
Cette façon de tisser des partenariats correspond bien à la philosophie des chercheurs de la région selon Sophie d’Amours. «À Québec, il y a déjà une bonne collaboration entre la recherche fondamentale, les applications commerciales et la mise en œuvre auprès du public, note la vice-rectrice à la recherche et à la création. Sans compter que l’interdisciplinarité fait littéralement partie de l’ADN de notre université. Il faut donc en faire profiter la population.» L’Alliance va regrouper près de 665 professeurs-chercheurs, dont plusieurs de renommée mondiale, des chercheurs de l'Agence de la santé et des services sociaux de la Capitale-Nationale et de l'Institut de santé publique du Québec, ainsi que des établissements comme le CHU de Québec et l’Université Laval.
L’Alliance santé voit plus large que des regroupements un peu similaires, comme celui de l’Université de Toronto qui se limite essentiellement aux centres de santé. Cette initiative vise en effet à favoriser la recherche en santé de la façon la plus large possible. Elle facilitera notamment la collaboration entre des psychologues, des médecins et des ingénieurs sur des projets communs, une tendance de plus en plus marquée dans plusieurs organismes subventionnaires. L’Institut de recherche en santé privilégie le financement d’équipes dont les découvertes peuvent s’appliquer à la population.
C’est en partie pour cette raison que figurent, parmi les dix facultés de l’Université associées à l’Alliance, des facultés qui enseigne des disciplines a priori éloignées des questions de santé, comme l’architecture, les sciences sociales ou la théologie. «On réalise de plus en plus les liens entre le bien-être et la santé, précise la vice-rectrice à la recherche et à la création. L’aménagement des établissements de santé joue un rôle important pour les patients, tout comme l’accompagnement et la spiritualité qui contribuent à la prise en charge de certains malades.» Un point de vue que partage Serge Rivest, le directeur du Centre de recherche du CHU de Québec. «Si les centres de santé recrutaient avant essentiellement des candidats de la Faculté de médecine, ce n’est plus le cas aujourd’hui. On peut avoir besoin d’un sociologue pour mener des recherches sur le Plan Nord et la santé des Inuits, d’un physicien nucléaire ou d’un ingénieur spécialisé en biomatériaux. Cette alliance nous permet d’attirer les meilleurs candidats en nous associant entre institutions.»
Ce chercheur en neuro-immunologie, spécialisé dans la maladie d’Alzheimer, constate que les concours internationaux majeurs ont tendance à financer des projets toujours plus multidisciplinaires. Il cite ainsi la Fondation Melinda & Bill Gates, engagée dans la lutte contre le sida en Afrique, qui favorise la collaboration entre des chercheurs fondamentalistes, des chercheurs en sciences sociales, ainsi que des professionnels sur le terrain. Une approche qui oblige les centres de santé à unir leurs forces plutôt qu’à se faire concurrence, comme le modèle de financement public les a habitués à faire depuis plusieurs décennies.
Michel Clair, le président de l’Alliance santé Québec, mise d’ailleurs sur la force de ce réseau de chercheurs. «Il y a une conjoncture favorable en ce moment à Québec pour mobiliser beaucoup d’intelligence et de compétences humaines autour d’un projet emballant comme celui de la santé», se réjouit le PDG du Groupe Santé Sedna.