Le 30 octobre dernier, M. Claude-E. Rochette, professeur retraité du Département de langues et linguistique de la Faculté des lettres, est décédé à la suite d’un cancer. Avec le départ de M. Rochette, l’Université Laval ne perd pas seulement un de ses illustres membres mais aussi le digne représentant d’une grande génération d’universitaires.
J’ai connu M. Rochette lorsque j’étais étudiant en linguistique. J’ai travaillé pendant plusieurs années sous sa responsabilité au moment où il dirigeait un important programme de recherche subventionné en phonétique. M. Rochette a été l’un des premiers Québécois à obtenir un doctorat d’État, qui est le diplôme de 3e cycle le plus prestigieux et le plus exigeant en France. Sa thèse de doctorat ainsi que ses nombreux travaux ultérieurs ont joué un rôle important pour l’avancement de la phonétique combinatoire du français. J’ai eu la chance d’avoir été formé par ce grand professeur-chercheur qui possédait à un très haut niveau toutes les qualités indispensables à un universitaire: la rigueur, la patience, l’étendue des connaissances, la puissance de conceptualisation. M. Rochette m’a tout appris du travail intellectuel. Ma carrière de professeur a été façonnée par ses enseignements. Je lui en serai à jamais reconnaissant. Derrière le professeur, on pouvait découvrir un homme à la fois réservé et sensible. Il s’occupait de ses étudiants de 2e et de 3e cycles comme un père, voyant avec générosité à la fois au progrès de leurs études et à leur bien-être personnel. Sa personnalité décidée inspirait la confiance et suscitait l’ardeur au travail. Les qualités de l’homme renforçaient les qualités du professeur et du chercheur.
Avec beaucoup de tristesse, je dis adieu à mon maître, car c’est ainsi que l’on doit appeler les grands universitaires de sa génération, et je le remercie de tout cœur.
CLAUDE SIMARD
Professeur titulaire à la Faculté des sciences de l’éducation