«J’ai beaucoup appris durant cette semaine. Je m’étais inscrite à cette école dans le cadre de la formation continue afin de mettre à jour mes connaissances. J’ai tout aimé. Je trouve que tout est complémentaire. Je suis comblée. Plusieurs conférenciers sont des diplomates à la retraite. Ce sont des trésors, de véritables bibliothèques vivantes!»
Mariame Fofana est Burkinabée. À l’Organisation des Nations unies à New York, elle occupe la fonction d’ambassadrice, représentante permanente adjointe du Burkina Faso. Avec sept autres diplomates en exercice aux Nations unies, elle a suivi, du 2 au 7 mars à l’Université Laval, une formation intensive sur la pratique des relations internationales offerte par l’École supérieure d’études internationales (ÉSÉI). En tout, près de 60 personnes étaient inscrites. En plus des diplomates onusiens, l’effectif comprenait une dizaine de diplomates québécois du ministère des Relations internationales et de la Francophonie (MRIF), ainsi qu’une dizaine d’étudiantes et étudiants inscrits aux cycles supérieurs des universités d’Ottawa et de Toronto. Une trentaine d’étudiants de l’Université Laval, également aux cycles supérieurs, complétaient le groupe.
La diplomate du Burkina Faso avait d’autres raisons de s’inscrire à la formation. La diversité des profils des participants en est une. Les fréquentes interactions avec les conférenciers en est une autre.
«Nous avons eu l’occasion d’échanger avec les conférenciers par nos questions et des commentaires, explique Mariame Fofana. Quand les uns et les autres prennent la parole, c’est un complément. En dehors des heures de cours, pendant les pauses, les participants échangeaient entre eux, ce qui contribuait à la formation.»
Des acteurs en première ligne
L’école d’hiver sur la pratique des relations internationales met l’accent sur les compétences et le savoir-faire des acteurs en première ligne que sont les diplomates et les professionnels des relations internationales. Cette année, une vingtaine d’experts se sont adressés aux participants. Chacune des journées s’est déroulée sur un thème. Les habiletés de gestion, la pensée stratégique et les négociations internationales en sont des exemples.
Vanessa Bilodeau est conseillère en affaires internationales au MRIF. En 2015, elle terminait ses études de maîtrise à l’Université Laval. Lorsqu’elle a vu passer la circulaire interne sur l’école d’hiver de l’ÉSÉI, elle s’est dit: «C’est pour moi.» Au terme de sa formation, il était clair que l’école d’hiver avait répondu à ses attentes de formation continue.
«Ce qui est bien à l’Université, dit-elle, c’est que les gens sont faciles d’approche. D’anciens délégués de haut niveau, on n’aurait pas nécessairement ces contacts au Ministère. Ici on a pu leur parler seul à seul, avoir des discussions, ça se passait bien. Dans l’optique du réseautage, c’est un gros avantage.»
La conseillère a été impressionnée par la variété des parcours des conférenciers. Deux d’entre eux, aux antécédents militaires, l’ont frappée, soit Richard Giguère, brigadier général à la retraite des Forces armées canadiennes, et François Lafond, ex-consul général du Canada à Monterrey, au Mexique.
«Ce furent des coups de cœur, affirme-t-elle. Ces deux messieurs m’ont amenée ailleurs. Dans leur façon de présenter la matière, leur approche, leur leadership bienveillant, ils dégageaient quelque chose de vraiment positif. Dans mes relations avec des militaires, j’avais plus ou moins vu cela. L’armée a un rôle à jouer dans les relations diplomatiques. Parfois on les sous-estime comme partenaires. Des gens qui ont un passé militaire peuvent nous apporter autre chose.»
Un monde complexe
L’ex-diplomate en résidence à l’ÉSÉI Pierre Guimond, également coordonnateur de l’école d’hiver, décrit le monde globalisé et transnational actuel comme complexe et caractérisé par de grandes tensions, ce qui rend difficiles les relations entre les États. Dans le cadre de l’école d’hiver, il a fait une présentation sur la communication entre États. «Le diplomate, souligne-t-il, est un fonctionnaire qui prépare des rapports sur ce qui se passe dans le monde, qui analyse et qui fait des recommandations.»
La diplomatie parlementaire figurait parmi les nouveautés au programme de l’école d’hiver. L’ancien président de l’Assemblée nationale du Québec, Jacques Chagnon, avait été invité pour l’occasion. En poste de 2011 à 2018, celui-ci avait assumé la présidence de l’Assemblée parlementaire de la francophonie.
«La diplomatie parlementaire est un autre exemple de la diplomatie québécoise, soutient Pierre Guimond. Il y a une complémentarité avec la diplomatie d’État. Les gouvernants doivent travailler avec les élus à défendre les intérêts, ici du Québec, à l’international.»
Le jeudi 5 mars, l’ÉSÉI et le Centre de la francophonie des Amériques ont offert un cocktail-réseautage aux participants. Ceux-ci ont pu rencontrer une centaine de résidents de Québec et de la région intéressés aux questions internationales. Parmi ces derniers se trouvaient les consuls étrangers en poste à Québec, d’anciens ambassadeurs du Canada, d’anciens délégués généraux du Québec, ainsi que des cadres du MRIF.
«Les participants à l’école d’hiver ont appris comment travailler dans les événements sociaux, explique-t-il. Comment on aborde les gens qu’on ne connaît pas, comment échanger et obtenir de l’information. En moins de 24 heures, ils ont rédigé des fiches, de courtes notes sur les personnes rencontrées, leurs fonctions et les secteurs d’intérêt commun.»
Une journée consacrée à la simulation d’une crise diplomatique entre deux États voisins a mis un terme à l’école d’hiver.