
Réunissant plus de 150 invités et experts de par le monde, dont une délégation de l'Université, le Sommet se voulait une occasion unique de réfléchir et d'échanger sur les meilleures pratiques à adopter pour améliorer la qualité de vie en ville.
— Idaho National Laboratory
Santé, économie, planification urbaine, transport collectif, utilisation des ressources et éducation comptent parmi les grands thèmes qui y ont été abordés. «Plus de la moitié des habitants de la planète vivent désormais en milieu urbain, note Marie-Andrée Doran, adjointe au vice-recteur et présidente de la Commission consultative du Sommet. La qualité de vie en ville revêt donc une importance capitale pour l'avenir.» Or, l'Université Laval est un leader dans ce domaine, précise celle qui était présente au Maroc également à titre de conférencière et de directrice sortante de l'Institut Technologies de l'information et Sociétés de l'Université (ITIS).
Depuis 2009, l'ITIS s'intéresse de près à la question des villes intelligentes. Les deux tiers des 150 chercheurs affiliés à cet institut, devenu un véritable chef de file, se penchent sur ce sujet dans des domaines aussi variés que l'ingénierie, les médias, la culture, l'ethnologie, la santé, l'éducation, etc. Leur renommée est telle qu'elle a rendu possible ce partenariat unique avec l'Université Al Akhawayn, un établissement prestigieux qui trie ses collaborations sur le volet. «Laval est la première université québécoise qui jouit d'un tel contact», note avec un brin de fierté Marie-Andrée Doran. Sylvie Daniel, directrice par intérim de l'ITIS, s'est jointe également à la délégation. Elle est intervenue notamment pour présenter ses travaux sur les technologies 3D et la médiation urbaine. «Dans le contexte des villes intelligentes, les initiatives doivent être mises en oeuvre pour et avec les citoyens. De par son expérience et l'expertise de ses chercheurs, l'ITIS peut accompagner les villes à bien intégrer ces considérations».
Pour sa part, Sehl Mellouli, professeur-chercheur à la Faculté des sciences de l'administration, a abordé la question de la gouvernance de la ville intelligente et des enjeux s'y rapportant. Titulaire de la Chaire d'excellence en recherche du Canada sur l'innovation en photonique, Younès Messaddecq, professeur au Département de physique, de génie physique et d'optique, compte aussi parmi les conférenciers.
L'expérience revêt un caractère spécial pour ce Marocain d'origine, dont une partie des travaux consiste à développer l'utilisation de la fibre optique en vue de maximiser le mieux-être des individus au quotidien. «Plusieurs associent cette technologie au seul domaine des communications, mais son potentiel est beaucoup plus large», soutient ce chercheur qui travaille dans des domaines tels que la santé, l'environnement, l'économie d'énergie et l'agriculture. «Avec l'expansion des villes, l'agriculture représente un défi de taille au Maroc. J'ai expliqué comment des senseurs optiques permettent une analyse des sols à faible coût pour une culture plus efficace. J'ai également proposé une méthode simple pour transformer l'énergie solaire, omniprésente là-bas, en potentiel électrique», poursuit-il.
Campus intelligent
Sur le plan de l'intelligence, l'Université Laval n'est pas en reste. Découlant du concept de ville intelligente, l'idée d'en faire un «campus intelligent» émerge, le fondement en étant la mise en ligne de plus de 600 cours et une démarche structurée en développement durable. «Avec 48 000 étudiants et des milliers d'employés, nous sommes une ville dans la ville, indique Nicole Lacasse, vice-rectrice associée aux études et aux activités internationales. En apprenant à faire les choses différemment, des microsociétés comme la nôtre peuvent avoir de réelles retombées sur leur ville d'appartenance et entraîner un changement.»
Aussi conférencière au sommet, Nicole Lacasse profitera de son passage au Maroc pour contribuer au développement du concept de campus intelligent et pour proposer à l'Université d'Al Akhawayn un partenariat sous cet angle particulier. La vice-rectrice associée entend aussi établir des ponts avec cet établissement réputé pour favoriser les études interuniversitaires. «Nous avons beaucoup à gagner de ces échanges étudiants», conclut-elle.
Qu'est-ce qu'une ville intelligente?
En bref, explique Marie-Andrée Doran, c'est une ville qui intègre de manière optimale les nouvelles technologies de l'information et de la communication (TIC) dans la gestion et la coordination de ses activités afin d'augmenter la qualité de vie de ses citoyens. Les applications possibles, souvent très pratico-pratiques, sont infinies et peuvent aller de la gestion de la qualité de l'eau à celle des déchets, du patrimoine culturel, du transport collectif ainsi qu'à l'aménagement des espaces publics. Tout cela dans l'esprit du développement durable.
À titre d'exemple, Nice a mis sur pied un réseau de capteurs sur les voies publiques qui permet aux automobilistes de connaître en temps réel les places de stationnement vacantes. Résultat: moins de congestion et une diminution des émissions de carbone. À propos de modèles, la ville de Québec se démarque elle aussi. Grâce à l'ITIS qui l'a étroitement accompagnée dans sa démarche, elle figure depuis février 2012 au septième rang du palmarès international des villes intelligentes tel que compilé par l'Intelligent Community Forum (ICF). La revitalisation du quartier Saint-Roch autour de la thématique des technologies et l'installation de 500 bornes d'accès public à Internet sont au nombre de ses avancées.