19 février 2025
Le numérique et l'IA pour transformer les pratiques en enseignement universitaire
Durant deux jours, plus d'une centaine de conseillères et conseillers pédagogiques de l'Université Laval ont participé à un bootcamp afin d'approfondir leur expertise
Parmi les ateliers proposés, Sivime El Tayeb El Rafei, doctorante en technologie éducative, accompagnait certaines personnes participantes dans l'utilisation de la réalité virtuelle.
— Université Laval, Yan Doublet
Face à quelque 400 000 outils numériques, les personnes jouant un rôle-conseil en pédagogie à l'Université Laval rapportent une sensation de vertige. Le Bootcamp numérique et IA, tenu les 13 et 14 février, leur a permis de renforcer leurs compétences en pédagogie numérique et en intelligence artificielle (IA).
Les conseillères et conseillers pédagogiques jouent un rôle central dans l'accompagnement des membres du corps professoral pour préparer leurs cours et intégrer différentes technologies. «Ils doivent développer leur expertise et être à l'avant-garde pour propulser notre université dans la transformation de l'enseignement supérieur. On ne veut pas suivre les autres universités, on veut leader», lance Nadia Naffi, professeure à la Faculté des sciences de l'éducation, qui a piloté l'événement.
Plus de 160 personnes se sont inscrites à l'activité. L'objectif était de mettre à profit l'intelligence collective et de porter un regard critique sur les utilisations futures. «Avec le Bootcamp, je voulais leur donner une pause de leurs responsabilités pour qu'elles puissent pousser leurs propres connaissances et leurs réflexions.»
À travers une vingtaine d'ateliers, les personnes participantes étaient invitées à mettre la main à la pâte en s'initiant aux nouvelles technologies et à réfléchir à l'avenir de leur profession.
Parmi les activités, l'atelier «Explorez la réalité virtuelle: Atelier pratique pour créatifs» a permis aux conseillères et conseillers pédagogiques de tester la réalité virtuelle et de repartir avec des idées et des outils concrets pour alimenter leurs projets. Munie de casques et des manettes, chaque personne s'est familiarisée avec la technologie québécoise StellarX avant de se lancer dans la création d'un environnement virtuel collaboratif.
L’atelier «Conseiller à l’ère de l’IA: Nouveaux défis, nouvelles postures?», animé par Florian Meyer, professeur à l’Université de Sherbrooke, a proposé une réflexion sur l’évolution des compétences professionnelles à l’ère numérique, et la place et le rôle de l’humain dans l’accompagnement pédagogique.
— Université Laval, Yan Doublet
Des réflexions réunies en recueil
Chaque journée s'est terminée par des discussions conviviales sur les leçons à retenir et les ressentis. Avec l'IA en pleine croissance, plusieurs ont dit se sentir à la fois passagers et conducteurs, avec un pied sur le frein et l'autre sur l'accélérateur. D'autres ont soulevé comme enjeu l'absence d'une ligne directrice, de cadre ou de balise quant à l'utilisation des technologies numériques à l'échelle du campus. Certaines personnes participantes ont aussi critiqué le travail en silo, prônant une mise en commun des connaissances et le partage des bonnes pratiques.
Malgré l'engouement pour les nouvelles technologies, plusieurs ont insisté sur l'importance d'exercer sa vigilance. Selon eux, il faut s'assurer que le numérique apporte une réelle valeur ajoutée par rapport aux besoins à combler, car il y a un coût énergétique qui est parfois oublié.
Les réflexions et les expériences des personnes participantes seront regroupées dans un recueil pour garder une trace des échanges.
Nadia Naffi espère que le Bootcamp servira à mettre la table pour les prochaines étapes du développement professionnel afin de mieux servir la communauté universitaire. «On a identifié ce qui est urgent, les questions auxquelles on n'a pas encore répondu, les éléments que l'on doit pousser encore plus et les enjeux qu'on doit absolument prendre en considération.»
Selon l'organisatrice, l'engagement des conseillères et conseillers pédagogiques démontre qu'ils sont prêts à aller plus loin, à expérimenter. «Maintenant, il faut leur donner le temps et les ressources pour explorer les outils».
Nadia Naffi a choisi la Saint-Valentin comme date, car elle voulait «donner de l’amour» aux conseillères et conseillers pédagogiques, dont le travail n’est pas toujours reconnu.
— Dany Vachon
Cette initiative a été financée en grande partie par le chantier Les études tout au long de la vie et le Service de soutien à l'enseignement. Une quarantaine de spécialistes de l'Université Laval et une quinzaine de personnes invitées ont mis à profit leur expertise lors du Bootcamp. Une vingtaine d'étudiantes et d'étudiants de la Faculté des sciences de l'éducation ont aussi aidé à l'organisation.
L'événement a été mené dans le cadre des travaux de la Chaire en leadership éducationnel (CLE) sur les pratiques pédagogiques innovantes en contexte numérique – Banque Nationale, en collaboration avec l'Institut intelligence et données (IID), l'Observatoire international sur les impacts sociétaux de l'IA et du numérique (Obvia), le centre de simulation et d'évaluation en sciences de la santé Apprentiss – Faculté de médecine, la Bibliothèque de l'Université Laval, le Service de soutien à l’enseignement (SSE), la Faculté des sciences de l’éducation, et le Centre de recherche et d'intervention sur la réussite scolaire (CRIRES).
