
Lors de la cérémonie de clôture, Daphné Dumont-Côté, Naomy Dussault et Chloé Castellaveran sont tout sourire après avoir reçu le trophée remis à l'équipe gagnante du volet francophone du concours Jean-Pictet, le 15 février.
Le concours Jean-Pictet, cette formation unique en droit international humanitaire, se tenait cette année en Turquie, plus précisément à Antalya. La section francophone était constituée de 20 équipes d'étudiantes et étudiants universitaires, dont l'une représentait l'Université Laval.
Du 8 au 15 février, Chloé Castellaveran, Daphné Dumont-Côté et Naomy Dussault ont concouru dans une série de simulations sur des conflits armés fictifs, une réalité au cœur du droit international humanitaire. Cette branche du droit international vise à protéger la population civile, les blessés et les malades. Elle vise aussi à neutraliser l'ennemi. Dans ce jeu de rôles, les trois étudiantes ont incarné différents acteurs tels que des militaires, des représentantes et représentants d'organisations non gouvernementales, de l'ONU, du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) ou de gouvernements.
«L'univers des simulations dans lequel les évènements ont lieu est inspiré par l'actualité internationale», explique l'étudiante Daphné Dumont-Côté, inscrite au diplôme d'études supérieures spécialisées en droit ainsi qu'à la maîtrise en études internationales.
Selon elle, les États et les personnages n'existent pas réellement, mais les organisations telles que le CICR et l'ONU, oui. «Il est plus acceptable d'incarner des organismes humanitaires, car ils ont une vocation neutre, pour la plupart, et impartiale, poursuit-elle. Leur objectif est de venir en aide aux populations et aux victimes de la guerre. Les États et les ministres représentent des idéologies politiques beaucoup plus complexes et délicates. Donc les rôles sont inspirés de conflits réels, mais adaptés à un univers qui n'existe pas.»
Dans la région fictive du Teke, un conflit vient d'éclater entre deux États: le Xiden et le Mondo. Au cours de la semaine, chaque simulation mettra en scène une évolution de la situation et du conflit, qu'il s'agisse de la qualification de l'affrontement, des différentes personnes protégées ou des nouvelles armes utilisées pour faire la guerre. Durant le concours, une même équipe peut incarner le Xiden en avant-midi et le Mondo en après-midi, avec changements de rôle à chaque simulation.
Une préparation intense
Terminer au premier rang du concours Jean-Pictet ne s'est pas fait tout seul. Les trois étudiantes de l'Université Laval ont subi un entraînement rigoureux en amont du concours sous la supervision de deux étudiants au doctorat, Thomas Roos et Mathilde Doucet.
Daphné Dumont-Côté rappelle que l'entraînement a été très intensif. «Il a commencé à la session d'automne, dit-elle. Nous faisions une simulation chaque semaine, deux au moment de partir pour la Turquie. Nous sommes allées chercher toute la matière de tous les régimes juridiques qui pourrait être pertinente. Durant le concours, on ne savait pas d'avance quelle serait la thématique de telle ou telle simulation: le droit des réfugiés, le droit international pénal ou la qualification d'un conflit. Bref, nous avons construit une image globale de tous les régimes applicables pour pouvoir performer à toutes les simulations.»
Selon l'étudiante, la préparation en amont a facilité le jeu de rôle. «C'était plus facile d'entrer dans la peau d'un personnage, soutient-elle. Incarner un personnage fictif permettait de mieux refléter les idées qu'on pouvait avoir. Au concours Pictet, on peut incarner un méchant comme un gentil.»

En demi-finale, les trois étudiantes de l'Université Laval jouent le rôle de procureures devant la Cour. Elles plaident pour l'émission d'un mandat d'arrêt à l'encontre d'une commandante militaire soupçonnée de crimes de guerre. Ce rôle est interprété par une femme assise devant les procureures, bras croisés et casquette sur la tête. La Cour, représentée par les membres du jury, occupe la table du côté gauche de la photo. À la table de droite, une femme également membre du jury joue le rôle de la partie défenderesse.
Une simulation surprise
En Turquie, les équipes ont fait deux simulations chaque jour. En plus, elles ont effectué des simulations terrain. L'une d'elles a eu lieu en soirée à la surprise de l'ensemble des participantes et participants, anglophones comme francophones, réunis pour une formation devant être donnée par un représentant du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés.
«Toutes les équipes ont participé», raconte Naomy Dussault, inscrite à la maîtrise en droit avec concentration en droit international et transnational. «Chaque équipe a récupéré un document indiquant son heure de passage et a eu 10 minutes pour se préparer, poursuit-elle. La simulation durait cinq minutes et chaque équipe était évaluée par deux membres du jury qui jouaient le rôle de chefs militaires.»
Ceux-ci présentaient différents scénarios d'attaques visant des cibles variées comme une base militaire, une école, un hôpital ou encore une cible proche d'une centrale nucléaire. «En tant que conseillères juridiques des forces armées, explique-t-elle, nous devions déterminer si les cibles étaient des objectifs militaires légitimes ou des biens protégés par le droit international humanitaire.»
Dans une autre simulation terrain, les trois étudiantes, dans une première étape, incarnaient des conseillères juridiques du Comité international de la Croix-Rouge. «Nous avons été confrontées à la méfiance d'un commandant de camp de prisonniers de guerre, sceptique quant à la neutralité du CICR», indique-t-elle.
Chloé Castellaveran est également inscrite à la maîtrise en droit avec concentration en droit international et transnational. Elle commente la simulation finale de la semaine d'activités. «L'ONU devait présenter un projet de zone démilitarisée entre le Xiden et le Mondo, dit-elle. Mes collègues et moi représentions chacune un pays fictif à l'ONU. Nous avons argumenté avec le jury sur l'accueil des populations dans cette zone. Les échanges ont notamment porté sur la pertinence d'une zone démilitarisée et sur son statut juridique.»
Sa participation à un tel concours, Naomy Dussault l'attendait depuis longtemps. «Les trois objectifs du concours sont apprendre, concourir et rencontrer, rappelle-t-elle. J'ai fait des rencontres humaines incroyables et je n'ai jamais autant acquis de connaissances.»

À l'hôtel où s'est déroulé le concours sont réunis pour la photo notamment toutes les équipes anglophones et francophones, les jurés et les membres du comité organisateur.