
Jean Soulard a orchestré les cuisines du Château Frontenac pendant 20 ans. Il est d’ailleurs toujours très occupé à réaliser différents projets, et prend notamment de son temps pour enseigner la cuisine aux enfants. «Voir un enfant concentré sur sa tâche me rend heureux», dit-il.
— Louise Leblanc
D'une durée de trois heures, les ateliers se sont déroulés dans l'immense cuisine atelier de l'INAF, situé au pavillon des Services sur le boulevard Hochelaga. Au menu: sushis de concombre, saumon en écailles vertes et vinaigrette tiède au basilic et papillote à la banane et aux bleuets, pour le dessert. Un menu concocté pour de nombreux avantages, dont celui de ne pas être trop compliqué, révèle Jean Soulard.
«Je souhaitais proposer aux enfants quelque chose de simple, qui ne comportait pas trop d'ingrédients et qui leur permettrait d'expérimenter quelques techniques, comme la cuisson en papillote ou encore la préparation d'une vinaigrette, dit le célèbre chef. Je voulais aussi que les jeunes aient la possibilité de laisser libre cours à leur créativité, que ce soit en jouant avec les aliments ou en décorant les assiettes. Mais le plus important pour moi demeure qu'ils éprouvent du plaisir à cuisiner. C'est d'ailleurs le mot d'ordre que je leur ai lancé!»
Anne Simoneau, une grande jeune fille de 12 ans, aime vraiment beaucoup la formule des ateliers. «Tous les aliments et les ustensiles sont à portée de main et Jean Soulard nous fait une démonstration de tous les plats au début. On est vraiment bien supervisés», indique-t-elle. Pour sa part, Frédérike Turgeon-Savard dit avoir appris à hacher le basilic et les échalotes dans les règles de l'art. Loïc Quirion, lui, maîtrise dorénavant la façon de blanchir des concombres. Sarah-Maude Chartier, 10 ans, est accompagné de son père, Simon Chartier, chargé d'enseignement à la Faculté des sciences de l'administration. «Apprendre à cuisiner est aussi important qu'apprendre à écrire, estime-t-il. Comme parent, on donne à notre enfant des outils pour la vie. Et les ateliers offrent l'occasion peu commune de voir un grand chef comme Jean Soulard à l'œuvre…»
Justement, c'est parce que savoir cuisiner constitue pour lui un savoir précieux que cette fameuse toque ayant orchestré les cuisines du Château Frontenac pendant 20 ans, par ailleurs toujours très occupé à réaliser différents projets, prend de son temps pour enseigner la cuisine aux enfants. «Voir un enfant concentré sur sa tâche me rend heureux. Je vous dirais même que les enfants possèdent parfois plus de compétences que leurs parents», affirme Jean Soulard avec un sourire en coin, avant d'ajouter qu'il se trouve toujours un enfant ou deux dans un groupe dont il reconnaît les talents de cuisinier au premier coup d'œil. «Ceux-là, tu leur enseignes quelque chose et ils sont déjà rendus ailleurs dans leur exploration… C'est un signe qui ne trompe généralement pas pour la suite des choses.»
Les ateliers de cuisine de l'INAF représentent un des volets du camp Aliment'Terre, qui offre depuis 2014 aux jeunes de 10 à 15 ans de la région de Québec de vivre une aventure complète autour de l'assiette durant l'été. Ce camp de jour culinaire est organisé en partenariat avec la Faculté des sciences de l'agriculture et le Jardin Roger-Van den Hende.
Selon Louise Corneau, coordonnatrice du Camp d'été et professionnelle de recherche à l'INAF, les gens sont de plus en plus conscients de l'importance d'acquérir de saines habitudes alimentaires. «On se rend compte que les cours d'économie familiale que l'on offrait autrefois étaient très utiles, souligne la nutritionniste. On s'aperçoit aussi de plus en plus que les connaissances culinaires se perdent et que les mets préparés ne sont pas très bons pour la santé. Dans cette optique, savoir cuisiner et préparer soi-même ses repas sont des aspects essentiels d'une bonne alimentation.»
Rappelons que la cuisine atelier du Complexe de recherche en sciences culinaires et alimentaires de l'INAF est en fonction depuis avril 2018. Cette infrastructure comprend également une salle à manger et un laboratoire d'analyses sensorielles. Le complexe est d'abord destiné à la recherche et est utilisé par des chercheurs en sciences alimentaires, culinaires, en nutrition et en sciences comportementales (physiologie, psychologie) pour mener à bien des projets visant le mise au point de nouveaux aliments savoureux aux propriétés nutritionnelles améliorées. Les projets de recherche portent également sur l'étude des facteurs qui déterminent le transfert de nouvelles connaissances sur les aliments et l'acquisition de saines habitudes alimentaires.
inaf.ulaval.ca




