La romancière, dramaturge et poète née à Québec a dénoncé le fait que, dans bien des parties du monde, «l’éducation et le savoir sont encore le privilège de quelques-uns». «Même aujourd’hui, a-t-elle poursuivi, nous sommes témoins dans le monde du combat des pauvres pour la connaissance. Du combat des victimes de guerre. Nous savons qu’il y a quelques jours, des écoles ont été bombardées au Pakistan. Que pour étudier, des enfants périssent tous les jours ou sont menacés de périr.»
Marie-Claire Blais a rappelé l’époque où, au Québec, étudier n’était pas le privilège de tous. «Lancés trop tôt dans le monde du travail, dit-elle, bien des jeunes gens, et surtout des femmes, se trouvaient dans cette situation contraignante d’abandonner leurs études ou de les interrompre.» Selon elle, beaucoup de jeunes gens ont été «broyés» par cette condition ouvrière «où l’âme privée de connaissances perd sa dignité, où, dans les manufactures et les usines, beaucoup furent à jamais stigmatisés et humiliés. Et pour qui l’avenir fut sans lumière.»
Participer à la reconstruction de la vie
Née à Port-au-Prince, en Haïti, Michaëlle Jean a d’abord souligné que l’éducation «sert à propager la culture, à défendre la pensée, à permettre le partage d’expériences et de connaissances». Elle est aussi «un puissant instrument de développement et de rapprochement» qui agit «comme un ferment de liberté». «Je le sais, a-t-elle affirmé, parce je suis née dans le pays le plus pauvre des Amériques où l’éducation représente l’ultime et salutaire possibilité de s’affranchir de la misère. Et de participer à la reconstruction de la vie.»
Selon Michaëlle Jean, l’éducation est «la façon la plus efficace de prendre son destin en main». Se référant à l’ancien premier ministre René Lévesque, elle a indiqué que l’ignorance pouvait livrer le citoyen à l’exploitation. Citant ensuite l’historien Jean Hamelin, elle a mentionné que les établissements d’enseignement universitaires sont non seulement des fleurons de notre identité collective, mais «des agents de changement». L’historien disait aussi que les universités sont «le point d’appui d’une région qui s’ouvre sur le monde». «J’ajouterais d’une communauté qui s’ouvre aux autres, a-t-elle poursuivi. Cette conciliation entre l’ouverture au monde et aux autres, et la préservation de sa singularité, je dirais de sa personnalité, de son identité, est sans aucun doute l’enjeu le plus crucial auquel le monde actuel se trouve confronté.»