Lucie Richard, que plusieurs avaient côtoyée comme collègue à la bibliothèque puis comme vice-présidente et présidente du SEUL, a perdu son dernier combat, le cancer l’emportant le 15 octobre 2006.
Cette terrible et fulgurante maladie l’a surprise sournoisement au lendemain de sa nomination à titre de directrice québécoise du Syndicat canadien de la fonction publique, division québécoise (SCFP-Québec), en février dernier. Elle n’a malheureusement pu diriger ce syndicat de plus de 100 000 membres que quelques mois, la maladie la forçant à quitter une fonction qu’elle avait méritée tant pour ses compétences et son militantisme que pour sa dévotion à la cause syndicale. Il n’est pas inutile de rappeler qu’elle fut de celles qui dirigèrent les destinées du SEUL à titre de présidente à partir de 1981, qu’elle mena la lutte contre un lock-out en 1983 avant d’être embauchée par le SCFP en 1986 à titre de conseillère. Dès lors, son avenir était tracé et elle a gravi tous les échelons jusqu’au dernier se faisant remarquer par son engagement qui ne souffrait pas d’ambivalence.
Lucie Richard est source d’inspiration pour l’ensemble du mouvement syndical, pour les femmes et pour le SEUL, mais c’est surtout une amie, une collègue, une consœur que nous allons tous et toutes regretter.
EXÉCUTIF SYNDICAL
Syndicat des employées et employés de l’Université Laval (SEUL)
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Beaucoup d’argent pour tuer, très peu pour sauver
Les journaux nous apprenaient dernièrement que les pays dépenseront au-delà de 1000 milliards de dollars en 2006, uniquement en armement. Quelques jours plus tard, on pouvait lire un article enthousiaste sur l’industrie militaire en pleine croissance au Québec. De telles nouvelles, face à l’état actuel de l’humanité et de la planète, soulèvent certaines questions éthiques. Comment les membres d’une espèce qui s’estiment intelligents peuvent-ils gaspiller de si précieuses ressources dans le seul but de tuer leurs semblables et peut-être de détruire un jour leur espèce?
Pourquoi les humains, capables de dialogue et conscients de la puissance meurtrière de leurs armes de destruction massive, continuent-ils à privilégier la compétition et l’affrontement plutôt que la solidarité et la collaboration dans leurs rapports? Comment des dirigeants qui, publiquement, s’évertuent à paraître moraux peuvent-ils accepter de consacrer des centaines de milliards de dollars en armement alors que plus d’un milliard d’humains doivent survivre avec moins d’un dollar par jour et que des millions d’enfants meurent annuellement à cause du manque de nourriture, d’eau potable et de soins médicaux?
Jamais l’humanité n’a été matériellement et financièrement si riche et intellectuellement si douée. Pourtant, jamais elle n’a paru moralement aussi pauvre. Les inégalités, les injustices et la violence physique et psychologique ne semblent pas diminuer, bien au contraire.
La crise humaine et écologique sans précédent à laquelle l’humanité fait actuellement face est le signe le plus évident de la faillite monumentale de l’éducation dans le monde. Les systèmes d’éducation faillent lamentablement dans leur tâche première qui consiste à aider chaque enfant à actualiser le merveilleux potentiel d’humanité dont il hérite en naissant afin qu’il puisse devenir un citoyen du monde autonome et responsable dans sa vie personnelle, professionnelle et sociale.
Une telle faillite morale est compréhensible puisque nous n’avons pas encore cru bon d’élaborer et de diffuser des programmes d’humanisation fondés sur une science et un art du développement humain. Les humains ont merveilleusement réussi à améliorer, par l’agriculture et l’élevage, la qualité des végétaux et des animaux dont ils se nourrissent; ils ont cependant lamentablement échoué à améliorer la qualité des membres de leur propre espèce malgré toutes les connaissances qu’ils possèdent sur le sujet.
Tant que nous n’élaborerons et n’enseignerons pas des programmes d’humanisation pour aider chaque nouvelle génération à actualiser le merveilleux potentiel d’humanité dont elle hérite en naissant, tous nos efforts pour diminuer l’ignorance, la pauvreté, la misère et la souffrance humaines dans le monde ne seront, la plupart du temps, que des coups d’épée dans l’eau comme nous l’a démontré l’histoire. Nous continuerons à nous attaquer aux effets comme c’est le cas présentement plutôt qu’à leur cause principale qui est le sous-développement humain. Pourtant, dans tous les pays démocratiques, nous possédons actuellement tous les experts, toutes les connaissances, toutes les institutions et toutes les conditions pour mettre rapidement en place des programmes d’humanisation. Ne pas s’être encore dotée d’une éducation humanisante est la plus dramatique erreur commise par l’espèce humaine, et elle continue malheureusement de se perpétuer aujourd’hui malgré les conséquences désastreuses.
GASTON MARCOTTE
Professeur associé à la Faculté des sciences de l’éducation et président fondateur du Mouvement Humanisation