15 novembre 2024
Deux délégués de Jeunes diplomates Canada ont été sensibilisés aux inégalités et à la remondialisation
Une étudiante et un étudiant en relations internationales ont assisté comme observateurs à des séances publiques des assemblées annuelles du FMI et de la Banque mondiale à Washington, et de l'OMC à Genève
Charlotte Bernier et Émile Cloutier sont tous deux inscrits au baccalauréat intégré en affaires publiques et relations internationales de l'Université Laval. Cet automne, après avoir été sélectionnés par l'organisme Jeunes diplomates Canada, ils ont assisté comme observatrice et observateur à des séances publiques de l'assemblée annuelle de trois des plus grandes instances internationales. En octobre, l'étudiante s'est dirigée vers Washington pour assister à des panels du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale. En septembre, l'étudiant était à Genève, en Suisse, pour suivre les activités du forum public de l'Organisation mondiale du commerce (OMC).
«Notre délégation s'est promenée du siège du FMI aux bureaux de la Banque mondiale et vice-versa, raconte Charlotte Bernier. Nous avons assisté à des présentations faites par des gens super inspirants. Nous avons aussi rencontré des membres du personnel du FMI et de la Banque mondiale, notamment deux vice-présidents de la Banque mondiale.»
L'étudiante est en deuxième année du baccalauréat. Son séjour a représenté beaucoup de nouveautés pour elle. «Il a été mouvementé, dit-elle. J'ai été plongée dans un monde que je ne connaissais pas. Je me suis sentie accueillie, en particulier à la Banque mondiale. Les deux vice-présidents nous ont serré la main. Ils étaient curieux d'en apprendre sur nos parcours universitaires.» Selon elle, ces milieux sont plus accessibles qu'on ne le pense. «J'ai pu faire du réseautage, poursuit-elle, et avoir des conversations super intéressantes.»
Si les présentations du FMI étaient axées sur la macroéconomie et la stabilité de l'économie, celles de la Banque mondiale portaient beaucoup plus les moyens de réduire la pauvreté dans le monde. Il n'y avait pas de thèmes, mais la réduction des inégalités, en particulier les inégalités hommes-femmes, revenait régulièrement dans les panels. «Selon la Banque mondiale, soutient-elle, le PIB augmenterait de façon importante si les femmes des pays en développement étaient intégrées au marché du travail.»
La résilience économique en Ukraine
Le panel du FMI qui a le plus marqué Charlotte Bernier portait sur la résilience économique en Ukraine depuis l'invasion russe. Selon elle, un gouvernement, en temps de guerre, se doit de maintenir les services publics. «Un exemple, explique-t-elle, est celui de la sécurité alimentaire. Afin de s'assurer que l'agriculture continue malgré la guerre, il faut que les fermiers aient accès à des liquidités. Si les banques ne peuvent pas fournir ces crédits aux fermiers, il faut que le gouvernement prenne le relais afin de combler les manques. En d'autres mots, beaucoup de transparence des données est nécessaire pour que les gens de la société civile continuent à se sentir impliqués et qu'ils ne quittent pas le pays.»
Du côté de la Banque mondiale, l'étudiante a particulièrement aimé la présentation sur les jeunes filles d'Afrique subsaharienne. Les cinq panélistes, tous ministres de l'éducation dans cette région, ont échangé sur la façon d'assurer d'une meilleure éducation pour les jeunes filles. «Les panélistes, dit-elle, ont parlé de leurs réalisations, de ce qui fonctionne le plus. Ils ont aussi identifié ce qui représente un gros frein à l'éducation: les normes sociales de genre. Peu importe les sommes injectées dans le système, si la culture ne change pas, il va y avoir des problèmes. Autre chose: lorsque les jeunes filles tombent enceintes, elles quittent l'école. Comment les ramener?»
Durant son séjour, Charlotte Bernier a entendu parler de beaucoup de freins au développement. «Mais la volonté est là, affirme-t-elle. Les panélistes ont nommé les problèmes. Ils sont transparents et parlent des vraies choses.»
La remondialisation
«Le forum public, c'est un peu le moyen pour ouvrir les portes de l'OMC à la société civile», soutient Émile Cloutier.
Cette année, le forum avait pour thème «Remondialisation: un meilleur commerce pour un monde meilleur». Les participantes et participants aux divers panels ont réfléchi à la manière dont la remondialisation peut contribuer à rendre le commerce plus inclusif et à faire en sorte que ses avantages atteignent plus de personnes. Parmi les thèmes abordés, mentionnons le protectionnisme, le commerce inclusif, les enjeux de sécurité alimentaire et les enjeux environnementaux liés au commerce. «Et le moyen de refaire la mondialisation, ajoute l'étudiant. Parce qu'aujourd'hui, la mondialisation est très critiquée. Comment peut-on changer ces discours populistes qui mènent à du protectionnisme pour réouvrir les frontières?»
Les panels étaient généralement animés par des groupes de réflexion qui venaient présenter leurs résultats de recherche, expliquer leur expérience et comment il est possible d'améliorer la problématique de la «démondialisation».
Émile Cloutier a notamment assisté au panel sur le commerce inclusif. «Les panélistes, indique-t-il, ont échangé sur comment mieux mettre en valeur les communautés LGBTQ+ sur la scène internationale et comment travailler avec les États qui n'acceptent pas l'homosexualité, qui la considèrent illégale, en essayant de comprendre leur point de vue.»
La délégation canadienne a aussi rencontré des personnes haut placées. Nadia Theodore, chef de la Mission permanente du Canada à Genève, ambassadrice et représentante permanente auprès de l'OMC, était l'une d'elles. «On a parlé du rôle du Canada au sein des échanges internationaux, de l'avenir en matière de commerce et de ce qu'on peut faire pour améliorer les communautés plus rurales du Canada par le biais du commerce», souligne-t-il.
Cette première expérience du genre a été «vraiment fantastique» aux dires de l'étudiant. «Voir le lieu où travaillent les diplomates, être dans un lieu directement lié à mon champ d'études, je me sentais vraiment dans mon élément, explique-t-il. Discuter avec les gens d'économie internationale, être capable de comprendre la structure du système et quels sont les problèmes, ce fut vraiment une belle expérience.»