellement «sciences de l’activité physique» et, au tournant du 21e siècle, «kinésiologie». Ce secteur interdisciplinaire s’appuyait sur la collaboration, selon les questions étudiées, avec des chercheurs de disciplines telles que la médecine, la physiologie, la biochimie, la pédagogie, le génie mécanique, la psychologie et la sociologie.
Au cours de sa longue carrière, Claude Bouchard a vu plus de 1000 articles scientifiques qu’il a publiés être cités plus de 40 000 fois. Sa contribution à l’avancement des connaissances dans les domaines de l'obésité et de l'activité physique liée à la santé a été remarquable. Après une carrière fructueuse à l’Université Laval, le professeur Bouchard est devenu le directeur d’un des centres de recherche les plus prestigieux au monde dans le domaine de l’obésité et de la nutrition, le Pennington Biomedical Research Center à Bâton-Rouge, en Louisiane.
1997, une année charnière
L’année 1997 a constitué un moment charnière dans l’histoire de l’activité physique à l’Université Laval. Cette année-là, le baccalauréat en activité physique est devenu le baccalauréat en kinésiologie tandis que la maîtrise et le doctorat ont fait la transition en 1999. Les trois programmes de kinésiologie étaient rattachés au Département de médecine sociale et préventive de la Faculté de médecine, dont la kinésiologie n’était qu’une division. Le Département de kinésiologie a été officiellement créé en 2012.
Le Département de kinésiologie, ce sont aujourd’hui 13 professeurs et 300 étudiants, 6 programmes d’études et 9,7 millions de dollars en fonds de recherche en 2018. Au PEPS, la principale infrastructure de recherche est le LABSAP, le Laboratoire des sciences de l’activité physique. Une majeure partie de la section sud du premier sous-sol du PEPS est consacrée à ce laboratoire mis sur pied par Claude Bouchard.
Louis Pérusse est professeur au Département de kinésiologie. Il en fut le premier directeur entre 2012 et 2020. Auparavant, il a occupé la fonction de chef de la division de kinésiologie à la Faculté de médecine. Selon lui, le changement administratif de 2012 a été un événement majeur. «Nous avions besoin de plus d’autonomie pour le développement d’une vision départementale», affirme-t-il. Il souligne la performance du corps professoral. Bien que modeste, celui-ci réussit à aller chercher des fonds de recherche «assez impressionnants». «Un certain nombre de ces chercheurs ont une renommée internationale», ajoute-t-il. Les locaux de classe se trouvent au PEPS, sauf pour le programme de premier cycle. «Ce baccalauréat, précise-t-il, fait partie administrativement de la Faculté de médecine. Certains cours se donnent donc au pavillon Ferdinand-Vandry.» En plus du LABSAP, les étudiants en kinésiologie ont accès à un autre laboratoire, celui du Groupe de recherche en analyse du mouvement humain et ergonomie.
L’environnement et l’obésité
En 1971, un étudiant du nom d’Angelo Tremblay faisait son entrée à l’Université Laval. En 1976, il commençait sa carrière d’enseignant dans le même établissement dans ce qui deviendra, bien des années plus tard, le Département de kinésiologie. Au fil des ans, ses champs de recherche se sont regroupés sous la grande thématique de l’environnement et son lien avec l’obésité.
«Mon évolution comme chercheur, explique-t-il, a été rendue possible par le fait que ma grande thématique de recherche, qui comprend notamment la nutrition et le surpoids, le manque de sommeil, les efforts cognitifs excessifs, cadre bien avec plusieurs disciplines.»
À ses débuts dans le domaine de l’activité physique, ses collègues et lui accordaient au moins autant d’attention à la performance sportive qu’au traitement et à la prévention de la maladie. «On a toujours testé des athlètes qu’on accueillait avec enthousiasme, rappelle-t-il. Avec le temps, les préoccupations de santé ont grandi par rapport aux préoccupations relatives à la performance.»
Vers la fin des années 1990, Angelo Tremblay a offert ses services au professeur Claude Bouchard, qui rentrait des États-Unis avec, en poche, un doctorat en génétique. Quelques mois plus tard, raconte-t-il, Claude Bouchard lançait un projet de recherche sur les familles de Québec. «Ce fut,-dit-il, un tremplin formidable pour les études liées à la santé et à l’activité physique. Ce projet, d’un impact exceptionnel, à permis de tester plus de 400 familles. L’objectif consistait à étudier les effets de la génétique et de l’environnement sur l’état de santé.»
La vie de chercheur du professeur Tremblay a évolué avec succès à chaque étape de sa carrière. «Le contexte d’investigation, souligne-t-il, a changé. Je suis passé à une recherche plus fondamentale, plus clinique.» Une interdisciplinarité caractérise vraiment sa démarche. «Les chercheurs n’ont plus vraiment le choix, soutient-il. J’ai appris à travailler avec des psychologues, des spécialistes de l’ergonomie, des spécialistes des relations de travail. Je n’ai pas le choix de collaborer avec de nombreux experts qui savent de plus en plus de choses dans des domaines de plus en plus pointus où chaque personne possède une expertise relativement petite.»
Lisez nos autres articles sur le 50e anniversaire du PEPS.
Pour en savoir plus
Consultez la section spéciale 50e anniversaire sur le site Web du PEPS.