Il y a un an, faut-il le rappeler, la pandémie frappait de plein fouet, entraînant dans son sillage des problèmes qui ont durement touché la santé mentale des Québécois. Sarah Comte, Geneviève Sanfaçon-Gagnon et Gregory Fortin-Vidah, tous trois étudiants en psychologie à l’Université Laval, marchaient dans un parc — à deux mètres de distance, précisons-le — quand ils ont décidé de faire leur part.
«C’était durant le premier confinement, raconte Sarah Comte. Étant bénévoles à la Maison de la famille, un organisme qui offre des services psychosociaux, on s’est dit que c’était problématique que les consultations soient arrêtées et qu’il existe des moyens de communication que l’on peut utiliser pour continuer à offrir une écoute active.»
Clic Aide, l’organisme à but non lucratif qu’ils viennent de lancer, offre du soutien à distance en relation d’aide. Les suivis sont assurés par des étudiants bénévoles issus des trois cycles du programme de psychologie. Que ce soit pour des problèmes de santé mentale, de la détresse psychologique ou des difficultés relationnelles, tout le monde peut faire appel à l’organisme. Il en coûte 20$ par consultation.
Les étudiants sont formés et supervisés étroitement par des professionnels en santé mentale. Chaque semaine, ils peuvent aussi échanger entre eux pour partager leurs connaissances.
Pour ces futurs psychologues, les séances sont l’occasion de s’initier aux réalités du métier, en plus d’acquérir l’expérience nécessaire à leur inscription au doctorat. «L’emploi du temps est très malléable. Les bénévoles, qui ont déjà un horaire chargé avec les études, peuvent choisir leurs clients selon leurs disponibilités. Les lieux permettant de faire ce genre de relation d’aide, seul à seul, sont plutôt rares», souligne Sarah Comte.
Les étudiants derrière Clic Aide ne manquent pas de projets. Entre autres, ils espèrent créer des partenariats avec des organismes communautaires de la région. «On remarque qu’il manque de communication entre les différentes organisations. Parfois, des clients vivent une problématique qui est très bien répondue par un autre organisme. Il serait bien de regrouper les expertises et voir comment on peut agencer nos services pour se référer des clients au besoin.»
Une situation inquiétante chez les jeunes
La distanciation sociale, les confinements successifs, le couvre-feu et la fermeture des écoles ont des conséquences directes sur la santé mentale. Selon les derniers chiffres de Statistique Canada, seulement 39,7% des jeunes de 15 à 30 ans disent avoir une excellente ou une très bonne santé mentale. Il s’agit d’une baisse de 20% par rapport à ce qui avait été constaté avant la pandémie.
Sarah Comte n’est pas surprise des résultats de cette enquête. «15 à 30 ans, c’est l’âge où il y a le plus de changements dans la vie d’une personne. Pour les adolescents, la socialisation est extrêmement importante. Sur le plan de l’identité, je m’inquiète des effets de cette coupure sociale chez les jeunes. L’humain, qui est un être social avant tout, n’est pas fait pour être isolé aussi longtemps.»
L’étudiante à la maîtrise en psychologie s’attend à voir apparaitre de nouveaux comportements destructeurs. «On peut supposer qu’il y a aura une hausse de la consommation d’alcool, entre autres problèmes. D’un coup, les gens se retrouvent seul avec leurs pensées, ce qui peut être bénéfique pour certains ayant besoin de se ressourcer, mais aussi entraîner plein de conséquences négatives pour d’autres.»