
«Le choix de Québec et de l'Université Laval vient reconnaître et appuyer la position très forte de l'Université en développement de l'entrepreneuriat», affirme la professeure Maripier Tremblay, du Département de management. Titulaire de la Chaire en entrepreneuriat et innovation, celle-ci est intervenue à quelques reprises durant le congrès. «L'Université, poursuit-elle, a toujours été à l'avant-garde en ce domaine.»
La première table ronde s'est déroulée sur le thème «Communauté entrepreneuriale: de la vision à l'action», ou comment il est possible de développer un milieu soutenant, intégré, pour que des projets d'entreprises voient le jour. Les échanges ont porté sur la Ville de Québec, l'un des partenaires de l'Université dans la tenue de l'événement. «Par exemple, la Ville a créé un fonds d'aide pour les entreprises en démarrage», indique la professeure Tremblay.
La mondialisation, ce processus d'intégration des marchés, est entrée dans une phase tumultueuse depuis la crise financière planétaire de 2008. La croissance économique a ralenti, la structure économique mondiale a subi une forte mutation et les projets d'accords de libre-échange se sont multipliés.
Selon Maripier Tremblay, ce contexte crée à la fois des défis et des occasions d'affaires pour les entreprises, en particulier pour les PME, ces sociétés de moins de 250 employés reconnues comme le moteur de l'innovation et de la création d'emplois. L'une des conséquences est que les entrepreneurs sont plus que jamais interpellés afin d'être présents sur les marchés étrangers. «C'est une préoccupation grandissante, soutient-elle. Certains entrepreneurs ont la volonté que leur entreprise se développe sur les marchés locaux et nationaux, et éventuellement à l'international. D'autres doivent rapidement aller à l'étranger parce que c'est là que se trouvent leurs clients. Comme établissement d'enseignement, nous pouvons transmettre aux entrepreneurs des notions qui vont leur permettre d'éviter les pièges, de faire des choix censés et logiques et de prendre des décisions qui vont soutenir leur vision à plus ou moins long terme.»
Le professeur Zhan Su, du Département de management et titulaire de la Chaire Stephen-A.-Jarislowsky en gestion des affaires internationales, pilotait le comité organisateur du congrès. Ses interventions durant l'événement ont tourné autour de l'entrepreneuriat dans les pays en développement. «Je voyage souvent en Afrique, explique-t-il. On dit qu'il s'agit du continent de l'avenir à cause de l'abondance de ses ressources naturelles et de la croissance rapide de sa population. Le problème est que les caractéristiques économiques d'aujourd'hui sont les mêmes qu'il y a une trentaine d'années: la pauvreté, l'économie informelle et le microcrédit.»
Selon le professeur, les pays en développement en général font face aux mêmes défis, l'un d'eux étant l'économie informelle qui échappe à la régulation de l'État. «Les gens qui veulent être des acteurs économiques, dit-il, font parfois face à des contraintes bureaucratiques comme obtenir des autorisations de 12 ou 15 organismes de contrôle, des contraintes telles qu'ils préfèrent se tourner vers l'économie informelle.»
Dans ces pays, rares sont les politiques de soutien au développement entrepreneurial qui soient efficaces. «Souvent, poursuit Zhan Su, on se contente de donner de l'argent. Une solution serait de trouver une façon de développer certaines compétences entrepreneuriales pour que les gens puissent éventuellement se comporter comme de vrais acteurs économiques.»
Des géants économiques tels la Chine, l'Inde et le Brésil sont de plus en plus présents en Afrique. «La présence de ces acteurs étrangers, souligne-t-il, crée parfois un effet négatif sur les forces de développement local. La structure du marché n'est pas très favorable à l'égard des entrepreneurs locaux.»

Photo prise dans une coopérative agricole du Burundi, en 2015, par le doctorant Ado Abdoulkadre lors de sa collecte de données en Afrique.
Photo: Ado Abdoulkadre