
La cohorte 2019-2020 des boursiers leadership et développement durable avec des représentants de l’Université Laval. Cette année, ces étudiantes et étudiants ayant entrepris un programme régulier de 1er, 2e ou 3e cycle se sont partagé un montant total de 634 000$ versé par six donateurs.
— Jean Rodier
La dixième cérémonie de remise des bourses de leadership et développement durable s’est déroulée le lundi 25 novembre au Grand Salon du pavillon Maurice-Pollack. À cette occasion, une cinquantaine d’étudiantes et d’étudiants ayant débuté un programme régulier de 1er, 2e ou 3e cycle se sont partagé un montant total de 634 000$ versé par six donateurs. Les boursiers ont été sélectionnés sur la base de critères tels que le leadership, l’esprit d’initiative, l’engagement dans la société et les réalisations exceptionnelles. En 10 ans, le Programme de bourses de leadership et développement durable aura versé plus de 9 000 000$. La gestion du programme a été confiée au Bureau des bourses et de l’aide financière.
Simon Delisle – Leadership entrepreneurial

— Jean Rodier
Emerge. C’est le nom du plus récent organisme à but non lucratif (OBNL) cofondé par Simon Delisle, un étudiant inscrit à la maîtrise en génie mécanique. Lancé l’été dernier, Emerge a pour mission de créer des synergies entre de jeunes entreprises en démarrage, des professionnels d’expérience et des étudiants.
«Nous collaborons avec les jeunes entreprises innovantes à caractères social et environnemental qui ont besoin de soutien stratégique ou opérationnel, explique l’étudiant. Nous leur joignons des professionnels passionnés et des étudiants en entreprise désireux de sortir de leur zone de confort. Le concept de cet OBNL présente des avantages certains. Les jeunes entrepreneurs ont accès à nos services à peu de frais. Les mentors, qui chapeautent les mandats dans de jeunes entreprises innovantes, sont en contact avec la main-d’œuvre de demain. Et les étudiants vont beaucoup plus loin durant leur expérience en entreprise en étant imputables des résultats et responsables de mandats généralement réservés à des professionnels ayant plusieurs années d'expérience.»
Le jour de l’entrevue, des représentants d’Emerge ont donné une formation sur l’intelligence émotionnelle en gestion de projet aux étudiants-entrepreneurs encadrés par Entrepreneuriat Laval. Les cofondateurs d’Emerge font partie de cette cohorte.
Le frère de Simon Delisle, Jean-Philippe, inscrit au baccalauréat en génie industriel, a cofondé Emerge. «Nous faisons vraiment un travail d’équipe», affirme Simon. Ensemble, ils ont notamment fondé E-nov. Cet OBNL vise à aider les entreprises en phase de croissance à aller plus loin dans leur développement, jusqu’à atteindre l’excellence organisationnelle et opérationnelle.
Simon Delisle siège également au conseil d'administration d'Au trait d'union, un organisme actif dans la persévérance scolaire au secondaire. Cet OBNL vient en soutien aux élèves en situation de décrochage ou très près de décrocher.
Au fil des projets, la fibre entrepreneuriale a vibré de plus en plus fort chez les deux frères Delisle. «Il y a deux ans, raconte le boursier, l’idée de devenir entrepreneurs, de créer une entreprise, c’était épeurant. On ne savait pas par quel bout commencer. Maintenant, dès que nous avons une idée, notre premier réflexe est de regarder si l’idée est déjà exploitée par quelqu’un. Ensuite, on se demande si on a les capacités de répondre à ce besoin. Si le champ est libre, peut-on faire quelque chose? L’esprit entrepreneurial est vraiment ancré dans notre façon de voir les choses.»
Les deux entrepreneurs ont une préférence pour les jeunes entreprises innovantes à caractère social et environnemental. L’agriculture urbaine, la collecte de matières résiduelles sont des exemples de secteurs qui les attirent. Ils croient en ce type d’entreprises et veulent les aider à générer de la valeur. Récemment ils ont questionné leurs valeurs d’entrepreneurs. Ils ont discuté du concept d’innovation responsable. Leur mission demeure: aider et soutenir avec passion des entreprises qui ont une influence sur la société.
Les deux étudiants-entrepreneurs ont aussi un pied à l'étranger. Ils ont cofondé OBT International, un organisme qui vient en aide à une école en milieu rural au Cambodge. «Durant un voyage, rappelle Simon Delisle, mon frère vivait dans une petite communauté et il avait remarqué un problème dans les sommes d’argent envoyées de l’étranger pour le fonctionnement de l’école locale. Les frais bancaires étaient élevés. Nous avons créé une structure afin de maintenir les frais à un niveau raisonnable.»
D’autres boursiers se démarquent
Alice Guéricolas-Gagné – Leadership artistique

