
De 1996 à 2006, les chercheurs ont établi qu'une prescription sur cinq émises au Canada visait un médicament pour traiter un problème cardiovasculaire. Les statines, qui servent à abaisser le taux de cholestérol, représentaient à elles seules 40 % de la facture. Le vieillissement de la population (hausse de 9 % des 65 ans et plus), l'inflation propre au domaine pharmaceutique (11 %) et l'augmentation de la prévalence du diabète, de l'obésité et de l'hypertension expliquent environ les deux tiers de la hausse observée de 1996 à 2006. Le reste proviendrait d'une augmentation du volume des prescriptions, en particulier pour de nouveaux médicaments d'origine (protégés par brevets), dont le coût est souvent plus élevé que les médicaments génériques. Au Canada, la part de marché des médicaments d'origine est passée de 45 % en 1996 à 71 % en 2006. Pendant cette décennie, 88 nouveaux médicaments ont fait leur apparition en moyenne chaque année, mais seulement de 20 à 25 % d'entre eux contenaient de nouvelles molécules actives. «Ceci signifie que plusieurs nouveaux médicaments d'origine ne constituaient pas des avancées thérapeutiques importantes par rapport aux médicaments existants», soulignent les auteurs.
Le prix des médicaments génériques fait aussi problème au Canada puisque ces produits sont plus chers ici que dans 11 autres pays développés. Si les Canadiens payaient le prix médian pour leurs médicaments génériques, l'économie annuelle serait de l'ordre de 1,5 milliard de dollars, dont 350 M$ pour les médicaments contre les maladies cardiovasculaires. «Considérant les sommes considérables en cause, il faudrait s'assurer que le rapport coût-efficacité soit pris en considération quand vient le temps de prescrire un médicament», suggèrent les auteurs de l'étude.