Une étude publiée dans le New England Journal of Medicine rapporte qu'il existe une association entre une diète riche en «mauvais glucides» et le risque cardiovasculaire. Signée par l'équipe du projet international PURE, dont fait partie le cardiologue Paul Poirier, de la Faculté de pharmacie et du Centre de recherche de l'Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec, cette étude démontre qu'une alimentation caractérisée par un indice glycémique élevé est associée à une élévation du risque d'événements cardiovasculaires graves et de décès.
Les chercheurs ont suivi pendant 9,5 ans près de 138 000 personnes vivant dans 20 pays répartis sur 5 continents. Les informations fournies par les participants ont permis d'estimer l'indice glycémique de leur diète. Les aliments qui ont un indice glycémique élevé – le pain blanc, les boissons gazeuses et les jus de fruits, par exemple – provoquent une élévation rapide du taux de glucose sanguin et une réponse proportionnelle du taux d'insuline pouvant conduire à la résistance à l'insuline. Ce cycle favorise l'obésité et une inflammation systémique propice au développement des maladies cardiovasculaires. En raison des méfaits physiologiques de ces aliments, certains leur ont accolé l'étiquette de «mauvais glucides».
Les chercheurs ont vérifié s'il existait une association entre, d'une part, l'indice glycémique de la diète des participants et, d'autre part, les 8780 décès et 8252 événements cardiovasculaires graves (infarctus du myocarde, accidents vasculaires cérébraux, arrêts cardiaques, etc.) survenus pendant le suivi. Pour ce faire, ils ont divisé les participants en 5 groupes selon l'indice glycémique de leur diète.
Les analyses montrent que, chez les sujets qui étaient en santé cardiovasculaire en début d'étude, ceux dont la diète se situe dans le quintile supérieur d'indice glycémique ont un risque 21% plus élevé d'événements cardiovasculaires graves et de mortalité que ceux dont l'indice glycémique se situe dans le quintile inférieur. Chez les participants qui avaient une maladie cardiovasculaire préexistante, ce risque est 51% plus élevé.
«La démonstration physiologique du lien entre une alimentation riche en mauvais glucides et les maladies cardiovasculaires a été faite il y a un bon moment déjà, souligne le professeur Poirier. Grâce à la cohorte du projet PURE, nous avons pu faire une démonstration épidémiologique de ce lien.» Rappelons que PURE (Prospective Urban Rural Epidemiology Study) est une vaste étude entreprise il y a 18 ans, à laquelle participent 225 000 personnes de 27 pays. Elle vise à déterminer comment les habitudes de vie et les facteurs socioéconomiques, cognitifs, environnementaux et génétiques influencent les facteurs prédisposant aux principales maladies chroniques.
Pendant longtemps, les campagnes de prévention des maladies cardiovasculaires ont surtout porté sur une réduction de la consommation des gras. A-t-on visé la mauvaise cible? «Tous les glucides et tous les gras ne sont pas égaux, répond Paul Poirier. On sait maintenant que les pires glucides ont des effets aussi néfastes que les pires gras. Il faut éviter les uns comme les autres. Les extrêmes, ce n'est jamais bon.»