
Pour établir ses recommandations, la Chaire a réalisé une étude comparative des pratiques entourant la gestion des permis de guide dans le monde, l'analyse d'une trentaine de mémoires et la tenue de trois tables de discussion avec des partenaires de l'industrie.
— Yves Hélie
Pour établir leurs recommandations, les chercheurs ont tablé sur un processus rigoureux et exhaustif comprenant une étude comparative des pratiques entourant la gestion des permis de guide dans le monde, l'analyse d'une trentaine de mémoires et la tenue de trois tables de discussion avec des partenaires de l'industrie.
«Une industrie en pleine transformation comme celle du tourisme ne peut que bénéficier d'un regard élargi porté sur son écosystème pour répondre aux questions qui la préoccupent», affirme la directrice scientifique de la Chaire et professeure au Département de géographie, Pascale Marcotte. C'est dans cette optique qu'elle et le titulaire de la Chaire, Laurent Bourdeau, ont soumis deux suggestions concrètes à la Ville, le 24 octobre, à l'issue d'un mandat mené durant huit mois.
D'abord, maintenir le permis de guide qu'elle accorde actuellement, en prévoyant l'ajout d'une catégorie supplémentaire de permis pour accommoder les entreprises qui souhaitent former leurs guides. Ensuite, mettre sur pied une table de concertation autour de ces enjeux. «Les partenaires touristiques doivent se doter de moyens qui facilitent les discussions afin de déterminer ensemble les critères de compétence qui définissent leur industrie», estime Pascale Marcotte.
Concernant cette seconde recommandation, qu'elle juge fort pertinente, la Ville de Québec n'a pas tardé à engager des actions pour la concrétiser. «Nous voulions mandater des experts qui sachent établir des liens entre la théorie et les données réelles et, en ce sens, nous sommes très satisfaits», affirme la vice-présidente du comité exécutif de la Ville de Québec, Julie Lemieux. Elle s'est dite rassurée d'apprendre notamment, grâce aux travaux de la Chaire, que partout sur la planète les villes rencontraient des défis semblables.
Les analyses de la Chaire ont également permis de cibler plusieurs réalités changeantes du tourisme à Québec dont l'industrie devra tenir compte. «Par exemple, la clientèle chinoise gagne en importance alors qu'il y a une pénurie de guides parlant cette langue», mentionne Pascale Marcotte. La chercheuse tient à préciser qu'il n'existe pas de solutions magiques pour répondre à tous ces nouveaux besoins. «Par contre, nous pensons que les notions d'accueil et de compétences sont au coeur d'un avenir touristique porteur».
Depuis son lancement en mai 2015, la Chaire de recherche sur l'attractivité et l'innovation en tourisme – Québec-Charlevoix se situe au confluent d'un domaine en pleine ébullition. «Que le milieu touristique se tourne vers les chercheurs pour l'aider à prendre ses décisions est une chose relativement nouvelle, indique Pascale Marcotte. Dans un contexte de mondialisation, et considérant que les attentes des clients s'affinent et se multiplient, il s'avère plus que jamais nécessaire de professionnaliser le domaine et de fournir des données probantes pour l'aide à la décision stratégique.» Voilà qui est très stimulant pour les chercheurs: «C'est un secteur très vivant qui fait appel à des spécialités aussi variées que l'économie, la géographie, la sociologie», ajoute la professeure.
Selon elle, un exercice comme celui effectué pour le compte de la Ville de Québec est non seulement stimulant, «parce qu'on sait qu'il aura des applications très concrètes, mais de plus, les données recueillies et les observations réalisées sur le terrain pourront servir à alimenter une foule de recherches à venir», se réjouit-elle.