Depuis le milieu des années 1990, l’Université Laval, comme toutes les universités occidentales, s’est engagée dans un processus d’internationalisation de ses programmes. Désormais, étudiants et professeurs ont la possibilité de séjourner à l’étranger et de profiter des retombées scientifiques des échanges interculturels. Les directions de programme ont répondu avec beaucoup d’enthousiasme aux demandes de l’Université à cet égard, et ont développé de nombreux échanges inter-universitaires, intégrant ces échanges dans la structure même de plusieurs programmes. Mais voilà que de nouvelles orientations en matière de mobilité internationale nous sont imposées de manière abrupte et inattendue par le Bureau international (BI), orientations qui, selon nous, mettent en péril à la fois l’objectif général de l’Université de favoriser la mobilité étudiante et les engagements que divers programmes ont pris à l’égard de leurs étudiants et leurs étudiantes.
Nous, les signataires de cette lettre, sommes tous et toutes impliqués dans la gestion des programmes de mobilité internationale. C’est nous qui organisons les échanges d’étudiants, nous qui planifions les séjours dans le cadre du cheminement académique de chaque programme, nous qui recevons les étudiants étrangers à Laval et nous qui voyons au bon déroulement des séjours à l’étranger pour les étudiants de Laval. C’est nous qui veillons à la mise en place de nouveaux échanges, nous qui sommes sollicités par les universités étrangères, nous qui reconnaissons les crédits effectués à l’étranger. C’est nous qui aujourd’hui faisons appel à vous, Monsieur le recteur, pour rescaper la mobilité internationale de l’Université Laval.
Le 19 octobre 2006, le BI envoyait aux directions de programme la liste des changements imposés pour la mobilité internationale, dont le « Profil international », fleuron et emblème de l’internationalisation des programmes. Sans tambour ni trompette, sans consultation ni préparation, les freins sont brusquement appliqués à un élan qui a été fortement encouragé par l’Université. La mobilité internationale pour 2007-2008 est sous respirateur artificiel: aucun montant n’est assuré pour l’an prochain! Comment gérer la mobilité internationale pour 2007-2008 sans connaître les ressources mises à notre disposition?
Les critères de participation et les règles de financement sont modifiés sans égard à l’impact différencié sur chaque programme : financement d’un seul semestre, baisse des montants de financement, restrictions eu égard au cheminement académique, perte de reconnaissance de l’aspect interculturel des stages réalisés dans les communautés autochtones, formations langagières éliminées, etc. Les nouvelles orientations du BI ont été faites « mur à mur » pour tous les programmes disciplinaires ou bi-disciplinaires, et ce, sans égard à la qualité des séjours qui sera forcément touchée.... Elles ne tiennent compte ni des engagements que plusieurs programmes ont pris envers leurs étudiants et leurs étudiantes, ni de l’intégration de la mobilité dans la structure de certains programmes, ni du fonctionnement réel de la mobilité internationale. Manifestement, le BI fait fi de ce qui se passe sur le « terrain », ne semblant pas tenir compte de ce que vivent au quotidien nos étudiants engagés dans les programmes de mobilité internationale, ne semblant pas comprendre non plus comment se gère la mobilité internationale dans chaque programme. Or, l’impact des réductions varie pour chacun et si les nouvelles orientations nuisent à tous nos programmes, elles compromettent quelques-uns de manière importante. Le système proposé par le BI nuit à l’objectif d’internationalisation de l’université ainsi qu’aux objectifs plus spécifiques de chaque programme.
Les nouvelles orientations du BI modifient profondément la qualité de l’internationalisation des programmes. Le label. « Profil international » sera désormais appliqué à divers types d’échanges (CREPUQ, Consortium, etc.), niant ainsi la spécificité propre du Profil au profit d’un accroissement artificiel du nombre d’étudiants bénéficiant de cette mention. De label attribué à un projet rigoureusement balisé, le « Profil international » devient une mention fourre-tout, à valeur inégale.
