13 août 2025
Quand de très jeunes athlètes avec un handicap s'entraînent à l'Université Laval
Encadrés par le personnel du Club d'athlétisme, ces para-athlètes améliorent jour après jour leur technique de course en fauteuil roulant ou de lancer assis du poids et du javelot

Il y a un an, les deux jeunes para-athlètes Édouard et Annabelle ont pris la pose en compagnie de leur entraîneuse Camille Rheault, sur la piste d'athlétisme intérieure du PEPS de l'Université Laval. Édouard faisait de la course en fauteuil, sport qu'il a remplacé depuis par les lancers du poids et du javelot.
— Camille Rheault
Annabelle, Édouard, Alexie et Anaïs étudient à l'école secondaire à Québec. Ces élèves ont entre 13 et 14 ans et vivent avec un handicap. Depuis un an et demi, les quatre sont inscrits au Programme parasport jeunesse du Club d'athlétisme Rouge et Or de l'Université Laval. Ce programme offre un encadrement adapté aux besoins spécifiques des jeunes para-athlètes dans la poursuite de leur développement sportif. Cet encadrement comprend de l'entraînement, en fauteuil roulant ou debout, en salle ou à l'extérieur, sous forme de courses ou de lancers. Une à deux sessions sont offertes chaque semaine, d'environ une heure chacune. Les athlètes qui le désirent peuvent aussi prendre part à des compétitions.
«Le groupe est composé d'athlètes ayant différents types de limitations physiques, notamment liées à la paralysie cérébrale ou à certaines maladies métaboliques, explique la coordonnatrice du programme, entraîneuse adjointe au Club d'athlétisme et étudiante à la maîtrise en psychopédagogie, Camille Rheault. Cela nous permet d'avoir un groupe mixte, avec des athlètes ambulatoires et en fauteuil roulant, qui peuvent tous s'entraîner ensemble.»
Annabelle et Alexie sont issues du monde de la natation. Anaïs, pour sa part, vient du basket en fauteuil roulant. Quant à Édouard, il pratique l'escrime. Tous les quatre poursuivent leur sport parallèlement à l'athlétisme.
Selon l'étudiante, la progression à l'entraînement des jeunes athlètes, dans la dernière année, a été «très impressionnante». «Autant à la course en fauteuil roulant qu'en lancers assis, dit-elle, ils ont eu des améliorations au niveau de leurs records personnels. Concernant le comportement, il est certain qu'ils ont tous pris en maturité comme athlètes. Ils deviennent plus attentifs aux détails et apprennent à gérer la préparation précompétition. Nous pouvons leur ajouter de plus en plus de défis techniques et les travailler avec eux.»
Face à la compétition
À la mi-juillet, au Stade TELUS-Université Laval du PEPS, deux de ces jeunes para-athlètes ont été confrontés pour la première fois à la compétition dans le cadre des Championnats provinciaux de para-athlétisme. Résultats: Annabelle a remporté les courses de 800 mètres, 200 mètres et 100 mètres de sa catégorie. Édouard, lui, a fini avec une troisième position aux lancers du poids et du javelot.
Les quatre jeunes, Camille Rheault les qualifie de «travaillants» et «désireux de s'améliorer» à tous les entraînements. D'Annabelle, elle dira qu'elle est polyvalente et rapide, qu'elle «adore aller vite» et que son esprit sportif s'est rapidement transféré de la piscine au fauteuil. Au sujet d'Édouard, celui-ci s'est fait remarquer par son perfectionnisme lorsqu'il s'est joint au programme.
«J'ai été chanceuse à mon arrivée, explique l'étudiante. Les jeunes avaient beaucoup de bagages en main.» Elle souligne l'esprit sportif de chacune et chacun. «Les quatre sont très dynamiques, dit-elle. Ils sont très enjoués et à l'entraînement ils sont prêts à donner chaque fois leur 100%. Ce qui est le fun: je leur propose chaque fois de nouveaux entraînements et ils sont prêts à l'essayer. Ils comprennent ce qu'on leur demande et comment l'appliquer. Ils sont forts, dynamiques, rapides. Ils sont là pour faire leur sport. Ils sont motivés et ça paraît.»
Camille Rheault apprécie son rôle en para-athlétisme qui l'amène à sortir de sa zone de confort et à accepter la nouveauté continuellement. «Chaque athlète, soutient-elle, présente une individualité encore plus importante, ce qui fait en sorte qu'il est très rare que j'applique les mêmes méthodes pour deux athlètes. C'est la beauté du sport qui nous permet de toujours nous améliorer et de faire grandir nos connaissances en tant qu'entraîneuses.»
Et les parents des para-athlètes? «Leur rôle est important, répond-elle. Ils ne sont pas difficiles à convaincre, au contraire. Ils embarquent toujours dans les projets et entraînements que l'on propose aux jeunes.»
Des réalités à explorer
Les réalités et les besoins des para-athlètes sont largement méconnus des chercheuses et chercheurs. Pour cette raison, Camille Rheault, Stéphanie Radziszewski et Sylvie Parent, ces dernières professeures au Département d'éducation physique de l'Université Laval, mènent actuellement une étude exploratoire sur les perceptions qu'ont une quinzaine de para-athlètes québécois relativement aux mesures mises en place pour qu'ils puissent pratiquer leur sport de manière sécuritaire.
«Nous sommes à l'étape de l'analyse des données, explique l'étudiante. Notre étude considère quatre dimensions: la sécurité relationnelle, la sécurité physique et environnementale, l'optimisation sportive et la couverture médiatique. Quelles sont les mesures en place qui permettent de réagir lorsqu'un entraîneur, par exemple, doute de la capacité du para-athlète à performer dû au fait qu'il a un handicap? La deuxième dimension va de la prise de médicaments à la prévention de blessures qu'on peut s'infliger avec un équipement adapté. L'optimisation sportive concerne entre autres l'accessibilité à du transport adapté et l'équité dans l'utilisation des infrastructures.»
Les para-athlètes adultes
Les débuts du para-athlétisme au Club d'athlétisme de l'Université Laval remontent à une dizaine d'années. Aujourd'hui, une demi-douzaine d'athlètes font partie du volet adulte du programme. Ceux-ci compétitionnent à différents niveaux sur les scènes provinciale, nationale et internationale. Le volet jeunesse du programme, quant à lui, est né il y a un peu plus d'un an grâce à une subvention du Comité paralympique canadien. Cet été, le volet jeunesse peut compter sur l'aide financière de la fédération Parasports Québec.
Le Club d'athlétisme travaille à mettre sur pied un programme de parasport-études pour le niveau secondaire dans la région de Québec.
Selon Camille Rheault, l'existence du Programme parasport jeunesse suscite de l'intérêt. «Un mouvement s'est créé autour du programme, soutient-elle. On remarque une effervescence autour du club. Des étudiants au baccalauréat m'ont approchée pour faire de l'observation, ou pour faire un stage. Des professeurs de ma Faculté, curieux, m'ont invitée dans leur cours pour parler du programme.»