— Jean Rodier
Alice Guéricolas-Gagné est inscrite à la maîtrise en études littéraires. L’an dernier, elle recevait le prix Robert-Cliche du premier roman pour Saint-Jambe, un récit qui s’inspire de son quartier de naissance, Saint-Jean-Baptiste, à Québec. «C’était une très grande reconnaissance pour moi, dit-elle, d’autant plus que j’y travaillais depuis environ cinq ans. Au départ, les textes ont circulé en fanzines, de petite publications autoproduites, puis je les ai colligés et retravaillés pour former le roman.»
Ses productions artistiques, la lauréate est souvent portée à en créer les cadres, en collaboration avec d’autres, qu’il s’agisse de jouer un spectacle sur le parvis d’une église ou bien d’organiser une exposition dans les fenêtres de son quartier. «Pourquoi créer de tels cadres? demande-t-elle. Parce que les contextes institutionnels sont parfois insuffisants, pas assez ouverts sur la communauté et l’“art pauvre”. Je rêve d’un art démocratisé et libérateur, qui s’immisce partout, en tout temps.»
La réalisation qui lui a apporté le plus de satisfaction est la tournée d’un spectacle de rétroprojections et poésies qu’une complice et elle ont effectuée en France à l’été 2018. «Le fait, explique-t-elle, de jouer dans des lieux divers - salons, squats politiques, parcs, bars – m’a amenée à pratiquer ma polyvalence, qualité essentielle à l’exercice de tout art, il me semble. Cette tournée m’a donc à la fois formée et confirmée dans mon choix de trajectoire.»
Et l’engagement social? «J’espère apporter des bonnes choses à la société tout au long de ma vie, répond-elle. De plus en plus, je tente d’inclure la communauté dans mes projets. Je suis animée par un idéal de justice social qui doit se conjuguer avec mes productions artistiques. Je fais le pari d’essayer d’aider les gens à trouver un peu d’espoir et de rêve.»
Moustapha Kane – Leadership environnemental

— Jean Rodier
Début janvier, le Département des sciences du bois et de la forêt accueillera un nouvel étudiant en provenance du Sénégal: Moustapha Kane. Inscrit à la maîtrise en agroforesterie, celui-ci est président de la commission scientifique de l’Association des jeunes environnementalistes de son pays. Son principal fait d’arme? Avoir contribué à la réhabilitation totale et à la protection d’une mangrove.
«Favoriser une gestion durable de l’écosystème de la mangrove, explique-t-il, passe par le reboisement à l’aide de semences, ou propagules, mais aussi par la formation et la sensibilisation des femmes à utiliser des techniques de prélèvement qui protègent les arbres. L’accomplissement de cette mission m’a apporté le plus de satisfaction, car je considère tout écosystème de mangrove comme un patrimoine mondial, notamment du fait de sa valeur économique et de sa capacité à stocker le CO2 atmosphérique.»
Un autre fait d’arme du lauréat a consisté, par de judicieux conseils, à amener les producteurs d’huîtres de sa région d’origine à améliorer leurs pratiques de manière à diminuer leur empreinte environnementale.
Par sa détermination et sa créativité, Moustapha Kane contribue à l’atténuation des changements climatiques. Il aime prendre des décisions et aussi anticiper les risques pour mieux persévérer et atteindre ses objectifs.
«Éduqué dans le social, le partage et la tolérance, souligne-t-il, je vais continuer dans la même dynamique durant toute ma vie.»
Pascale Laveault-Allard – Leadership scientifique

