Les interventions nutritionnelles visant à prévenir ou à contrer l'obésité et le diabète de type 2 ne devraient pas se concentrer uniquement sur les gras et les sucres. En effet, des travaux menés sur des souris par une équipe internationale de chercheurs suggèrent que le type de protéines consommées a des répercussions notables sur le gain de poids, la résistance à l'insuline et les maladies métaboliques qui en découlent. Les détails de cette étude dirigée par le professeur André Marette, de l'Université Laval, sont publiés aujourd'hui par la revue Nature Communications.
Les chercheurs ont fait cette démonstration chez des groupes de souris soumises à des diètes riches en sucres et en gras, mais dont la composition en protéines différait. La moitié des souris recevait une moulée contenant une seule protéine, la caséine. Les autres souris recevaient une moulée dont la composition était un mélange calqué sur la diète nord-américaine. On y retrouvait des protéines de riz, de soya, de pois, de bœuf, de poulet, de porc, de lait, d'œufs et de poisson, dans des proportions reflétant l'alimentation du Nord-Américain moyen.
Après 11 semaines, les chercheurs ont constaté que les souris qui recevaient la moulée contenant le mélange de protéines avaient pris 15% plus de poids que celles dont la moulée ne contenait que la caséine. Ce gain de poids provenait principalement d'une augmentation des réserves de graisses. Ces souris avaient plus de difficulté à maintenir leur taux de glucose sanguin à l'intérieur des valeurs normales.
«Les répercussions métaboliques de la diète contenant le mélange de protéines seraient attribuables au microbiote intestinal, explique André Marette. Nous avons constaté une reconfiguration dans l'abondance des espèces présentes dans l'intestin, ainsi qu'une augmentation de la production d'isovalérate et d'isobutyrate, deux molécules qui proviennent de la fermentation des protéines. Ces molécules causent la résistance à l'insuline dans le foie en activant la voie mTORC1/S6K1», précise le professeur de la Faculté de médecine, rattaché au Centre de recherche de l'Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec et à l'Institut sur la nutrition et les aliments fonctionnels.
Ces résultats suggèrent que la nature des protéines présentes dans notre alimentation peut avoir des répercussions rapides et importantes sur le microbiote intestinal et sur les molécules qu'il produit. Les interventions nutritionnelles qui visent une perte de poids devraient en tenir compte, souligne le chercheur.
Quelles protéines vaut-il mieux consommer? «Notre étude a démontré que la caséine, une protéine laitière, est bénéfique comparée à l'ensemble des protéines alimentaires. Nous entendons maintenant comparer des protéines provenant de la viande rouge et du poisson ainsi que des protéines végétales pour déterminer lesquelles sont à éviter ou à privilégier, surtout lorsque la diète est déjà riche en gras et en sucres et qu'elle favorise l'obésité.»
Les auteurs de l'étude sont Béatrice Choi, Noëmie Daniel, Vanessa Houde, Adia Ouellette, Bruno Marcotte, Thibault Varin, Cécile Vors, Perrine Feutry, Philippe St-Pierre, Angelo Tremblay et André Marette, de l'Université Laval, Olga Ilkayeva et Phillip White, de l'Université Duke, Marcus Stahlman et Fredrik Bäckhed, de l'Université de Gothenburg.