L'Université Laval rejette toute forme de discrimination et promeut les avantages de l'équité, de la diversité et de l'inclusion (EDI) afin de créer un milieu exempt de discrimination et de préjugés. Dans ce contexte, la professeure Gaëlle Cachat-Rosset, du Département de management, a créé un jeu pédagogique original qui lui a valu un Prix d'excellence en enseignement 2024 de l'Université Laval, dans la catégorie Ressource pédagogique.
«Ce jeu sérieux, dit-elle, invite les joueuses et joueurs à explorer des enjeux en lien avec l'équité, la diversité et l'inclusion en milieu de travail. Il permet de mieux comprendre certaines notions, de développer de bons réflexes pour gérer des situations concrètes comprenant des biais, des stéréotypes et des discriminations dans des équipes de travail, et d'identifier des actions vers plus d'équité et d'inclusion.»
Selon la professeure, les enjeux d'EDI sont très présents aujourd'hui, au Canada, dans les milieux de travail, car ceux-ci reflètent la diversité grandissante de la population. «Une étude de Statistique Canada révèle que, si les tendances actuelles se poursuivent, environ la moitié de la population sera composée, en 2041, de personnes immigrées ou de leurs enfants nés au Canada, indique-t-elle. 2041, c'est après-demain. Les organisations auront donc intérêt d'avoir dans leur personnel des employées et employés qui reflètent leurs clientes et clients, les consommatrices et consommateurs, pour mieux comprendre leurs besoins et mieux adapter leur offre ou leurs services.»
Un enjeu dont on parle beaucoup est celui d'intégrer une personne qui présente un trouble du spectre de l'autisme dans une équipe de travail. Rappelons que ces personnes ont une manière de regarder les choses un peu différente, ce qui peut être très bénéfique, mais vivent aussi avec des difficultés bien particulières dans les environnements de travail. «Comment, alors, peut-on adapter les choses pour que la personne soit pleinement performante, en tenant compte de ses besoins particuliers?», demande-t-elle.
Des cas réels
Le jeu propose des situations concrètes inspirées de cas réels dans lesquelles les joueuses et joueurs mettent en pratique les concepts du cours Systèmes et pratiques de gestion en EDI.
«Le jeu Diver'Cité a été développé en soutien aux étudiantes et étudiants de ce cours, indique Gaëlle Cachat-Rosset. Nous sommes en train de l'étendre à d'autres publics.»
Selon elle, le jeu se veut une réponse aux limites des formations traditionnelles sur l'EDI et les biais. «Une sorte de lassitude s'est installée face à des formations qui sont parfois perçues comme un peu culpabilisantes, moralisantes, explique-t-elle. L'approche par jeu sérieux permet de contourner certaines barrières. Au lieu d'écouter ce que vous devriez faire, vous êtes acteur des situations à résoudre et c'est vous qui construisez ce qu'est la bonne attitude, le bon comportement. On inverse la pédagogie et ça, c'est pas mal gagnant.»
Basé sur une approche ludique et conviviale, le jeu Diver'Cité se joue en équipes. Il comprend des cartes à jouer aux couleurs et symboles inclusifs. Des quiz, des études de cas, des temps de réflexion personnelle, ainsi qu'une boîte à outils forment l'armature du jeu.
«Les composantes du jeu comprennent 14 figurines représentant des personnes issues de la diversité, souligne la professeure. En plus des groupes auxquels on pense plus spontanément, comme les femmes, les Autochtones, les personnes membres de minorités visibles ou celles vivant avec un handicap, on parle aussi dans le jeu de situations que peuvent vivre des membres de la communauté LGBTQ2IA+, des différences générationnelles entre jeunes et aînés, des personnes en situation de monoparentalité, des personnes de différentes religions et des personnes immigrantes.»
Des scores positifs
Un questionnaire a été soumis à des étudiantes et étudiants et à des personnes en emploi ayant joué au jeu. Le questionnaire a cherché à savoir dans quelle mesure les personnes pensaient être capables de transférer les notions d'EDI dans leur pratique et dans leur comportement.
«On a des scores positifs entre l'avant et l'après jeu, explique Gaëlle Cachat-Rosset. Les données recueillies mettent en lumière un impact significatif sur la maîtrise des concepts, le développement d'attitudes et de comportements plus inclusifs, ainsi que sur la motivation des participantes et participants à les appliquer en milieu professionnel.»