Le titre de ce livre, publié aux Éditions La Presse, traduit bien la double mission de l'ouvrage et le double parcours de ses auteurs. Le chef Jean Soulard, qui en est à son neuvième livre d'art culinaire, est un sportif accompli qui compte plusieurs marathons et triathlons à son actif. Benoît Lamarche, professeur à l'École de nutrition et chercheur à l'Institut sur la nutrition et les aliments fonctionnels, a participé aux Olympiques de Sarajevo, en 1984, et à ceux de Calgary, en 1988, en patinage de vitesse. Au cours des dernières années, il a lui aussi couru quelques marathons en plus de participer à deux épreuves d'Ironman. Il a aussi fait partie de l'équipe d'experts en nutrition qui a encadré les patineurs de vitesse longue piste du Canada en préparation des Jeux olympiques de Vancouver.
C'est le professeur Lamarche qui a eu l'idée d'écrire un ouvrage mariant plaisirs de la table et nutrition sportive. «Pour réaliser ce projet, j'étais conscient que je devais m'associer à un chef de renom. Je connaissais Jean Soulard de réputation, je l'ai contacté, je lui ai présenté le projet et nous avons convenu de faire un livre qui ne ferait pas la morale aux lecteurs. L'alimentation ne doit pas être une source de stress. Les athlètes subissent déjà beaucoup de pression pour tout faire parfaitement, incluant bien s'alimenter. Boire du vin, prendre une boisson gazeuse ou manger du chocolat est très mal vu par certains dans le milieu du sport. Pourtant, même les athlètes olympiques ont avantage à avoir du plaisir à table parce qu'un sportif performe mieux lorsqu'il est heureux.»
Le Soulard des sportifs s'adresse aussi bien aux gens qui veulent s'assurer d'avoir suffisamment de carburant dans le réservoir pour des sorties de vélo récréatif qu'aux athlètes sérieux qui veulent améliorer leurs performances en optimisant leur alimentation. «Nous ne voulons pas créer d'illusion, prévient Benoît Lamarche. L'alimentation compte dans la performance, mais le succès passe d'abord et avant tout par le talent naturel et par l'entraînement. Par contre, plus tu t'entraînes et plus l'alimentation joue un rôle important dans la récupération et dans la capacité de pousser lors des entraînements. En fin de compte, ça se répercute sur les performances.»
Dans les 100 premières pages de l'ouvrage, Benoît Lamarche présente les principes de base de la nutrition sportive et, à la lumière d'études scientifiques, il départage ce qui est connu de ce qui est incertain dans ce domaine encore jeune et en pleine évolution. Les régimes alimentaires particuliers comme le végétarisme, les régimes sans gluten ou la diète paléolithique y sont analysés en fonction des besoins des athlètes. Les sportifs, tout comme les entraîneurs et les parents, qui s'improvisent parfois experts en nutrition sans en avoir les compétences, y trouveront réponse à leurs questions.
Vient ensuite la section plaisirs de la table qui se décline en 100 recettes préparées par Jean Soulard et amendées selon les recommandations de Geneviève Masson, nutritionniste et étudiante-chercheuse à l'École de nutrition. On n'y trouve aucune indication sur le contenu calorique ou la teneur en glucides, lipides et protéines des plats. «Les recettes sont regroupées en fonction des activités physiques pratiquées, explique Benoît Lamarche. Nous utilisons quatre logos: le chameau pour les épreuves d'endurance, le chameau plus pour la très longue endurance comme les triathlons, le lion pour les épreuves de puissance comme le hockey ou le soccer, et le papillon pour des disciplines artistiques comme la gymnastique ou la danse.»
La rédaction de ce livre a exigé 18 mois, une somme considérable de travail pour un chercheur comme Benoît Lamarche, dont les semaines sont déjà bien remplies. Pourquoi s'être lancé dans pareille aventure? «Un jour, j'ai décidé que je voulais écrire un livre, par défi, comme on décide de faire un marathon. J'ai constaté qu'il n'y avait pas d'ouvrage en français qui conjuguait les plaisirs de la table, la nutrition et le sport dans un langage accessible à tous. Comme professeur universitaire, je forme des étudiants, je fais de la recherche et je publie dans des revues scientifiques, mais il y a peu de retombées tangibles dans la société à court ou à moyen terme. En écrivant ce livre, je voulais être utile immédiatement, mettre mon expertise au service des gens, les guider dans leurs choix, en m'adressant à eux directement.»