11 décembre 2024
VPH: élargir la vaccination aux adultes ne serait pas optimal aux États-Unis
Le rapport coût-efficacité des programmes de vaccination contre les VPH est moins favorable pour la population américaine de 27 à 45 ans que pour les jeunes, selon une étude menée à l'Université Laval
Serait-il pertinent d'étendre la vaccination contre les virus du papillome humain (VPH) aux personnes âgées de 27 à 45 ans? Voilà la question que s'est posée le Comité consultatif sur les pratiques d'immunisation des États-Unis. Depuis 2019, ce comité recommande une prise de décision partagée entre les professionnelles et professionnels de la santé et les adultes admissibles à la vaccination contre les VPH. Une équipe de scientifiques dirigée par Marc Brisson, professeur à la Faculté de médecine de l'Université Laval, a analysé le rapport coût-efficacité et l'efficience de cette stratégie. Leurs résultats montrent que cette approche vaccinale entraînerait des rapports coût-efficacité substantiellement plus élevés, soit moins favorables, pour la prévention des cancers liés aux VPH que chez la population de 26 ans et moins.
L'équipe a reçu du financement des Centers for Disease Control and Prevention (CDC) des États-Unis pour tester différents scénarios de vaccination grâce à un modèle mathématique de la transmission des VPH. Dans tous les cas, étendre le programme à l'autre tranche d'âge présentait un rapport coût-efficacité plus élevé. De plus, le nombre moyen de personnes devant être vaccinées pour prévenir un cas de cancer était nettement plus élevé pour les adultes de 27 à 45 ans que pour les plus jeunes, ce qui indique une efficience moindre.
«Nos projections suggèrent qu'avec la vaccination actuelle des 9 à 26 ans, un cancer lié aux VPH serait évité pour un peu plus de 200 personnes vaccinées, alors qu'il faudrait vacciner plus de 7500 adultes âgés de 27 à 45 ans pour prévenir un seul cancer dans le cadre d'une extension du programme», indique Jean-François Laprise, auteur principal de l'article et associé de recherche au Centre de recherche CHU de Québec – Université Laval.
Vacciner des sous-groupes d'adultes
Les résultats suggèrent toutefois que l'efficience et le rapport coût-efficacité s'améliorent lorsque la vaccination est limitée à des sous-groupes d'adultes présentant un risque plus élevé d'infection par le VPH et de maladies liées au VPH.
«Par exemple, en limitant la vaccination des adultes aux femmes ayant un plus grand nombre de partenaires sexuels, s'étant récemment séparées, et n'ayant pas fait l'objet d'un dépistage fréquent, nos projections suggèrent qu'on pourrait éviter un cancer pour près de 500 femmes vaccinées. La vaccination de ce sous-groupe entraînerait un rapport coût-efficacité près de 20 fois moindre que l'extension de la vaccination à tous les adultes de 27 à 45 ans», explique Jean-François Laprise.
«Les résultats de cette étude de modélisation peuvent contribuer à la prise de décision partagée entre les professionnelles et professionnels de la santé et les adultes envisageant la vaccination contre les VPH, ainsi que ceux présentant un risque accru d'infection», conclut l'auteur principal.
Un exercice similaire pourrait être fait pour obtenir des projections canadiennes.
L'étude a été publiée dans la revue scientifique Annals of Internal Medicine. Les signataires de l'étude sont Marc Brisson de l'Université Laval, Jean-François Laprise et Mélanie Drolet du Centre de recherche du CHU de Québec – Université Laval, et Harrell W. Chesson et Lauri E. Markowitz des CDC.