Élysée Bouchard, étudiante en pharmacie et cocréatrice du guide sur l'impact environnemental des médicaments
— Yan Doublet
Lorsqu'elle est arrivée dans le domaine pharmaceutique, l'étudiante Élysée Bouchard a été choquée par le peu de place accordé au développement durable, notamment pour le choix des médicaments. «Souvent, on propose une classe de médicaments. Mais est-ce qu'il y a une molécule qu'on pourrait prioriser d'un point de vue environnemental quand, d'un point de vue clinique, c'est équivalent? On n'a pas vraiment de lignes directrices pour savoir vers quelle molécule se tourner plutôt qu'une autre.»
Dans son cours Projet d'exploration II, elle a choisi de s'attaquer à cette lacune en créant un guide, avec ses coéquipières Stefania Moffa Randazo et Yasmin Radjabi. Leur document est destiné aux personnes professionnelles de la pharmacie pour les aider à faire des choix plus écologiques dans leur pratique quotidienne. Une fois que le guide aura été évalué, Élysée Bouchard veut le diffuser plus largement.
Le guide couvre différentes classes pharmacologiques, comme les antibiotiques, les anti-inflammatoires et les contraceptifs. «On a aussi choisi les catégories qui sont les plus polluantes, comme les hormones contraceptives ou pour la ménopause», souligne Élysée Bouchard.
À travers une revue de la littérature, les étudiantes ont recueilli une énorme quantité d'informations. «Ça a créé un monstre! se rappelle Élysée Bouchard. Il fallait synthétiser.» Elles ont donc classé les médicaments selon 4 critères. Elles ont évalué la durabilité du médicament dans l'environnement, la capacité d'accumulation dans les organismes vivants, la toxicité sur la santé et l'environnement et le niveau de dangerosité estimé.
À partir de ces données, les étudiantes ont créé un système de point grâce à un algorithme pour évaluer l'impact des médicaments et leur attribuer une couleur selon leur risque global, du vert au rouge.
Le guide contient des molécules dont les risques environnementaux sont non déterminés. «Il y en avait pour lesquelles on ne trouvait absolument rien», rapporte l'étudiante. Selon elle, cela montre des lacunes dans l'évaluation des conséquences environnementales de certains médicaments. «Dans les monographies des médicaments, au Canada, il n'y a pas de sections là-dessus.»
Élysée Bouchard voit son guide comme «un beau pas vers la sensibilisation, mais il reste encore beaucoup de chemin à faire». Même si elle veut continuer de s'impliquer en développement durable, l'étudiante pense avoir amené le guide aussi loin qu'elle le pouvait. Elle aimerait que l'idée du guide soit reprise pour le bonifier. «Il faudrait quelque chose de très grande envergure avec plusieurs professionnels, de la recherche et des échantillonnages sur le terrain.»
Le professeur Michel Gagnon, responsable du cours, a encouragé Élysée Bouchard à soumettre le guide à un concours organisé par la Faculté de pharmacie. Cette initiative, lancée dans le cadre du chantier L'ambition climatique du Plan institutionnel ULaval 2023-2028, récompense des projets étudiants qui visent à réduire l'empreinte carbone ou la contamination liées aux médicaments.