Le BI nous annonce que dorénavant, « les critères de participation et les règles du financement accordé sont sujets à révision à chaque année ». Comment penser que dans une institution qui compte 38 000 étudiants, on planifie à la « petite année »? Comment penser que dans une institution où le baccalauréat s’obtient en trois ans, on soit incapable de prévoir ce qui se fera dans deux ans? Comment penser des structures de programmes sans ressources? Comment planifier la mobilité dans les prochaines années sans tenir compte des engagements pris avec les universités étrangères dans des ententes officielles dûment signées par la vice-rectrice aux études?
Monsieur le recteur, il semble y avoir une baisse importante du financement pour la mobilité internationale à l’Université Laval. Pourquoi, alors, ne pas réduire le financement là où les dégâts sont les moins importants? Pourquoi ne pas « organiser » les réductions là où elles nuisent le moins à la qualité des séjours? Pourquoi ne pas avoir consulté les facultés et les directions de programmes? Pourquoi ne pas permettre des réductions grâce à des règles différenciées mais équitables, en fonction des objectifs de chaque programme et des caractéristiques propres aux universités étrangères avec lesquelles nous travaillons?
Les nouvelles orientations du BI compromettent la mobilité internationale telle qu’elle a été encouragée par la direction de l’Université et telle qu’elle a été organisée par les directions de programme. Elles s’inscrivent en faux contre le discours de recrutement de l’institution dans son ensemble et de celui des divers programmes qui ont inclus la mobilité internationale dans leur structure ou comme cours à option. En péril et de moins en moins de qualité, la mobilité internationale a besoin d’un sérieux coup de barre. Nous espérons, Monsieur le recteur, que vous pourrez rajuster le tir et protéger les programmes existants, sinon dans leur ampleur, au moins dans leur esprit.
Nadir Belkhiter, directeur du programme de Baccalauréat en informatique, Aurélien Boivin, responsable du Profil international pour les programmes en études littéraires, Marie-Andrée Couillard, directrice des programmes de 2e et 3e cycles en anthropologie, Marc Desgagné, responsable de la mobilité étudiante en pharmacie, Anne-Marie Gingras, directrice des programmes de premier cycle en science politique, Steve Jacob, directeur de la Maîtrise en analyse des politiques, Alain Lavigne, directeur des programmes de 2e cycle en communication publique, Irène Roy, directrice des programmes de premier cycle en études théâtrales, Pierre Turcotte, coordonnateur des stages et responsable du Profil international à l’École de service social.
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Il fait bon douter
Le credo scientifique du professeur Cyrille Barette dans le Fil des événements du 9 novembre m’inspire bien des doutes. Comment peut-il affirmer que l’enseignement de la religion est un danger pour les enfants? Si, comme il l’écrit, nous sommes génétiquement disposés à croire, sans les réponses de la religion, l’enfant adorera à nouveau le dieu-soleil et craindra le dieu-tonnerre. Le laisserons-nous dans des aberrations dignes de l’âge de pierre jusqu’à 15 ans?
J’ai, par contre, en haute estime les idées de grands scientifiques comme Einstein ou Planck. Même si la science et la foi ont chacun leur domaine de compétence, leurs réponses s’unissent en l’homme pour faire le lien entre la raison, la volonté et le sentiment. Science et religion doivent se donner la main pour l’avenir de l’humanité et même de notre Terre. Si des formes maladives de religions prolifèrent aujourd’hui à cause de cette séparation entre raison et foi, nombre de projets scientifiques sont tout aussi pathologiques pour la même raison. On n’a qu’à penser aux armes de destruction massive, aux modifications génétiques contestables autant pour les céréales que pour les humains ou aux catastrophes écologiques déjà à nos portes.
Je considère vraiment important de trouver des réponses aux questions que je me pose. En ce sens la science, et en concret pour moi la physique, est passionnante. Ma foi l’est tout autant dans le domaine du sens de ma vie et de l’orientation de mon agir. Je partage le scepticisme d’Heisenberg: «Je doute que les sociétés humaines puissent vivre à la longue sur une base d’une telle séparation nettement tranchée entre le savoir et la croyance.»
CARINE BERTELI CARDOSO
Étudiante en Physique