Après l’Islande, l’Écosse, les petites Antilles et les Açores, le cours Excursion géologique s’est déroulé, en janvier dernier, au Maroc. Pendant près de deux semaines, et suivant un horaire très chargé, 11 étudiantes et étudiants, la moitié inscrite au baccalauréat en géologie, l’autre au baccalauréat en génie géologique, ont sillonné en long et en large ce pays d’Afrique du Nord. Du socle rocheux qui affleure en surface du sol jusqu’à la chaîne de montagnes aux pics rocheux enneigés, des sites miniers au désert de sable, les étudiants ont multiplié les visites sur le terrain qui leur ont permis de découvrir diverses facettes de la géologie régionale. Un professeur, Marc Constantin, ainsi qu’un responsable de travaux pratiques et de recherche, Guillaume Allard, les accompagnaient.
«Ce voyage a été fascinant», affirme Marie-Pier Carrier, étudiante de troisième année au baccalauréat en génie géologique. Selon elle, les voyageurs ont fait «un gros road trip». «Nous avions une immense carte géologique relativement précise sur laquelle nous suivions notre progression», poursuit-elle.
Magmatisme, déformations dans la croûte terrestre, quaternaire, géologie sédimentaire, hydrogéologie: l’excursion a servi à mettre en pratique diverses notions de géologie et de génie géologique vues dans le cadre de différents cours.
Le voyage doit une partie de son succès à la contribution de professeurs de l’Université Ibn Zohr, à Agadir. «Deux professeurs connaissaient les meilleurs endroits pour voir des affleurements», souligne l’étudiant Charles Pelletier, également en troisième année du baccalauréat en génie géologique. «Ces professeurs nous ont aussi mis en contact avec des collègues spécialisés en sédimentologie, en roches ignées, en hydrogéologie. À cette université, nous avons également rencontré des étudiants à la maîtrise et au doctorat.»
Le matin, les étudiants et leurs accompagnateurs se levaient à une température de moins quatre degrés Celsius. Le jour, celle-ci grimpait à 20 degrés. Chacun des étudiants avait la responsabilité d’une journée et présentait au groupe, le matin, les activités du jour. Marie-Pier Carrier a fait son exposé sur la formation de la chaîne montagneuse intracontinentale du Haut et du Moyen Atlas. Elle a fait mention des pics rocheux, des escarpements prononcés, et parlé du Djebel Toubkal qui domine à 4165 mètres d’altitude. Charles Pelletier, pour sa part, a donné des explications sur les sources thermales que l’on trouve là-bas.
Des fossiles et des météorites
Un des temps forts du voyage s’est passé près de la petite ville de Merzouga, dans les dunes de sable du Sahara. Il existe deux zones de dunes de sable dans le désert marocain. Celle de Merzouga fait 22 kilomètres de long. Les plus hautes dunes culminent à moins de 200 mètres. On peut les voir à perte de vue.
«Nous allions voir les dunes, leurs structures sédimentaires, raconte Marie-Pierre Carrier. Le professeur marocain qui nous accompagnait nous a initiés au désert. Ensuite, il nous a suggéré une promenade à dos de dromadaire.»
Les excursionnistes ont aussi visité un des sites les plus réputés du Maroc pour l’observation d’ichnofossiles, soit les traces d’activité biologique fossilisées. Sur la plage d’Anza, aux environs d’Agadir, ils ont notamment observé une empreinte dans la pierre provenant de la patte à trois orteils d’un dinosaure.
«Ces empreintes ont été découvertes il y a quelques années, explique-t-elle. Les pattes de ces dinosaures avaient trois ou quatre orteils. Ces animaux mesuraient de deux à quatre mètres de long.»
La visite de deux mines en activité était au programme. L’une d’elles, la mine d’argent Imiter, est située sur le flanc d’une des plus grandes structures volcaniques de l’Anti-Atlas. Il s’agit d’une carrière à ciel ouvert à partir de laquelle s’ouvrent plusieurs galeries. L’autre est la mine de cobalt de Bou Azzer. «Cette mine, poursuit Charles Pelletier, est située au centre de l’Anti-Atlas. Elle possède des gisements d’arsenic, de nickel et d’or. Je n’étais pas dépaysé à descendre dans la mine, j’étais plutôt dans mon élément. Au fil des ans, j’ai visité plusieurs mines. L’été dernier, j’ai travaillé dans une mine au Nunavut.»
Ultime étape du voyage: la visite du Musée universitaire de météorites, affilié à l’Université Ibn Zohr. La collection comprend plus de 100 échantillons. D’autres sont des roches terrestres modifiées par l’impact d’une météorite. Le Maroc est considéré comme l’un des meilleurs endroits au monde où trouver des météorites. Beaucoup tombent dans le désert. Au Musée, les étudiants ont assisté à la présentation d’un professeur.
«J’ai manipulé deux échantillons différents de météorites, indique l’étudiant. Ils ont plutôt une texture cireuse de couleur sombre, de brun foncé à noir, et ils sont très denses, donc très lourds. Les manipuler fut une expérience hors du commun puisqu’il s’agit d’objets extraterrestres. C’est fou de s’imaginer à quel point ces météorites sont âgées et l’énorme quantité de kilomètres qu’elles ont parcourus.»