
Vue de la communauté inuite de Salluit, dans le Nunavik. Dans le cadre de ses activités, l'Institut nordique du Québec couvre un immense territoire situé au nord du 49e parallèle.
— Louis Carrier
«À l'INQ, le Groupe de travail des premiers peuples a pour mission de s'assurer que les préoccupations des nations autochtones membres, ainsi que leurs besoins de recherche, soient bien couverts dans nos activités», explique la vice-rectrice adjointe à la recherche et à la création et membre du Groupe de travail, Marie Audette.
Dans le cadre de ses activités, l'Institut nordique du Québec couvre un immense territoire situé au nord du 49e parallèle. Fondé en 2014 par les universités Laval, McGill et l'INRS, l'Institut réunit un grand nombre de chercheurs, dont quelque 140 à l'Université Laval. «Cette dernière a joué un rôle de leader dans la création de l'INQ, rappelle Marie Audette. Nous voulons exercer un leadership ouvert et collaboratif.»
L'INQ a tenu un premier colloque, en 2015, sur ses axes de recherche. Ce sont les sociétés et les cultures, la santé, le fonctionnement des écosystèmes et la protection de l'environnement, les infrastructures et les technologies ainsi que les ressources naturelles.
Le Forum a permis d'avancer dans la validation et la définition des besoins de recherche des premiers peuples. «Nous avons écouté ce que nos partenaires avaient à nous dire, s'ils avaient d'autres besoins que ceux déjà exprimés», indique la directrice de projet à l'INQ, Brigitte Bigué.
Déterminer ces besoins, mais aussi préciser ceux qui pourraient être arrimés aux axes de recherche de l'INQ, tels étaient les objectifs du Forum. Les échanges ont porté, entre autres, sur la mise en valeur du patrimoine archéologique et culturel du Québec nordique. En matière de santé, les participants ont insisté sur le leadership que les peuples autochtones du Nord doivent assumer dans l'établissement des priorités de recherche pour leurs régions. On a aussi discuté de la nécessité de concevoir des plans d'aménagement pour les infrastructures de transport afin de rendre celles-ci plus durables et résilientes face aux conséquences des changements climatiques. De telles améliorations auront un effet positif sur la qualité de vie des populations et des travailleurs. Les participants ont aussi souligné l'importance de rehausser la sécurité des communautés éloignées et isolées à l'aide des technologies de l'information et des communications.
Selon la directrice de projet, les changements climatiques ont teinté les échanges. «Nous recherchons une meilleure compréhension du Nord afin de soutenir le développement durable du territoire, dit-elle. Les changements climatiques vont affecter les écosystèmes, les populations, leurs façons de vivre.»
Soixante minutes ont été consacrées à chacun des cinq axes de recherche. La présentation d'un chercheur était suivie de 50 minutes de discussion ouverte entre les chercheurs et les représentants des premiers peuples. Des chercheurs de l'Université Laval ont assuré quatre des cinq présentations. Expert en sociétés autochtones, Thierry Rodon (science politique) a abordé les questions de société et de culture. Mylène Riva et Mélanie Lemire (médecine sociale et préventive) ont touché aux problématiques de santé dans le Nord. Rappelons que l'Université Laval s'intéresse depuis quelques décennies à ces questions dans la foulée des travaux du professeur Éric Dewailly. Pour sa part, Jean-Éric Tremblay, professeur au Département de biologie et directeur scientifique de Québec-Océan, s'est penché sur le fonctionnement des écosystèmes et sur la protection de l'environnement marin et terrestre. «Il a parlé, dans un contexte de changements climatiques, de la migration de certaines espèces animales et végétales du sud vers le nord», souligne Marie Audette. Quant à Jean-Michel Beaudoin (sciences du bois et de la forêt), il a consacré son exposé aux ressources naturelles, mettant de l'avant l'exploitation durable de l'énergie, des mines et de la forêt sans répercussions négatives sur les populations.
«Le Forum a constitué une étape importante dans les rapports de l'INQ avec ses partenaires autochtones du Nord, affirme Marie Audette. Les occasions sont rares de réunir ainsi des chercheurs et des nations autochtones. Notre approche est ouverte et inclusive, et les autochtones doivent être consultés dans le cadre de nos recherches. Leurs valeurs, leur savoir-être et leurs besoins doivent être reconnus et respectés. Ils sont de véritables partenaires de recherche.»

En matière de santé, les participants ont insisté sur le leadership que les peuples autochtones du Nord doivent assumer dans l'établissement des priorités de recherche pour leurs régions.
Photo: Karsten Bidstrup / Visit-Greenland