— Jean Rodier
La lauréate est candidate à la maîtrise en économique. Elle n’est pas de celles qui entament de grands projets. Elle aime plutôt offrir ses compétences, son engagement et son dynamisme à des organisations déjà en place et utiliser ses habiletés pour toucher davantage de gens.
Pascale Laveault-Allard a eu un cheminement atypique qui marie les sciences sociales et les sciences de la santé. Au cours d’un stage, elle a conçu un outil de transfert des connaissances en économie de la santé et en évaluation économique sous forme de capsules narrées. Cet outil permet aux étudiants en santé, en administration et en économie de mieux comprendre des enjeux liés à l’économie de la santé.
«Je dirais que ce dont je suis le plus fière, explique-t-elle, c’est d’avoir réussi à toujours être engagée tout au long de mon parcours. L’engagement a toujours été important pour moi. Je m’implique dans différents organismes depuis le primaire et en débutant l’Université, j’avais peur d’avoir moins de temps pour faire du bénévolat ou organiser des événements. Je suis aussi fière d’avoir diversifié mes implications. J’ai goûté au monde des associations étudiantes dans les deux baccalauréats où j’ai étudié et j’aime le rôle de représentation des intérêts qui y est associé.»
La boursière aime le fait de mener des projets en groupe, d’avoir un but commun et de sentir que ses actions et ses engagement se reflètent dans des retombées concrètes. Elle aime aussi le sentiment d'être utile pour les autres.
Fera-t-elle de l’engagement social toute sa vie? «Oui! répond-elle. Sans aucun doute. J’aime me sentir utile, relever des défis et me remettre en question. Je ne me vois pas seulement travailler de 9 à 5, rentrer chez moi et ne rien faire d’autre. J’ai besoin de m’engager pour m’épanouir.»
Nicolas Massereau – Leadership social/humanitaire

— Jean Rodier
Nicolas Massereau est Français. Lorsqu’il était inscrit à la maîtrise en administration publique dans son pays d’origine, il a coorganisé un colloque à l’Assemblée nationale sur la coordination des services de secours et de sécurité. De cette époque datent aussi son emploi comme chargé de projet à la préfecture de police de Paris et son passage à la brigade de sapeurs-pompiers.
«S’il est une reconnaissance à laquelle je dois beaucoup, c’est celle que j’ai reçue à l’issue d’une intervention difficile lorsque j’étais pompier à Paris, raconte-t-il. Le général de la brigade m’a remis une lettre de félicitations pour ma participation au sauvetage et à la réanimation cardio-pulmonaire de deux personnes en arrêt cardiaque à leur domicile, intoxiquées au monoxyde de carbone.»
Maintenant inscrit à la maîtrise en philosophie, le lauréat prolonge ses engagements sociaux par des recherches dans cette discipline. Reconnu pour sa rigueur intellectuelle et sa capacité à mener de front de nombreuses activités, il n’hésite pas à s’impliquer activement dans la recherche de solutions aux problèmes de société auxquels il fait face.
«S’il est une réalisation particulière que je puisse mentionner, explique-t-il, c’est peut-être aujourd’hui mon investissement au travers de mes recherches de maîtrise de philosophie qui, aussi paradoxal que cela puisse paraître, viennent investir directement mes réalisations passées.»
Le leadership, le boursier le définit comme une manière singulière de se questionner sur le monde et d’en proposer des variations et des formes nouvelles. «J’aime le leadership pour cela, dit-il, pour le terrain d’exploration et d’invention qu’il ouvre dans la société.»
Frédérique Vézina – Leadership sportif

— Jean Rodier
La lauréate a brillé il y a quelques années comme skieuse de fond de calibre international, représentant le Canada lors de quatre championnats du monde junior et des moins de 23 ans. La réalisation qui lui a apporté le plus de satisfaction comme athlète? «Je dirais que ce n’est pas une coupe du monde ou un championnat du monde auxquels j’ai participé, répond-elle, mais mon premier podium en course nord-américaine après que j’aie eu une saison sans skier en raison d’un problème de santé. Revenir au sommet de ma forme m’a apporté une énorme satisfaction.»
Selon Frédérique Vézina, le sport, les études et l’engagement social sont complémentaires. Le moins que l’on puisse dire est qu’elle incarne très bien cette vision des choses. Membre du conseil d’administration du Comité des femmes de Nordiq Canada, elle a mis sur pied un programme de mentorat pour jeunes skieuses d’élite dans tout le pays. Elle coordonne également un club de ski de fond qu’elle a cofondé dans le Nord du Québec. Elle est aussi ambassadrice de Rapides et radieuses, une fondation de ski de fond d’envergure nationale.
«La résilience, c’est ce que j’essaie de partager, notamment aux filles du programme de mentorat, souligne cette doctorante de premier cycle en médecine. Je crois que tout est possible.»
La boursière a commencé le bénévolat de façon toute naturelle. «Continuer de donner au suivant et de repousser mes limites me semblent de bons objectifs, poursuit-elle. Bientôt, je serai médecin dans un domaine qui me passionne et j’ai très hâte. J’ai l’intention de continuer à garder un équilibre de vie sain et actif toute ma vie et surtout de donner envie aux gens de faire de même! Qui sait où tout cela va me mener?»
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