De toute évidence, leur travail ne laisse personne indifférent. Et c’est bien là l’objectif. «Le but est d’avoir un effet dans le quartier. La maquette va être tellement grande que les gens vont pouvoir se l’approprier et marcher à l’intérieur», explique le professeur André Casault, instigateur de ce projet inédit.
«Certains pensent qu’ils sont fous de jouer avec des blocs sous le soleil, mais ce qu’ils font est dans notre intérêt!», s’exclame en wolof un septuagénaire, Ousseynou Gueye, l’un des premiers habitants de Diamalaye. «À partir de la maquette, on peut voir tous les problèmes et les erreurs par rapport au positionnement des rues. Les gens s’installent inconsciemment sans penser à l’organisation de l’espace.»
Enclavé entre une dépression topographique et Mbeubeuss, une montagne de déchets qui s’étend sur plus de 600 hectares, Diamalaye fait face à de nombreux enjeux de développement, tels que des inondations récurrentes et la détérioration des zones agricoles au profit des constructions. Les premières familles établies vendent des terrains aux nouveaux arrivants sans planification aucune. Résultat, les concessions s’accumulent dans un capharnaüm urbanistique.
La maquette sert d’outil de discussion afin de proposer des solutions à ces problèmes. Sous l’égide des enseignants Denise Piché et André Casault, les étudiants de l’atelier Habitats et cultures ont préparé une série de propositions, qui seront abordées cette semaine avec les principaux concernés. «On espère, avec cette maquette, amorcer une première réflexion sur ce que l’on veut pour l’avenir du quartier», confie le professeur Casault.
Des heures et des heures de palabres en perspective. «L’urbanisme, par tradition, est réservé aux élites, qui prennent les décisions. On essaie de changer le processus en allant voir la population pour discuter avec elle», explique Jean-François Julien, étudiant à la maîtrise en architecture, qui se penche sur l’idée d’une coopérative agricole où pourraient travailler les récupérateurs de la décharge Mbeubeuss, appelée à fermer.
Cette entreprise complexe permet aux futurs architectes de vivre une expérience enrichissante sur les plans personnels et professionnels, selon Sarah-Émilie Vallée, aussi étudiante à la maîtrise. «La communication avec la population n’est pas toujours facile, mais il faut s’adapter. En architecture, c’est super important de pouvoir travailler dans différents contextes.»
De retour à Québec, les étudiants continueront de se pencher sur les différents enjeux du quartier. Les résultats de leurs recherches seront transmis aux autorités et à la population de Diamalaye.
André Casault reconnaît qu’il est difficile de prévoir les retombées concrètes du projet. «On sème des idées ici et là, mais on ne sait pas quand elles vont germer, explique-t-il. Mais je dirais que les gens qui participent aux discussions autour de la maquette sont plus conscients du besoin de planification. Ils savent que, pour avoir une maternité ou une école, ils doivent travailler ensemble et s’organiser!»
Matthieu Dessureault a tourné sur ce projet un reportage vidéo qui sera diffusé cet hiver à l’émission Campus (Canal Savoir, Télé-Québec).