
Le Parlement francophone des jeunes des Amériques s'est déroulé en partie au Salon bleu de l'Assemblée nationale du Québec. Sur la photo, Philippe Dubois est assis sur le siège du président de l'Assemblée nationale. Cécile Gagnon est devant lui, à l'extrémité de la table.
— Centre de la francophonie des Amériques / Jean Rodier
Du 8 au 15 juillet, près de 90 leaders de la francophonie, des étudiants et de jeunes professionnels en provenance de 20 pays, étaient réunis à Québec pour prendre part à une expérience politique inédite. Entre le Salon bleu de l'Assemblée nationale du Québec et le campus de l'Université Laval, ces jeunes francophones ont vécu un exercice de simulation parlementaire basé sur une formation sur la gouvernance et l'action citoyenne. Au cours de cette expérience de démocratie, ils ont partagé et renforcé leurs connaissances sur la relation entre le politique, la société et les médias.
«Philippe et moi avons commencé dès le cégep à participer à des simulations, poursuit-elle. Après la grève étudiante générale de 2012, je voulais mieux comprendre le fonctionnement du processus d'adoption d'une loi.»
En commission ou en session de travail, la plupart des participants ont débattu de trois projets de loi. Ces projets portaient sur la sécurité et le maintien de l'ordre public, sur l'égalité des chances et sur la réduction des effets des changements climatiques.
«Le premier projet sur la radicalisation n'a pas passé, indique Cécile Gagnon. Le second, sur l'égalité pour tous, a passé à l'unanimité. Enfin, celui sur la réduction des gaz à effet de serre par le recours à l'énergie nucléaire est resté à 50-50 tout au long du processus. Son contenu a été beaucoup modifié. Il a passé par une voix de majorité. Ce projet de loi a permis de faire comprendre l'importance de chaque vote.»
Dans chaque cas, le porteur du dossier pilotait son projet en fonction de la circonscription qu'il représentait. En tout, 70 participants représentaient 70 circonscriptions couvrant l'entièreté des trois Amériques. Ainsi, le député de la circonscription États-Unis Sud-Est était porteur du projet de loi sur la sécurité et le maintien de l'ordre public. La députée de la circonscription Chili, quant à elle, était responsable du projet sur l'égalité des chances. D'autres participants faisaient partie du volet action citoyenne. Leur rôle consistait à influencer les discussions menées par le volet parlementaire. Enfin, les membres du volet média posaient des questions de nature journalistique. Tous étaient en constante interaction. Les uns et les autres se sont familiarisés avec le processus d'adoption d'un projet de loi.
«J'ai été étonné de voir à quel point les gens ont pris leur rôle très au sérieux, souligne Philippe Dubois. Il y a eu des négociations jusqu'à trois heures du matin sur tel ou tel amendement dans le but de changer tel ou tel article de loi.»
Trois organisations ont apporté leur expertise aux parlementaires. Parmi elles figure la Chaire de recherche sur la démocratie et les institutions parlementaires de l'Université Laval. Elle a contribué à la préparation des participants par une formation en ligne de niveau universitaire sur le parlementarisme.
En 2014, les deux étudiants ont joué un rôle clé au sein du premier Parlement francophone des jeunes des Amériques. Philippe Dubois était vice-président de l'assemblée, Cécile Gagnon était chef de l'opposition officielle. Cette année, ils ont occupé respectivement les fonctions de président du Parlement et de secrétaire de commission.
«J'ai été agréablement surpris par mon expérience de 2014, rappelle l'étudiant. J'ai aimé confronter mes acquis avec ceux des autres. La gauche cubaine, brésilienne et québécoise sont des mondes différents.» Avec 5 autres participants, Philippe Dubois et Cécile Gagnon formaient le Cabinet. À ce titre, ils ont pris part à l'élaboration et à la rédaction des 3 projets de loi. Les membres du Cabinet ont encadré et soutenu les participants du volet parlementaire. Ils ont aussi favorisé la synergie entre les 3 volets de participation. «Nous devions nous assurer que tout le monde ait le droit de parole et comprenne bien le projet de loi, explique l'étudiante. Nous avons aidé les participants à rédiger des discours. Nous leur avons montré comment écrire un bon amendement.»
Des conférences, des tables rondes et des ateliers ont enrichi l'expérience parlementaire. Florian Sauvageau, professeur émérite associé au Département d'information et de communication de l'Université Laval, était l'un des conférenciers. L'ancienne garde des Sceaux et ministre de la Justice française, Christiane Taubira, a prononcé la conférence de clôture. «J'ai eu un coup de cœur en l'écoutant, mentionne Cécile Gagnon. Elle reflète bien l'esprit de la francophonie. Elle est née en Guyane, elle est francophone, c'est une femme. Elle est inspirante sur plusieurs plans.»
Selon Philippe Dubois, les participants ont vécu une semaine intense. «Les liens entre les personnes se sont tissés très rapidement, dit-il. On avait l'impression de se connaître depuis 10 ans.» L'expérience a donné à Cécile Gagnon le goût de voyager dans les Amériques. «Je veux particulièrement voir ce qui se passe en Louisiane afin de comprendre les luttes quotidiennes de ses habitants.»
Le Parlement francophone des jeunes des Amériques est une initiative du Centre de la francophonie des Amériques. Il vise à augmenter la proportion de citoyens qui participent au débat public.
Visionnez les débats captés à l'Assemblée nationale.